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Argent

Les banques cotées chèrement valorisées par les investisseurs

Leur niveau de valorisation est très élevé par rapport aux banques des autres pays. Les bons fondamentaux du secteur et le faible risque qu’il présente attirent les investisseurs et dopent les cours. Les titres de certaines banques sont relativement trop chers.

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Secteur bancaire marocain 2011 01 03

Les titres des banques marocaines cotées en Bourse sont chers et ce sont cette fois-ci les analystes de ces banques eux-mêmes qui le confirment. Dans une récente étude sectorielle élaborée par le département de recherche d’Attijari Intermédiation, on note que le secteur affiche des ratios boursiers et de valorisation parmi les plus élevés de la cote. Avec un multiple de bénéfices (PER, cours boursier rapporté au bénéfice par action) estimé pour 2010 à près de 27, il occupe la troisième place après le secteur de l’immobilier et celui des assurances, et il présente une surcote de plus de 16% par rapport au Masi. Et si on compare ses indicateurs de valorisation avec ceux des autres pays, on constate qu’ils sont tous très élevés au Maroc. En effet, le PER des banques cotées à Casablanca atteint les 27, alors que celui des trois premières banques des Emirats Arabes Unis se limite à 7, et le plus élevé parmi les pays de l’échantillon retenu par les analystes d’Attijari ne dépasse pas 16 (voir tableau). Pour le multiple des fonds propres (valeur de marché par rapport à la valeur comptable), il reste inférieur à 2,2 dans les pays du Golfe et en Afrique du Sud, alors qu’au Maroc, il est de 3,3. Quant au ratio capitalisation boursière / Produit net bancaire, il est de 5,4 au Maroc, sachant qu’il ne dépasse pas 1,6 en Afrique du Sud et 3,5 en Egypte.
Qu’est-ce qui a conduit à de tels niveaux de valorisation pour les valeurs bancaires, et pour quelle raison ? Cette situation présente-elle un risque pour les investisseurs ?
Notons d’emblée que même si les analystes affirment que le secteur bancaire coté est surévalué, ils estiment que la prime qu’il présente par rapport au marché est justifiée compte tenu de plusieurs éléments, notamment les performances enregistrées par l’indice bancaire, le poids du secteur dans la capitalisation boursière et dans la liquidité du marché ainsi que le profil de risque qui le caractérise.

BMCE Bank et le CIH sont les valeurs bancaires les plus chères

En effet, le secteur bancaire pèse près de 30% dans la capitalisation globale du marché, soit la première contribution sectorielle devançant les télécoms (23%) et les cimenteries (12%). Il confirme également sa position de premier acteur dans le dynamisme de la place boursière, puisque sa contribution dans le volume moyen quotidien échangé sur le marché central s’établit cette année à 17,3% (75 MDH), soit la première contribution devant l’immobilier (65 MDH) et les télécoms (44 MDH). Même en ce qui concerne les résultats de la cote, le secteur bancaire représente en moyenne 22,7% de la croissance bénéficiaire globale du marché sur la période 2005-2009, soit la deuxième plus forte contribution après le secteur des télécoms (32%).
En termes de risque, les analystes d’Attijari Intermédiation affirment que l’investissement dans les valeurs bancaires est moins hasardeux par rapport à la majorité des autres secteurs en raison du profil de risque statistique du secteur qui demeure inférieur à celui du marché. En effet, le bêta moyen du secteur en 2010 s’établit à 0,7. Les cours de ses valeurs évoluent donc avec une amplitude inférieure à celle du marché (le bêta du marché est défini comme étant égal à 1).
Fort de tous ces atouts, le secteur bancaire coté a vu son indice réaliser une performance de plus de 200% sur la période 2005-2008, contre 143% pour le Masi et 0,3% seulement pour l’indice MSCI des banques des marchés émergents. Et depuis janvier 2009, l’indice bancaire marocain affiche une performance de 15,4% contre  10,3% pour le Masi.
Ainsi, malgré tous les indicateurs de valorisation élevés du secteur bancaire coté, sa position au sein du marché boursier ainsi que les performances qu’il réalise justifient, aux yeux des analystes, les niveaux de cours qu’il affiche. Néanmoins, toutes les valeurs bancaires ne présentent pas les mêmes fondamentaux ni les mêmes opportunités de croissance en Bourse. Sur la base d’une valorisation par la méthode des multiples boursiers, il ressort en effet que seules deux banques ont des indicateurs élevés par rapport à la moyenne du secteur. Il s’agit en effet de BMCE Bank qui, selon Attijari Intermédiation, affiche une surcote (prime) de 35,6% par rapport à la moyenne des indicateurs du secteur, et du CIH qui dépasse légèrement cette moyenne (1,9%). En revanche, Attijariwafa bank et BCP présentent, elles, des décotes de 15,2% et 20,3%. La décote atteint même 32,7% pour Crédit du Maroc et 47,8% pour BMCI.