Affaires
Pluies : des pics de 522 mm
Fait exceptionnel, toutes les régions du pays ont été arrosées.
Le taux moyen de remplissage des barrages a atteint 60,5 %.
Les agriculteurs ont acheté plus de semences et d’engrais que l’année
dernière.
Par nature très superstitieuse, les agriculteurs vous tourneront le dos dès que vous évoquerez l’évolution de l’actuelle campagne agricole. Quoi qu’il en soit, celle-ci est très prometteuse du fait que les précipitations, cette année, sont exceptionnelles, comparées aux moyennes calculées sur la période de 1971 à 2000, et bien réparties sur l’ensemble du territoire. Par rapport à ces moyennes, les hausses des précipitations enregistrées entre le 1er septembre et le 8 décembre 2003 ont concerné toutes les régions avec des amplitudes allant de +12 à + 426 %.
Les régions qui ont connu le plus grand volume de pluies cumulées sont situées au Nord-Ouest du pays. Dans cette zone, Larache détient pour le moment le record avec 522 mm, en hausse de 165 % par rapport à une année dite normale. D’ailleurs, toute la région a été bien arrosée : Tanger affiche 393,3 mm (+69%) et Tétouan 362,1 mm (+107%).
D’autres régions ont également surpris les spécialistes de la météorologie car elles ont reçu des volumes importants alors qu’elles connaissent plutôt un climat semi-aride. Tel est le cas des villes situées dans le Nord-Est à savoir Nador et Al Hoceima, qui ont connu respectivement un cumul de pluies de 284,8 et de 288,2 mm en hausse de 294 % et 310 % par rapport à une année dite normale.
Le Saïss est aussi bien servi, avec un cumul atteignant 436,4 mm à Ifrane, en progression de 84 % par rapport à la pluviométrie d’une année dite normale. Les villes de Fès, Meknès et Taza ne sont pas en reste, dépassant les 200 mm. Vient ensuite la région de Rabat-Salé, qui a enregistré 328,7 mm, en hausse de 129 % par rapport à la moyenne des trente dernières années. La région du centre, elle aussi, a été très humide avec des pluies cumulées de 312,3 mm à El Jadida, en hausse de 131% et de 273,1 mm à Casablanca, en progression de 153% par rapport à la moyenne.
Des pluies abondantes ont également concerné les régions sahariennes, notamment Guelmim qui a enregistré un cumul de 91,8 mm, soit 426 % de plus par rapport à une année normale.
Un taux de remplissage de 100 % pour certains grands barrages
Ces précipitations ont engendré des apports en eau aux barrages estimé à près de 3,2 milliards de m3, soit un excédent de 64 % par rapport à la moyenne de la même période, selon les responsables de la direction de l’Hydraulique au ministère de l’Equipement. Ces apports auront un impact positif sur les différents usages de l’eau des barrages dont l’irrigation, l’alimentation en eau potable et la production de l’énergie hydroélectrique.
Le volume d’eau stocké dans l’ensemble des retenues de barrages au 8 décembre 2003 est de 8,9 milliards de m3, correspondant à un taux de remplissage global de 60,5% contre 55,6 % à la même date de l’année dernière. Mieux, certains barrages, en l’occurrence Ibn Batouta (Tanger), Nakhla (Tétouan), Sidi Mohammed Ben Abdellah (Rabat) et Hassan II (Oujda), sont totalement remplis.
Dans ce contexte très favorable, les réserves en eau des barrages à usage agricole ont atteint 7,14 milliards de m3 à la mi-novembre 2003, selon le département de l’Agriculture. Ainsi, il a été constaté une amélioration du taux de remplissage des barrages à usage agricole relevant des périmètres du Nakour – région d’Al Hoceima- (de 60 à 97 %), du Haouz (de 43 à 57 %), du Gharb (de 70 à 76 %), du Loukkos (de 67 à 74 %) et de la Moulouya (de 87 à 95 %).
Impact négatif sur les cultures sucrières
Outre l’augmentation des réserves en eau, les précipitations importantes enregistrées lors de la dernière quinzaine ont eu un impact positif sur le déroulement de l’actuelle campagne agricole. Elles permettent l’accélération du rythme d’installation des cultures d’automne qui sont les céréales, les légumineuses alimentaires, les fourrages, les pommes de terre et les oignons, ainsi que l’amélioration des conditions de débourrement des arbres fruitiers.
Cette pluviométrie généreuse a par ailleurs eu un impact positif sur la commercialisation des intrants, tant au niveau des semences que des engrais. Ainsi, les ventes globales de semences céréalières ont atteint, au 28 novembre, 397 500 quintaux, en hausse de 17,8 % par rapport à la même période de l’année dernière. Il en est de même pour les ventes d’engrais, qui ont totalisé sur la même période 394 000 tonnes, marquant une hausse de 12 % par rapport à la dernière campagne et de 22 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Toutefois, ces fortes pluies ont eu quelques effets négatifs. Ainsi, des dégâts occasionnés par des crues ont touché, les 16 et 18 novembre, les provinces de Taza, Nador, d’Al Hoceima et de Berkane. Elles ont entraîné la submersion de certains terrains agricoles et des dommages sur les infrastructures hydro-agricoles. Par ailleurs, la baisse de la superficie semée en betterave à sucre de 18 % par rapport à la même période de l’année dernière est due aux difficultés d’accès aux champs, suite aux précipitations enregistrées, notamment au niveau du Gharb, du Loukkos et de Doukkala
