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Reproduction du poulpe : nouvelle méthode

Un projet intégré par ensemencement de pots en terre cuite devrait bientôt être lancé dans la zone marine protégée de Sidi Boulafdail, au sud d’Agadir.

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Assurer la durabilité du stock de poulpe et créer de nouvelles opportunités d’emploi. Tels sont les principaux objectifs du projet de développement intégré du poulpe, par ensemencement de pots en terre cuite, dans la zone de l’Aire marine protégée (AMP) de Sidi Boulafdail, dans la région d’Agadir. Ce dispositif est mis en place par la Chambre des pêches maritimes de l’Atlantique Centre d’Agadir, avec le soutien du ministère des Pêches maritimes, et bénéficie de l’expertise du Dr Mohammed Baddyr. «Le projet de développement intégré du poulpe par ensemencement de pots en terre cuite dans la zone de l’AMP de Sidi Boulafdail dans la région d’Agadir revêt une grande importance socioéconomique et environnementale», confie le Dr Baddyr. Il devrait entraîner une augmentation de la biomasse du poulpe dans la région d’environ 11.000 tonnes par an, grâce à l’ensemencement de 62.000 pots en terre cuite avec socle aux fonds sableux-vaseux dans l’AMP de Sidi Boulafdail, détaille le consultant international. «Cette augmentation de la biomasse du poulpe dans la région aura un impact positif sur la biomasse des prédateurs du poulpe à toutes les phases de croissance, de l’éclosion des œufs à l’âge adulte. Ces prédateurs sont principalement des poissons de haute valeur monétaire, tels que les pageots et les daurades», poursuit l’expert.

Pêche durable et responsable
Les retombées de ce projet sur les revenus des pêcheurs devraient être importantes grâce à une approche de pêche durable et responsable. La pêche sélective du poulpe par les pots en terre cuite constitués d’argile, un élément naturel, remplacera les pots en plastique qui sont nuisibles à l’environnement marin car ils ne sont pas biodégradables dans cet écosystème. C’est là que réside l’intérêt de l’utilisation des pots en terre cuite, qui doit être généralisée dans tous les sites artisanaux du Royaume afin de protéger l’environnement marin.
En termes d’emploi, le projet devrait également être bénéfique. Il pourrait générer des centaines d’emplois au niveau régional et à l’échelle du Royaume dans le domaine artisanal des poteries, ce qui pourrait aboutir à la création de nouvelles usines spécialisées dans la fabrication des pots en terre cuite. Le maintien et le renforcement des emplois dans les unités industrielles de traitement du poulpe devraient également être conséquents.
Cette démarche devrait assurer un approvisionnement accru pour les usines. Mais ce n’est pas tout, le projet aura également un impact positif sur l’apport des devises au pays, surtout que le produit est principalement destiné à l’exportation et que le poulpe du Royaume est le plus cher sur les marchés internationaux.
Pour l’heure, ce projet de développement intégré est toujours en phase de signature avec les différents partenaires, et ce, depuis la dernière édition du salon Halieutis qui s’est déroulé à Agadir du 1er au 5 février 2023.
D’une durée de trois ans, ce dispositif devrait bénéficier à son lancement d’un budget de plus de 5,6 millions de dirhams. Pendant sa phase de réalisation, un suivi rigoureux du programme sera effectué chaque année en collaboration avec l’INRH d’Agadir.
Il convient de noter que cette mesure a été mise en pratique avec succès et sans précédent au Japon, en 1936. En seulement 6 mois, la biomasse du stock de poulpe a augmenté de manière significative. Aujourd’hui, les pots en terre cuite sont utilisés dans plusieurs pays, tels que le Portugal, la Tunisie, l’Italie, la Grèce, le Japon, la Chine, la Corée et le Mexique. Souhaitons à l’expérience marocaine autant de succès !