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TPME, ces alternatives au financement bancaire qui ne décollent pas

• Crowdequity, business angels, Crowdlending, il est temps d’activer ou de renforcer ces solutions.
• Le Fonds Mohammed VI d’investissement fera en sorte de traiter la problématique des fonds propres des entreprises.

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TPME, ces alternatives au financement bancaire qui ne décollent pas

Le nombre de défaillances des TPME va fatalement exploser en 2020 et 2021. Les observateurs tablent sur un record, sans pareil, de 10.000 annuellement et s’attendent à des liquidations en masse.
Avant et même pendant la crise sanitaire, il est tentant d’attribuer cette forte hausse des défaillances aux difficultés que rencontrent ces entreprises dans leur accès aux financements et, plus particulièrement, au crédit bancaire. Mais depuis plusieurs années déjà, ces entreprises de petite et de moyenne taille cumulaient les difficultés : retards de paiement et insuffisance des carnets de commande, voilà ce qui a aggravé les cas de défaillance et qui a induit aujourd’hui à une crise économique. La distinction entre détresse économique et détresse financière est essentielle : Soutenir des entreprises qui ne sont pas économiquement viables serait une perte pour le contribuable. Laisser mourir des entreprises viables parce que le système financier est déficient au moment où elles ont besoin de lui serait un gâchis économique. Mais en pratique, la distinction entre les deux cas de figure n’est pas toujours aisée et l’entrepreneur sera naturellement porté à mettre en avant des difficultés de financement plutôt qu’un problème de viabilité.
En tout cas, si on se penche sur ce volet de financement qui tourmente beaucoup d’entreprises, c’est surtout la non diversification des moyens de financement qui continue à causer problème au Maroc. S’agissant du financement bancaire, les banques sont plus actives depuis l’appel royal aux banques pour la facilitation de l’accès au financement. Les offres se multiplient (Damane Intelak, Damane Intelak Al Moustatmir Al Qarawi, Start-TPE…) et sont très prisées depuis la pandémie. Mais le financement classique à lui seul ne peut pas satisfaire les besoins de plus de 95% du tissu économique (poids des TPME), dont la plupart ont un chiffre d’affaires qui ne dépasse pas 3 MDH, et qui présente un profil risque élevé. Dans le contexte actuel, d’autres moyens de financement plus adaptés aux différents cycles de vie de ces entreprises sont plus que jamais sollicités.

Le Crowdlending pour remplacer ou compléter un crédit bancaire
C’est le cas du Crowdfunding par exemple qui est quasiment au point mort depuis son lancement en 2014. Seules deux plates-formes ont survécu aujourd’hui (Cotozi et Wuluj). Les levées, principalement sous forme de dons, se font au compte-gouttes pour des montants faibles. Il faut dire que la tant attendue loi 15.18 votée en février 2020 impose des conditions assez contraignantes au développement de cette pratique par les plates-formes dédiées, notamment un capital social minimum de 300.000 DH, une politique de prévention et de réduction des risques très poussée. Et une obligation de désigner un commissaire aux comptes «chargé d’une mission de contrôle et de suivi des comptes de ses activités de financement collaboratif». Bref, tout un dispositif à mettre en place par la plate-forme, alourdissant son rôle d’accompagnateur de projets. Pour les TPME, c’est une composante du Crowdfunding qui s’avère particulièrement intéressante: Le Crowdlending constitue une bonne alternative ou un complément idéal du crédit bancaire. Il n’est pas du tout développé au Maroc, pourtant il connaît un succès fulgurant ailleurs malgré les taux très bas proPposés par les banques européennes, le Crowdlending a su trouver sa place. Comment ça marche ? Le process est simple et rapide surtout. Après avoir réalisé une analyse financière approfondie de l’entreprise emprunteuse, les fonds sont récoltés sur la plate-forme digitale auprès d’une communauté d’investisseurs privés, et libérés sous une dizaine de jours. N’exigeant aucune garantie en contrepartie, les taux de crédit qu’il pratique demeurent légèrement supérieurs à ceux des banques. Les fonds levés en Crowdlending peuvent faire fonction de fonds propres et permettre ainsi d’obtenir plus facilement des co-financements bancaires.
Une autre déclinaison tout aussi intéressante du Crowdfunding est le crowdequity. Une collecte sur une plateforme de financement participatif implique une large communication autour de l’entreprise. Parmi les atouts forts de ce moyen de financement est qu’au-delà des fonds levés, l’entreprise crée une véritable communauté autour de son projet. C’est également un moyen pour elle de tester le succès du produit ou service proposé. Si les particuliers investissent dans l’entreprise, c’est qu’ils y croient.

Quid des business angels ?
Cette communauté qui pourrait faire la différence dans la vie des TPME est malheureusement très petite au Maroc. Le profil type d’un business angel marocain est un entrepreneur ou un chef d’entreprise qui cherche à investir et accompagner une jeune entreprise. Les montants investis par business angel sont d’un maximum de 500.000 DH par paliers de 50.000 ou 100.000. Les tickets peuvent atteindre 250.000, 500.000 et au maximum 1 MDH. Bien sûr, l’accompagnement des entreprises innovantes et les fonds apportés ne payent pas systématiquement. Le risque de casse est intrinsèque au milieu et l’investisseur se doit d’accepter de perdre de l’argent. La culture du «business angel» est embryonnaire, l’amorçage et la levée de fonds privés est très faible, contrairement à d’autres pays émergents comme la Tunisie qui en 5 ans a pu développer ce créneau, grâce notamment à l’instauration d’une réglementation incitative et une promotion de l’entrepreneuriat de manière positive auprès des citoyens et de la diaspora.