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Des réalisations encourageantes dans la filière laitière
Satisfaire la totalité des besoins en lait, voire en exporter. C’est l’objectif fixé par le contrat programme 2015-2020 signé par l’Etat et la Fimalait. En 2016, la production locale satisfaisait déjà 90% de la demande. L’augmentation de l’effectif de vaches de race pure et croisée permettrait d’aller plus loin.

Le Maroc est presque autosuffisant en lait. En 2016, sa production couvrait 90% de ses besoins. Evidemment, l’objectif fixé dans le cadre du contrat programme 2015-2020 est de satisfaire la totalité de la demande, voire l’exportation, indique la Fédération interprofessionnelle marocaine du lait (Fimalait) qui regroupe depuis 2009 la Fédération nationale des éleveurs producteurs laitiers (Feneprol) et la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil). Cette filière est considérée comme un vrai pourvoyeur d’emplois avec 460 000 emplois directs ; elle a généré un chiffre d’affaires de près de 14 milliards de dirhams en 2015 dont plus de 4 milliards versés en milieu rural. «Selon les données disponibles en 2015, près de 260000 producteurs laitiers assurent la commercialisation du lait vers les circuits organisés via un réseau de 1 900 centres de collecte, intégrant un effectif de 488 800 vaches laitères, ce qui a permis de drainer vers les usines de transformation près de 1,650 milliard de litres», fait savoir Dr Abderrahman Benlekha, directeur de la Fimalait.
Cette évolution favorable est en grande partie due aux deux contrats programmes signés dans le cadre du Plan Maroc Vert. Le premier courait sur la période 2009-2014. Le second qui va de 2015 à 2020 prévoit une consommation de 90 équivalent litres de lait par habitant par an (normes internationales) alors qu’elle était à 70 en 2014. Cette consommation devra être satisfaite par une production de 5 millards de litres en 2020 contre 2,45 milliards en 2015. Cette production est le fait de 1,2 million de vaches laitières (toutes races confondues). Ce nombre est le même qu’en 2014. L’augmentation proviendrait du changement de la composition du cheptel qui devrait compter plus de vaches de race pure et croisée et moins de race locale. Ce programme, qui prévoit 40 000 emplois supplémentaires, nécessitera un investissement de 6,606 milliards de DH. Le chiffre d’affaires prévisionnel est de 23 miliards de DH.
Le colportage, un frein au développement durable de la filière
Il y a cependant des défis à relever pour atteindre ces objectifs. Ils peuvent être liés à la sécheresse, affectant les ressources fourragères et la hausse des prix des aliments. On note également des contraintes d’ordre économique, notamment la compétitivité de la filière face à un marché très concurrenciel, principalement avec l’entrée en vigueur progressive des accords de libre-échange UE, Etats- Unis… Le rendement reste très bas par rapport aux potentialités, quand on sait que la moyenne de production par vache avoisine 4 500 litres par an, contre un potentiel de 6 000 litres. Sans oublier le renforcement des compétences techniques des producteurs pour l’amélioration des performances du cheptel et l’amélioration de la qualité du lait et du réseau de collecte et de commercialisation du lait.
Concernant ce dernier point, la filière fait face à un circuit informel échappant à tout contrôle et reste l’un des défis majeurs à surmonter. L’objectif est de mettre sur le marché des produits de qualité répondant aux normes de salubrité et de sécurité pour la santé du consommateur.
En effet, le colportage du lait au Maroc représente un frein au développement durable de la filière avec une part variant de 25 à 30% en moyenne de la consommation totale. Ce lait non pasteurisé est considéré comme un vrai danger pour les consommateurs et surtout les enfants. De ce fait, la Fimalait, «en collaboration avec les pouvoirs publics, déploiera tous les efforts pour enrayer ce fléau et soutenir l’amont laitier et transmettre aux éleveurs de bonnes pratiques autour de la conduite de l’élevage, de l’hygiène et du respect de la chaîne de froid et des normes sanitaires», poursuit Dr Benlekha.
En outre et dans ce cadre, les autorités ont accordé une grande attention à l’organisation de la filière, en commençant par la commercialisation du lait via la création et l’équipement de centres de collecte, érigés en coopératives livrant leur production aux usines de transformation. Par ailleurs, l’apparition d’associations et coopératives d’éleveurs, prestataires de services, a permis la réalisation de nombreux programmes de développement par l’amélioration génétique.
