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Ces valeurs qui restent chères malgré la baisse du marché boursier
BMCE Bank, CGI, Taslif, Managem, Lesieur, Sonasid, Label’Vie… Une quinzaine de valeurs affichent des niveaux de valorisation qui vont jusqu’à 60 fois les bénéfices.
Le marché boursier casablancais a reculé de 12,8% en 2011, et plusieurs valeurs cotées ont enregistré d’importantes baisses allant jusqu’à -70%. En 2008 et 2009 également, l’indice de la place s’est inscrit en retrait (-13,5% et -4,9% respectivement) avant de se reprendre en 2010 suite à l’opération de retrait des mastodontes Ona et Sni. Compte tenu de cette tendance, la valorisation du marché, mesurée par le PER (capitalisation boursière rapportée aux bénéfices des sociétés cotées) a considérablement baissé. Elle est passée de près de 30 fois les bénéfices durant les années fastes du marché (2006 et 2007) à 17,3 fois les bénéfices actuellement. Elle s’établit même à 15,4 fois les bénéfices attendus au titre de l’année 2012, sur la base des cours boursiers du 24 février.
Cela dit, même si la valorisation globale du marché est revenue à un niveau plus raisonnable, certaines valeurs continuent d’être surévaluées. Quelques-unes d’entre elles traitent actuellement à 30 fois leurs bénéfices et même à 40 voire 60 fois. Ce sont ces valeurs qui maintiennent la moyenne du marché à son niveau actuel, jugé toujours élevée par rapport aux autres places boursières comparables. Cette situation s’explique, selon les cas, par plusieurs facteurs.
Certaines valeurs restent chères parce que leurs cours avaient sensiblement augmenté durant les années fastes. Elles avaient atteint un niveau de valorisation tellement élevé qu’il le reste toujours malgré la baisse du marché durant ces dernières années. Pour d’autres, ce n’est pas l’évolution du cours qui explique leur niveau de valorisation, mais celle de leurs résultats. En effet, plusieurs sociétés cotées ont vu leurs bénéfices fortement baisser avec la conjoncture nationale et mondiale actuelle, ce qui a mécaniquement augmenté leur niveau de valorisation étant donné que leurs cours n’ont pas suivi la même tendance. D’autres valeurs encore ont fait l’objet d’achats massifs de la part des investisseurs, même si le contexte global est marqué par l’inquiétude et l’attentisme, en prévision de résultats futurs en forte augmentation.
Avec un PER de 27,4, la CGI est toujours la plus chère des valeurs immobilières
Ainsi, dans le secteur bancaire, c’est BMCE Bank qui sort du lot avec un PER de 27,6 contre moins de 20 pour toutes les autres banques cotées. La valeur a historiquement été surévaluée et il faut savoir que son cours a sensiblement baissé avec la crise. Son PER était même supérieur à 40 en 2010.
Parmi les compagnies d’assurances, Atlanta est la plus chère mais son multiple de bénéfices reste relativement correct. Il est de 17,7 contre une moyenne sectorielle de 16,2. Cette situation s’explique par la baisse des résultats de la compagnie suites aux contre-performances enregistrées sur le marché actions durant ces dernières années.
Dans les activités de financement, Taslif arrive en tête avec un PER de plus de 40 fois les bénéfices. Une situation exceptionnelle qui résulte du poids des provisions pour créances en souffrance constatées en 2010 ainsi que du coût de l’absorption de la société Salaf qui détenait plusieurs actifs à risque. La société a dégagé un déficit de 90 MDH en 2010 et devrait redresser graduellement sa situation à partir de 2012. Sofac, qui traite à 20,8 fois ses bénéfices estimés pour 2012, est dans la même configuration que Taslif, la société ayant comptabilisé de lourdes provisions en 2010 et procédé à une refonte de son système de management pour remonter la pente. Quant à Maroc Leasing (20,2 fois les bénéfices), elle figure parmi les valeurs chères du secteur suite à un changement de méthode de comptabilisation des dotations aux amortissements qui a réduit le niveau de son bénéfice en 2010.
Parmi les sociétés immobilières, c’est toujours la CGI qui affiche le niveau de PER le plus élevé (27,4). Comme pour la BMCE, la filiale de la CDG a été historiquement surévalué suite à l’engouement des investisseurs pour les valeurs immobilières en 2006 et 2007. Son PER avait même atteint 140 avant de chuter suite à la baisse de son cours compte tenu de la réalisation de résultats inférieurs aux attentes ces dernières années.
Dans les mines, Managem traite à 24 fois ses bénéfices 2012. Un niveau élevé mais qui se justifie par l’engouement des investisseurs pour la valeur en 2011, ces derniers anticipant de forts bénéfices suite à la flambée des cours des métaux à l’international.
Pour l’agroalimentaire, secteur historiquement défensif et évoluant en Bourse à un rythme modéré, Lesieur Cristal fait l’exception en affichant un PER de plus de 60 au titre de 2012. La société a été lourdement impactée par la hausse des prix des matières premières et la concurrence que subit l’huile de table de la part de l’huile d’olive. Elle a dégagé un déficit au titre du premier semestre 2011 et devrait réaliser un bénéfice en chute de 90% sur toute l’année par rapport à 2010. Dans une moindre mesure, Centrale Laitière (22,3) est en proie à la même flambée des prix des matières premières.
Dans les matériaux de construction, Sonasid traite à 32 fois ses bénéfices 2012. La société avait dégagé un déficit en 2010 suite à un marché en surcapacité par rapport à la demande et à une recrudescence de la concurrence. Sa situation devrait s’améliorer graduellement en 2012.
Enfin, Label’Vie, seule représentante du secteur de la grande distribution, affiche un PER de 25,7. Son cours a fortement augmenté suite au partenariat signé avec Carrefour et compte tenu de son ambitieux programme d’ouverture de nouveaux points de vente, deux éléments qui devraient doper fortement ses bénéfices dans les prochaines années.
