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BCP : Deux milliards pour les banques régionales

Quatre Banques populaires régionales ont cédé une partie de leur participation dans la Banque centrale populaire. Cette reconfiguration programmée de l’actionnariat devrait se poursuivre.

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Lancée en 2020, la réforme du Crédit populaire du Maroc (CPM), entité qui regroupe la Banque centrale populaire et les 8 banques populaires régionales (BPR), se poursuit. L’une des mesures phares de cette réforme consiste à diluer, progressivement, la participation des BPR dans le capital de la Banque centrale populaire (BCP), pour la faire passer de 51 à 34% (niveau qui assure la minorité de blocage), à travers des cessions d’actions. Dans le même temps, la BCP continuera de détenir 51% du capital des BPR à travers des participations croisées.
Cette reconfiguration a connu un coup d’accélérateur cette semaine : quatre BPR ont franchi à la baisse le seuil de participation de 5% dans le capital de la BCP. Selon les communiqués publiés par l’AMMC, le gendarme du marché, ce sont plus de 8,68 millions d’actions (4,5%) qui ont été cédées par les BPR de Nador-Al Hoceima, Marrakech-Beni Mellal, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan, au prix de 234 dirhams, soit un montant global de 2,03 milliards de dirhams. Les acquéreurs de ces titres sur le marché de blocs ne sont autres que la CIMR, la MAMDA et la MCMA, également actionnaires de la BCP, qui se renforcent par la même occasion dans le capital de la banque au cheval.

Remonter du cash
Cette cession intervient près de trois mois après une opération similaire, réalisée par trois autres BPR, à savoir celle de Kénitra, du Centre Sud et d’Oujda. Là encore, plus de 8 millions de titres BCP avaient alors changé de main au profit d’autres actionnaires institutionnels du groupe, pour un montant avoisinant 2 milliards de dirhams. A l’issue de ces opérations, chacune des BPR précitées détient désormais une participation inférieure à 5% dans le capital de la BCP.
Cette reconfiguration de la structure actionnariale de la BCP entre dans le cadre de la réforme du Crédit populaire du Maroc, un chantier initié par le ministre des Finances de l’époque, Mohamed Benchaaboun, et qui s’est concrétisée par l’adoption de la loi 32-20. Celle-ci poursuit essentiellement deux objectifs : renforcer l’institutionnalisation du tour de table de la BCP et accroître les fonds propres du groupe bancaire.
Au final, les 17% de participations que les BPR sont amenées à céder doivent leur permettre de remonter du cash et de dégager des marges de fonds propres supplémentaires pour le groupe en consolidé. De quoi augmenter la force de frappe financière et la capacité à distribuer des crédits du groupe bancaire panafricain implanté dans une trentaine de pays à travers le monde.

Les BPR, un modèle singulier

Le modèle des BPR est singulier à bien des égards. Structurées sous forme de coopératives, à Directoire et à Conseil de surveillance, elles ont un mode d’organisation unique au sein du système bancaire national, dans la mesure où les clients sont également des sociétaires, détenteurs du capital des BPR. Elles fonctionnent ceci-dit comme un établissement de crédit classique, habilité à effectuer toutes les opérations de banque dans leurs circonscriptions territoriales. Elles contribuent de ce fait au développement de leur région par le financement de l’investissement et la bancarisation. Un ancrage qui leur permet d’être un levier du Crédit Populaire du Maroc dans la collecte de l’épargne, domaine où le groupe est leader au Maroc.