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Les Bourses mondiales entre soulagement et méfiance après la volte-face de Trump
Les Bourses mondiales hésitent jeudi entre fort soulagement et méfiance après le spectaculaire revirement de Donald Trump sur les droits de douane imposés au reste du monde à l’exception de la Chine, l’incertitude sur sa politique commerciale persistant.

En Europe, les principaux indices s’envolent après plusieurs séances de débâcle. Vers 12H00 GMT, la Bourse de Paris grimpait de 5,02%, celle de Francfort de 5,31%, Londres de 4,14% et Milan de 6,24%. La Bourse suisse décollait de 4,40%. A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur un bond de plus de 9%.
Les Bourses européennes et asiatiques suivent « l’euphorie de Wall Street » de mercredi, note John Plassard, analyste chez Mirabaud, provoquée par l’annonce du président américain d’une suspension pendant 90 jours des plus grosses taxes à l’importation contre des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l’Union européenne.
« Avec Trump empruntant temporairement une voie de désescalade, les marchés ont vivement rebondi », commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.
Wall Street se prépare pourtant à faire cavalier seul jeudi, avec des contrats à terme qui laissent présager une ouverture en nette baisse. La veille, les principaux indices de la Bourse de New York signaient pourtant leur meilleure séance depuis 2008.
La prudence n’a pas disparu, car la Chine fait figure d’exception notable dans la suspension des droits de douane américains. Donald Trump a même annoncé mercredi durcir les surtaxes visant Pékin en raison d’un supposé « manque de respect », les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant.
Pékin a quant à elle annoncé qu’elle allait réduire, « modérément », le nombre de films américains diffusés officiellement sur son territoire, une nouvelle mesure de rétorsion.
La Chine « reste un marché clé pour des entreprises comme Apple et Nike. Et sur ce front, la guerre continue », relève Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. « La prudence reste de mise », tempère ainsi Jochen Stanzl, de CMC Market, rappelant que « les droits de douane universels de 10% sont toujours en vigueur ».
L’or très demandé, le dollar et le pétrole reculent
Prédire le prochain volet de la guerre commerciale « est quasiment impossible », les Etats-Unis ayant totalement « dévié du scénario habituel », note Mme Ozkardeskaya, pour qui « les incertitudes vont persister ».
Signe que la nervosité des investisseurs est bien présente: l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, est à nouveau très demandé jeudi malgré un retour de l’appétit pour les actifs plus risqués, relève Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdow. « Les tensions persistantes avec la Chine et la perspective d’une inflation plus élevée sont deux moteurs de la demande », explique-t-il. Il avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de vendre pour essuyer leurs pertes en pleine débâcle boursière et tempête douanière. Vers 12H00 GMT, l’once d’or gagnait 1,30% à 3.122,96 dollars, tutoyant son record à plus de 3.167 dollars l’once.
Quant au dollar, il refluait jeudi, lâchant 1,11% face à la monnaie unique, à 1,1070 dollar pour un euro. Côté pétrole, les prix plient après les montages russes de la veille, également attentifs à « l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine », note M. Britzman.
Les deux premières économies mondiales sont également les deux principales consommatrices de pétrole. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 2,87% à 63,60 dollars, quand son équivalent américain, le WTI cédait 3,30% à 60,46 dollars vers 12H00 GMT.
La guerre commerciale a aussi fait trembler le marché de la dette américaine
« C’est la vente éclair de bons du Trésor américain ces derniers jours qui a finalement poussé Donald Trump à reculer sur sa stratégie commerciale », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, évoquant une « ligne rouge » franchie, « une pression telle qu’elle est devenue insupportable – même pour Trump ».
« Je surveillais le marché des obligations », a lui-même reconnu le président américain, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières « effrayaient un peu » les investisseurs.
Après la volte-face de Donald Trump, le taux d’emprunt américain à 10 ans s’est détendu. Il évoluait à 4,29% vers 12H00 GMT, contre 4,34% à la clôture mercredi.
