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La Bourse de Casablanca réduit ses pertes, mais le marché reste sans profondeur

Le marché a ramené sa contre-performance de 17,5% à  12,7% en moins d’un mois, mais les volumes restent faibles. La rumeur sur Maroc Telecom et quelques opérations de marquage de cours expliquent ce rebond.

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Bourse casablanca 2012 11 21

Le marché boursier a repris des couleurs durant ces dernières semaines. Depuis le 19 octobre où le Masi affichait une contre-performance de 17,5% depuis le début de l’année, l’indice de toutes les valeurs cotées a inversé sa tendance. Il a gagné près de 5 points et a de ce fait réduit ses pertes à 12,7% en date du 13 novembre. Cela dit, les volumes, eux, son restés à un niveau bas. Ils s’établissent en moyenne quotidienne sur la période allant du 19 octobre au 12 novembre à 95,6 MDH sur le marché central contre 101 MDH depuis le début de l’année. Rappelons que la même moyenne des volumes traités une année auparavant a totalisé 132 MDH, soit un repli de 23,5%.

Ainsi, même si le marché s’est réorienté à la hausse, il manque toujours de profondeur car, comme le précisent les professionnels de la place, il n’y a aucune base fondamentale qui justifie cette tendance. L’un d’eux explique que «la hausse que connaît le marché ces derniers jours est simplement une reprise technique qui a été amplifiée par la rumeur de la cession par Vivendi de sa participation dans le capital de Maroc Telecom». En effet, la décision (non encore confirmée) de la vente par la maison mère de 53% du capital de l’opérateur historique des télécommunications a créé un mouvement intense sur la valeur. Les investisseurs, ayant anticipé un effet positif sur le cours, se sont positionnés de plus en plus sur le titre dans le but de le revendre à un cours supérieur une fois l’opération réalisée. D’ailleurs, le titre avait atteint un plus bas depuis le début de l’année de 93 DH le 18 octobre, pour afficher une baisse annuelle d’un peu plus de 31%. Il a ensuite amorcé un rythme ascendant, gagnant ainsi 12 points. En date du 12 novembre, la contre-performance du titre a été ramenée à 18,7%.

Il faut dire que si la rumeur se concrétise, le montant de la cession totaliserait pas moins de 4 milliards d’euros, ce qui établirait le cours dans une fourchette variant de 130 DH à 135 DH, ce qui a poussé les investisseurs à vouloir saisir le potentiel de croissance par rapport au cours actuel. D’ailleurs, la valeur pourrait encore gagner de 18% à 22,5% car son cours n’est actuellement que de 110,20 DH.
Dans ces conditions, le marché boursier dans sa globalité a été tiré vers le haut puisque Maroc Telecom pèse près de 20% de la capitalisation globale de la cote.

Parallèlement à l’euphorie créée par la rumeur de Maroc Telecom, un gestionnaire de la place évoque le phénomène de «marquage des cours» entamé notamment par les investisseurs institutionnels. Selon lui, ce type de transactions a débuté cette année plutôt que prévu et concerne pour l’instant la valeur CGI et dans une moindre mesure BMCE Bank et Addoha. L’objectif recherché derrière est de revaloriser les portefeuilles avant la clôture de l’exercice et équilibrer ainsi le cours moyen pondéré sur les valeurs détenues pour des fins de valorisation. Cette opération n’est en fait qu’un jeu comptable dont le but est d’éviter la constatation de provisions sur les placements dans les actions en raison de la baisse du marché.
Pour leur part, les particuliers sont toujours absents et préfèrent ne pas couper leurs positions vu l’ampleur des pertes qu’ils pourraient réaliser, encore moins se positionner sur d’autres valeurs puisque règne une situation de manque de visibilité quant à leur évolution.

Quoi qu’il en soit, cette hausse ponctuelle du marché peut-elle augurer d’une reprise durable ?

En fait, les professionnels du marché ne s’attendent pas à une reprise pérenne dans l’immédiat. Autrement dit, la seule information qui alimente les transactions sur la valeur Maroc Telecom finira par être consommée. Par conséquent, une fois que l’opération sera confirmée, ou le cas échéant démentie, le marché devrait replonger dans son état d’agonie.

Toujours est-il, «comme le marché est en manque de catalyseur majeur pour renouer avec la croissance, cette information vient à point nommé pour dynamiser la place, ne serait-ce qu’au niveau de la réduction des pertes», souligne un analyste. Pour rappel, il y a quelques jours, les analystes avaient prévu que le marché pourrait finir sur une baisse de l’ordre de 22%. Actuellement, en introduisant l’effet Maroc Telecom dans leurs projections ainsi que les conséquences des opérations d’aller-retour et de marquage de cours d’ici la fin de l’année, les analystes estiment que le marché devrait gagner de 2 jusqu’à 4 points supplémentaires. Du coup, l’indice de toutes les valeurs devrait ramener sa contre-performance annuelle dans une fourchette allant de 8% à 10%. Seulement, «cette amélioration se réalisera dans l’absence d’importants volumes, excepté ceux relatifs aux opérations de fin d’année, ce qui altérera davantage la liquidité de la place», se désole notre source.
Ce qui pousse certains professionnels à revenir sur la nécessité de provoquer un «électrochoc» en bourse via une grosse introduction, d’accélérer les réformes réglementaires et de revoir les incitations fiscales…