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Une start-up tangéroise veut transformer les déchets plastiques en revêtements pour sol

Zelij compte utiliser les bouteilles, sacs et films en plastique rejetés par les ménages et l’industrie pour fabriquer des pavés, du carrelage et du zelij traditionnel. Les solutions de l’entreprise se veulent aussi durs et durables que les produits en béton pour un coût divisé par trois.

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Zelij

Ce pourrait être le début d’une belle success story. Zelij, une start-up créée en janvier dernier à Tanger, a eu la bonne idée d’utiliser du plastique recyclé pour fabriquer des pavés, du carrelage et du zelij traditionnel. Le procédé mis au point par la jeune entreprise consiste à mélanger des déchets plastiques avec d’autres matériaux, notamment du sable et du ciment, pour obtenir une pâte homogène qui est moulue et à laquelle on donne la forme souhaitée. «Le plastique agit comme liant entre les différents éléments de base et il donne aux produits les mêmes caractéristiques de dureté et durabilité que les solutions conventionnelles», renseigne Saif Eddine Laalej, patron de la jeune entreprise, qui la vingtaine à peine entamée, semble avoir déjà bien peaufiné son argumentaire commercial. Ce futur lauréat de l’Ecole nationale de commerce et de gestion de Tanger affirme que ses produits, qui devraient être commercialisés entre 40 et 80 DH/m2, sont trois fois moins chers que la concurrence. Le secret de ce tour de force: les revêtements de Zelij, composés à 70% de plastique, utilisent 85% de ciment de moins que les produits en béton. 

LafargeHolcim Maroc séduit par l’innovation

Avec de tels arguments, la start-up, qui s’est fait remarquer lors de la COP22 tenue en novembre dernier à Marrakech, est rapidement parvenue à séduire des clients. Zelij, qui ne proposera dans un premier temps que des pavés autobloquants (revêtement à usage extérieur), a en effet enregistré des commandes de la part de particuliers et de promoteurs immobiliers, sachant qu’elle inclut aussi dans son champ de prospection les distributeurs de produits de revêtements de sol. La start-up a même attiré l’attention du cimentier LafargeHolcim Maroc qui a choisi d’exposer les produits de cette entreprise au sein de son centre d’innovation flambant neuf, à Casablanca.

Les livraisons ne commenceront cependant qu’en mai prochain, le temps pour la start-up de mener des tests de conformité sur ses solutions en matière de densité, dureté, résistance au feu… «Ceux-ci sont exigés par la clientèle, sachant qu’il n’y a pas d’obligation par ailleurs d’obtenir une quelconque certification pour autoriser la commercialisation», renseigne le patron de Zelij. L’entreprise doit aussi au préalable enregistrer sa marque. La start-up pensait également breveter son procédé technique, mais elle y a renoncé. «Cela représente un investissement conséquent sans réelles garanties de résultat», justifie M. Laalej. Les possibilités de brevetage offertes au Maroc permettent de protéger la seule liste des composants sans leur dosage, détaille-t-il. «De fait, il sera impossible d’opposer notre brevet à quiconque copie notre formule et en modifie juste les dosages», explique le start-uper. L’entreprise n’abandonne pas pour autant l’idée de protéger son procédé; l’ambition est de le faire à terme à l’étranger «où le champ de la protection par brevet est plus pointu».   

100 tonnes de déchets à recycler par mois

En revanche, en termes de production, la start-up est déjà parée. «Nous avons loué une unité de production à Tanger d’une capacité de 3000 m² par mois», informe M. Laalej. L’entreprise, qui a bénéficié de l’appui de 4 incubateurs, et qui ne s’est financée jusqu’à présent que grâce à des prix et subventions décrochées au Maroc et à l’international, a aussi pris ses dispositions pour se fournir en déchets de plastique, ce qui est moins évident que ce que l’on pourrait croire. Zelij, qui compte incorporer dans ses produits essentiellement des emballages en plastique (bouteilles, sacs, films…) rejetés autant par les ménages que les industriels, estime son besoin mensuel actuel à plus de 100 tonnes de déchets. Ceux-ci doivent être triés car l’entreprise ne peut par exemple utiliser du plastique contenant du chlore, qui une fois transformé devient toxique. Pour subvenir à ces besoins la start-up négocie plusieurs partenariats avec des centres et associations de collecte et tri de plastique. Elle a aussi mis sur pied son propre réseau de collecte. «Ces sources d’approvisionnement nous suffisent au démarrage mais nous devrons développer notre propre réseau de collecte par la suite pour accompagner la montée en régime de la production», explique M. Laalej. La start-up a l’objectif ambitieux de parvenir à une capacité de production de 40000 m² par mois d’ici 2020, de quoi apporter son écot au recyclage du plastique dont plus de 300 millions de tonnes sont rejetés par an dans le monde.