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Souss-Massa, la pépinière du Royaume

Les pépinières maraîchères de la région produisent plus de 80% des plants cultivés au Maroc et génèrent des milliers d’emplois. Mais le secteur demeure très dépendant des marchés extérieurs.

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La pépinière maraîchère est aujourd’hui un chaînon essentiel dans le processus de production de nos produits potagers. Avec le développement des cultures sous-abri, le métier de producteur de plants s’est professionnalisé au Maroc. Aujourd’hui, la majorité des producteurs, en quête de productivité, s’approvisionnent en plants prêts à l’emploi auprès des pépinières spécialisées. La production de plants greffés nécessite, en effet, une certaine technicité et présente bien des avantages. «Le greffage s’est imposé pour faire face aux problèmes phytosanitaires et produire des plants à haut rendement. C’est plus sécurisé pour le producteur», souligne Ahmed Afqer, directeur du domaine agricole Sirwa. Pour répondre aux exigences des clients, les pépinières professionnelles ont atteint aujourd’hui un grand degré de perfectionnement, d’organisation et d’hygiène. C’est dans le Souss-Massa que se trouvent les plus grandes pépinières du Royaume. La région produit près de 90 millions de plants de tomates par an, à travers une quinzaine de pépinières agréées, dont cinq des plus grandes et des plus importantes du pays, s’étalant sur plus de 70 ha. Toutes tailles confondues, les pépinières maraîchères de cette zone produisent plus de 80% des plants du Royaume. En outre, leurs produits sont exportés en Mauritanie et certaines multinationales leur sous-traitent la production de pieds de framboisier, des plants qui provenaient à 100 % d’Espagne il y a quatre ans.

La filière est inquiète…
L’activité est génératrice d’emplois : elle compte plus de 5.000 travailleurs dans la région et lors du pic d’activité estivale, la main-d’œuvre atteint 15.000 postes. Les grandes pépinières de la filière se distinguent aussi par leur technicité et leur technologie de pointe. Le domaine agricole Sirwa, implanté dans la localité de Sidi Bibi dans le Souss, est un exemple en la matière. Ses méthodes de travail sont certifiées GSPP (Good Seed & Plant Practices). Un label qui implique de produire des plants exempts de maladies et ainsi éviter de graves pertes qualitatives et quantitatives dans la production des cultures. Mais cette activité, fort porteuse économiquement, reste encore dépendante des marchés extérieurs. Toutes les semences utilisées sont importées, d’où l’intérêt d’investir dans la R&D pour devenir autonome en la matière. En attendant, ces intrants sont aujourd’hui impactés par l’inflation.
En outre, la filière est aujourd’hui perturbée par la TVA qui grève l’importation des semences. Ce qui risque de se répercuter sur les coûts de production à travers l’augmentation du prix de la semence. «Les maisons grainières refusent de ne pas facturer à leurs clients ce surcoût à l’importation sans production d’exonération à la TVA», justifie un agriculteur. La filière est aujourd’hui aussi inquiète par l’arrêt imposé à l’exportation de la tomate pour mieux alimenter le marché local en cette période de forte consommation. «Dans ce contexte, si le cycle d’exportation est freiné, beaucoup de producteurs risquent de se détourner de la culture de la tomate ronde, car l’export constitue une source importante de rentabilité pour la filière», explique un acteur du secteur.Les entraves actuelles perturbent aussi la visibilité des commandes de plants à venir. Il faut – du semis à la livraison – 52 jours pour produire des plants prêts à l’usage chez le producteur. Pour produire des plants en 40 jours, l’investissement dans des serres multichapelles climatisées est nécessaire mais le coût de ces technologies reste très onéreux : 100 MDH par hectare. Un investissement que les pépiniéristes disent ne pas pouvoir supporter sans subvention et accompagnement.