Affaires
Tourisme : L’espoir d’une reprise imminente amenuisé par les prévisions
• L’ouverture partielle des frontières et la déclaration relative aux salariés éligibles à l’indemnité Covid-19 a apporté un brin d’espoir.
• Globalement, les arrivées touristiques baisseront d’environ 70% en 2020 au Maroc.
• La baisse des recettes en devises estimée à 60% au cours de la même année.

On est presque tenté de dire que le tourisme national verra bientôt le bout du tunnel. Mais les données officielles et les prévisions de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sont de mauvaise augure et aucune reprise n’est à prévoir dans un futur proche. En tout cas, pas avant fin 2021. C’est ce que les professionnels, eux-mêmes, n’ont eu cesse de répéter. Dans le détail, la décision de la CNSS concernant la déclaration, à partir du 8 septembre, des entreprises du secteur touristique de leurs salariés éligibles à l’indemnité spéciale Covid-19 a trouvé un écho favorable chez ces opérateurs. Encore faut-il que cette indemnité profite à l’ensemble des travailleurs dans le secteur touristique.
De même, depuis le 6 septembre, les ressortissants étrangers, non soumis à la formalité du visa, peuvent se rendre au Maroc sur simple présentation d’une réservation d’hôtel, ou d’une invitation d’une entreprise, et d’un test PCR valide. Cette décision, prise par le ministère des affaires étrangères, suite à une demande de la CGEM, a été accueillie «avec une grande satisfaction» par la Confédération nationale du tourisme (CNT). Il est évident que cette mesure n’aura pas d’effet automatique sur les arrivées, mais la réaction de la CNT montre à quel point la situation est devenue intenable pour le tourisme national. En tout cas, la CNT plaidait depuis des mois pour «une réouverture des frontières, pour favoriser la reprise de l’activité touristique dans notre pays, dans un contexte économique mis sous pression par la crise sanitaire», comme le précise un communiqué signé par le président Abdellatif Kabbaj et publié le 6 septembre. Et d’appeler à une mobilisation générale. «L’ensemble des professionnels du tourisme doivent assurer aux visiteurs étrangers les meilleures conditions d’accueil et de séjour, dans le strict respect des mesures sanitaires». Si le ton est optimiste, les prévisions sont loin de l’être.
Les prévisions de l’Organisation mondiale du secteur
Les estimations de l’Organisation mondiale du tourisme poussent la baisse des flux touristiques mondiaux jusqu’à 80% en 2020. Dans un scénario plus positif, ce pourcentage ne descend pas en dessous de 60%. La chute des arrivées touristiques dans ce dernier scénario n’est pas aussi drastique que dans le premier, mais elle est toujours catastrophique. Parallèlement, la dégringolade des déplacements touristiques entraînera une perte d’environ 1000 millions de dollars, ce qui correspond à une baisse de 60%, comparé à 2019. Au Maroc, les données officielles parlent d’une baisse globale de 69% des arrivées touristiques cette année. Pour ce qui est des recettes en devises et des pertes d’emplois, les estimations sont tout aussi effrayantes : respectivement moins de 60% et moins de 50%. Qu’en est-il de 2021? Compte tenu des données relatives à 2020 et exposées plus haut, il est difficile de croire que la reprise se fera aussitôt l’année écoulée. De plus, l’évolution incertaine de la crise pandémique rend toute estimation impossible. En d’autres termes, les experts ne se prononcent pas sur la date de reprise, mais elle ne sera pas de sitôt, quoi qu’il en soit.
La dynamique du tourisme local avortée
Pendant le confinement, une dynamique autour du tourisme national a été amorcée, avec l’Office national marocain du tourisme et les régions comme locomotives. Suite à plusieurs décisions officielles rendant incertaine toute mobilité entre les régions, cette dynamique a été avortée au grand dam des opérateurs touristiques. De toutes les manières, on n’entend plus parler de ce projet. Au début du déconfinement, certaines régions et villes comme Marrakech ont commencé à accueillir les locaux, mais la tendance s’est vite essoufflée. Résultat, le taux d’occupation dans les établissements classés de la ville ocre n’a pas dépassé 10% au mois d’août. Dans les établissements non classés, on ferme tout simplement boutique jusqu’à nouvel ordre. Pour mémoire, les arrivées touristiques au Maroc se sont repliées de 63% au premier semestre 2020. Le nombre des nuitées comptabilisées dans les établissements d’hébergement classés a également chuté de pas moins de 59%, avec une baisse drastique de 97% en juin.
