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La Bourse réagit timidement aux premiers résultats semestriels
31 sociétés ont publié leurs résultats au 25 septembre. 24 ont réalisé une hausse des bénéfices.
BMCE Bank, Lafarge Ciments et Wafa Assurance sortent du lot. Lesieur, Samir
et Lydec sont en nette baisse.
Le marché, influencé par la CGI et Addoha, n’a que faiblement
réagi aux publications.

A l’approche de la fin du mois de septembre, les dernières publications semestrielles des sociétés cotées commencent à tomber. Au 25 du mois, ce sont 31 établissements qui ont annoncé leurs résultats au 30 juin 2007, ce qui correspond à près de la moitié des valeurs de la cote casablancaise, hors sociétés ayant des exercices fiscaux à cheval entre deux années civiles. Il n’est donc pas encore possible d’analyser les résultats des six premiers mois de 2007 dans leur globalité. Néanmoins, une tendance générale s’est dessinée.
En gros, la majorité des sociétés ayant publié leurs résultats jusqu’au 25 septembre a réalisé un bon cru. En effet, 24 sociétés ont annoncé des bénéfices en progression par rapport à la même période de l’année précédente, contre sept seulement en recul.
De bonnes et de mauvaises surprises
L’évolution favorable a touché plusieurs secteurs de la cote. Les banques, les cimenteries, les sociétés de matériaux de construction, les sociétés informatiques, de distribution…, tous les établissements qui nous ont habitués chaque année à publier des résultats en progression ont été au rendez-vous. Il y a eu cependant certaines sociétés, et non des moindres, qui en ont surpris plus d’un parmi les professionnels du marché en annonçant des réalisations inattendues, ce qui mérite une analyse détaillée. Tel est le cas par exemple de BMCE Bank, Lafarge ciments et Wafa Assurance, qui ont fait état de résultats en nette évolution par rapport au premier semestre de 2006. En revanche, d’autres sociétés, comme Lesieur, Samir et la Lydec, ont dégagé des chiffres en net repli.
Pour BMCE Bank, la progression des agrégats a été vertigineuse. Le produit net bancaire (PNB) et le résultat net part du groupe ont évolué respectivement de 50% et 85% pour atteindre 2,6 milliards de DH et 882 MDH. Ce niveau de croissance laisse penser que la banque a passé un semestre exceptionnel en termes d’activité, surtout que le marché s’attendait à ce que les établissements bancaires publient des résultats très satisfaisants. Mais en réalité, ce ne sont que des revenus non récurrents qui ont porté les résultats de BMCE Bank à ce niveau. En effet, l’évolution spectaculaire du PNB est liée principalement à la constatation d’une plus-value de près de 700 MDH sur la cession de 5% du capital de BMCE à la banque ibérique Caja de Ahorros del Mediterraneo. Retraité de ce profit, le PNB ne progresse que de 10% en consolidé voire 5% à peine en comptes sociaux.
D’une manière générale, et depuis l’année 2005, la banque arrive à doper son résultat net par des plus-values non négligeables réalisées sur des opérations de restructuration du portefeuille de ses participations, ce qui ne constitue pas une rentabilité pérenne pour les actionnaires. Cela dit, les analystes estiment que, dès 2008, la structure des revenus de BMCE Bank s’équilibrera dans la mesure o๠sa politique d’ouverture d’agences, adoptée depuis 2006, commencera à donner ses fruits.
En ce qui concerne Lafarge Ciments, l’évolution des résultats a été aussi forte que celle réalisée par BMCE Bank. Cependant, dans le cas du cimentier, la croissance provient de l’activité principale. En effet, le chiffre d’affaires consolidé a progressé de 25% pour s’établir à près de 2,2 milliards de DH. Son résultat d’exploitation courant et son résultat net consolidé ont évolué de 55% et 56% pour s’établir à 1 milliard de DH et 710 MDH. Ces performances résultent de la combinaison de trois facteurs.
Le premier est lié à la croissance générale du marché (+18,5% par rapport au premier semestre 2006) qui a profité à tout le secteur.
Le deuxième facteur est relatif aux investissements de capacité de production réalisés à temps pour répondre à la croissance de la demande, ce qui a permis à Lafarge de réaliser une progression de ses ventes plus importantes que le marché, à savoir 21,6%. Enfin, le troisième facteur est l’amélioration des performances industrielles du cimentier qui lui ont permis de réaliser d’importantes économies grâce à la diminution des temps d’arrêt involontaires et de maintenance.
S’agissant de Wafa Assurance, tous les agrégats d’activité et de résultats ont connu une évolution à deux chiffres. Les primes émises ont enregistré une hausse de 42,4%, passant de 1,1 milliard à 1,6 milliard de DH grâce au bon comportement de l’ensemble des branches. Ainsi, la «vie» a vu ses primes progresser de 100% à 838 MDH, dépassant pour la première fois la «non-vie» dans la structure du portefeuille de la compagnie suite au développement de la bancassurance. De son côté, la «non-vie» a marqué une évolution satisfaisante de 9% grâce à l’animation des réseaux agents et courtiers et à la couverture des grands projets d’infrastructure.
