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La coopérative, une barrière contre la pauvreté et le changement climatique
Les coopératives s’appuient sur le principe de solidarité pour promouvoir le développement socioéconomique. Leur mission est, entre autres, de garantir des emplois durables, assurer la prospérité collective et contribuer à un avenir plus viable et équitable.

La plupart de ceux qui souffrent de pauvreté et de faim dans le monde vivent dans les zones rurales. Pour cette catégorie la principale activité et l’unique source de revenus vient du secteur agricole, incluant la production agricole, la foresterie, l’élevage et la pêche. Les coopératives se sont avérées comme un moyen efficace d’assurer l’inclusion financière d’un grand nombre de populations, majoritairement féminine, notamment des personnes issues des zones rurales et enclavées. Basés sur des principes de solidarité, d’épanouissement personnel et de durabilité, les projets de coopératives constituent un bon moyen d’intégrer les femmes dans le développement économique de leur localité et contribuent ainsi à l’amélioration de leur statut et de leurs conditions sociales.
Renforcement de l’autonomie des femmes rurales
Préserver l’environnement tout en assurant un développement économique et social est l’objectif même de la durabilité, mais également celui des coopératives féminines : «Cette activité nous a permis de devenir indépendantes, d’avoir une activité génératrice de revenus qui nous affirme dans notre entourage et dans la société, et de prouver que la femme rurale représente un acteur économique et social considérable», affirme Mme Rabia Marzouk, présidente de la coopérative féminine Soukaina des produits de terroir à Taliouine. Et de poursuivre, «c’est une expérience très marquante pour nous. On peut désormais accéder au monde des affaires, et on est moins dépendantes du portefeuille de nos maris. Sans oublier que les formations, les salons professionnels et toutes ces activités extérieures ont un impact très positif sur notre vie et celle de notre entourage et nous permet de nous épanouir dans l’exercice d’une activité rémunérée et solidaire». La coopérative Soukaina s’occupe de la production et la commercialisation des produits de terroir tels que le safran, le miel, les amandes et dérivés, les huiles végétales, couscous, produits cosmétiques naturels et les plantes aromatiques.
Pour Mme Nezha Aktir, présidente de la coopérative féminine Tifaout de Taroudant, spécialisée dans la production et la commercialisation de l’huile d’argan et ses dérivés, «la création de la coopérative a permis l’accès à un revenu décent pour les 70 femmes membres, ce qui améliore nettement leur situation financière, et à travers elles, la situation de leurs familles». La production est certifiée bio, la matière première est certifiée IGP, sans pesticides ou engrais synthétiques, ce qui est très bénéfique pour l’environnement. Initialement, l’argan était produit d’une manière traditionnelle. Par la suite, et au fur et à mesure que la clientèle grandissait, la coopérative a développé ses moyens de production en s’équipant de machines pour extraction et filtration notamment.
Les coopératives contribuent à la réalisation des objectifs fondamentaux de la durabilité
Cette capacité de production lui a permis de distribuer ses produits dans des magasins spécialisés des produits de terroir comme le magasin solidaire de la Fondation Mohammed V, Maroc Taswiq. Elle a permis également de gagner plusieurs clients au Maroc et à l’étranger, notamment grâce aux foires et salons professionnels auxquels elle participe. «On met aussi l’accent sur l’importance de la sauvegarde de l’arganier en particulier, et les ressources naturelle d’une manière générale», ajoute Mme Aktir.
Contribuer à minimiser l’exode rural en créant de l’emploi dans la commune rurale de Kissane est l’un des objectifs primordiaux pour Souad Azennoud, présidente de la coopérative Ariaf Kissane qui promeut l’huile d’olive extra vierge. La coopérative permet de faciliter la commercialisation des produits auprès de grandes chaînes de restauration, d’hôtels ou de grandes surfaces, au Maroc ou à l’étranger. «L’olivier en conduite agroécologique permet de nourrir sainement la population, de diminuer les effets du changement climatique, d’accroître le nombre de terrains certifiés bio et d’adopter les bonnes pratiques de fabrication de l’huile d’olive», explique-t-elle. Ainsi, les coopératives sont bien placées pour contribuer aux objectifs fondamentaux de la durabilité en matière économique, sociale et environnementale. Toutes les coopératives précitées ont un impact très positif sur l’environnement et la nature. En témoigne la coopérative féminine Soukaina qui, chaque année, effectue de nouvelles plantations d’arbres (amandiers, oliviers…) et de nouveaux bulbes de safran. Alors que la coopérative Ariaf Kissane travaille en amont avec ses adhérents, dans une approche territoriale. Plusieurs actions sont entreprises dans ce sens ; comme la sauvegarde de la biodiversité locale, la sauvegarde des savoir-faire agricoles, le maintien des jeunes dans la région, la formation des agriculteurs au bio et en agro-écologie… «Notre coopérative ambitionne d’être une vitrine des produits de terroir biologiques de la région et laisse ses portes ouvertes à tous ceux (écoles, consommateurs, organismes…) qui veulent effectuer des visites sur place», ajoute sa présidente. Cela passe également par la valorisation de tous les produits de terroir potentiels notamment par des formations sur la filière biologique, sur une conduite agro-écologique des vergers, sur le compostage, la sauvegarde des semences locales et la fertilisation des terrains en utilisant le grignon d’olive comme compost… Sans oublier la reforestation avec essences locales, adaptées au milieu et la plantation des haies fruitières mellifères.