Ces réalisations, conjuguées à une consolidation des marges dans la branche «vie» et à une clémence de la sinistralité dans la branche «non-vie», ont donné un résultat technique de l’ordre de 253 MDH, en hausse de 22,7%, et un résultat net de 247 MDH, en progression de 20,5%.
La flambée des prix des matières premières a impacté plus d’une société cotée
En ce qui concerne les sociétés qui ont enregistré de mauvaises performances au cours du semestre écoulé, on peut dire qu’en général la flambée des cours des matières premières sur les marché internationaux leur a été fatale.
En effet, Lesieur Cristal affiche un chiffre d’affaires en retrait de 6%, à 1,6 milliard de DH suite au recul des ventes à l’export de l’huile d’olive, en liaison avec la modeste campagne oléicole nationale. Son résultat d’exploitation a chuté de 32 MDH à 1 MDH en raison de la dégradation de la marge sur l’huile de table occasionnée par le renchérissement des cours des huiles brutes, notamment les prix des huiles de soja qui ont connu une hausse de plus de 40%. Ceci, combiné au recul des dividendes perçus sur les filiales, a généré un résultat net de 11 MDH contre 44 MDH pour le premier semestre 2006
Le raffineur de Mohammédia, la Samir, affiche également des réalisations semestrielles en dépréciation. L’activité a généré un chiffre d’affaires de 14,6 milliards de DH, en quasi-stagnation par rapport au 30 juin 2006, et un résultat net en retrait de 21%, à 208 MDH. Ces résultats décevants ont pour cause la volatilité des cours du baril du pétrole sur les marchés internationaux, qui a détérioré les marges de raffinage de la Samir. Les analystes, notamment ceux de BMCE Capital Bourse, recommandent à cet effet d’alléger les titres de la société dans les portefeuilles.
Enfin, pour le concessionnaire de services publiques à la cote, Lydec, la dégradation des résultats consolidés a été très importante même si son activité n’est pas liée à l’environnement international des matières premières. Son chiffre d’affaires a reculé de 51%, à 2,3 milliards de DH, son résultat d’exploitation de 66%, à 128,7 MDH, et son résultat net de 12%, à 73 MDH. La société n’a pas encore fourni de précisions quant aux raisons de cette contre-performance, mais l’on sait déjà qu’elle ne peut résulter que d’une baisse des volumes distribués ou d’un recul des marges de distribution.
Aucun impact significatif des résultats sur la Bourse
Tous les résultats publiés jusqu’au 25 septembre n’ont eu qu’un faible impact sur la Bourse de Casablanca. Des analystes de la place affirment que quasiment aucune annonce positive ne s’est traduite par la hausse des cours boursiers. En effet, le marché est inscrit depuis plusieurs séances dans une tendance baissière (recul de 5,6% entre le 5 et le 25 septembre), marquée par la domination de quelques valeurs, notamment celles du secteur de l’immobilier, ce qui n’a pas permis aux sociétés ayant publié des réalisations satisfaisantes de voir leurs cours boursiers progresser positivement. «Le marché est resté dominé durant plusieurs séances par un important volume qui passe sur la CGI et Addoha, malheureusement avec une tendance à la baisse, et l’on n’a observé que de faibles mouvements sur les autres valeurs. Quelques-unes, ayant publié des résultats en recul, ont vu leurs cours baisser. Pour celles qui ont annoncé de bons résultats, la hausse a été très faible, voire nulle», explique un trader de la place.
En effet, des valeurs comme Managem, Holcim, Brasseries du Maroc et Risma ont enregistré des baisses respectives de -3,6%, -2,7%,
-2,3% et -2,1% entre la date de publication de leurs résultats et le 25 septembre et ce, malgré l’annonce de résultats en croissance. C’est seulement pour Auto Hall, Fénié Brossette, Maghreb Oxygène et Cosumar que de légères hausses ont été observées après la publication des comptes. Elles sont respectivement de +11,5%, +8,6%, +3,9% et +2,7%. Enfin, Sofac Crédit, SMI, Lesieur Cristal et Crédit du Maroc ont enregistré des baisses respectives de -13%, -9,3%, -6,2% et -5,6% après l’annonce de résultats en repli.
En attendant que toutes les sociétés cotées publient leurs résultats, les professionnels du marché boursier espèrent que le comportement faussé par le poids des transactions sur les valeurs immobilières CGI et Addoha change et que l’annonce d’une croissance générale des agrégats de la cote ait un impact positif sur l’évolution des cours.
