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PLF 2021 : L’annonce du vaccin anti-Covid renforce le scénario de reprise
• Un manque de visibilité aggravé par l’effet de la pandémie et de la sécheresse.
• Sur 165 pays, le Maroc est le 23e Etat le plus menacé par des pénuries d’eau.
• La consommation finale est la locomotive de la croissance nationale en 2021.

L’adoption du projet de Loi de finances 2021 intervient dans un contexte on ne peut plus incertain et critique. A l’échelle internationale, la deuxième vague de la pandémie s’avère plus dévastatrice que la première, frappant en plein cœur les pays tant sur les plans sanitaire, qu’économique et social. En plus de toutes ces répercussions liées au virus, notre pays est contraint de faire face à une consécution d’années de sécheresse. Aujourd’hui, la situation de la récolte céréalière s’est nettement détériorée, couplée à un affaiblissement du taux de remplissage des barrages à un niveau historiquement bas (36,1% au 5 octobre 2020 Vs 45,2% durant la même période de 2019). Et ce n’est pas la cellule de réflexion américaine World Resources Institute (WRI) qui nous rassure dans son dernier rapport. Elle avance que sur 165 pays, le Royaume est le 23e Etat le plus menacé par des pénuries d’eau.
Sur le plan macroéconomique, l’élaboration de cette nouvelle loi a tenu en compte notamment le maintien du fameux équilibre entre les charges et les recettes courantes comme stipulé dans le cadre de la Loi organique des finances (LOF) de 2015, qui interdit l’endettement pour financer la partie ordinaire des dépenses. Le financement des chantiers sociaux, aussi bien l’élargissement de la couverture médicale que la hausse des dépenses en termes de santé et d’éducation. Il prend aussi en considération la consolidation du rythme d’accroissement des investissements en vue de relancer l’économie à travers une politique budgétaire contracyclique, ainsi que la restauration de l’équilibre budgétaire via une réduction graduelle du déficit et de l’endettement publics après les niveaux historiquement hauts estimés pour fin 2020.
Même sans la pluie, une lueur de beau temps …
Toutes ces réflexions mènent, pour l’exercice 2021, à une croissance nominale du PIB estimée à 5,8%, formée d’une croissance réelle de 4,8% et d’une inflation de 1%. Ce rebond devrait être naturellement boosté par l’agriculture (+11% Vs -4,5% estimés en 2020) et les secteurs non agricoles (+3,8% Vs -11% en 2020). Le déficit budgétaire est, lui, attendu à la baisse de 6,5% du PIB en 2021. Ces estimations, l’on pourrait les targuer d’(un peu trop) optimistes au vu du contexte actuel plombé par cette pandémie jusqu’ici invincible… Mais visiblement plus pour longtemps.
A en croire l’annonce la plus attendue depuis plus d’un an concernant le vaccin anti-Covid du laboratoire américain Pfizer qui promet des résultats fiables à 90%. La réaction des économies mondiales ne se fait pas attendre, lundi 9 novembre, les principales places financières mondiales se sont littéralement envolées après cette annonce qui nourrit l’espoir d’un come-back à la normale. La place casablancaise a également surfé, à son rythme, sur cette frénésie. L’indice de la place a affiché sa meilleure performance depuis environ 5 mois (à la séance du 17 juin après l’annonce de Bank Al-Maghrib relative à la baisse de son taux directeur).
Donc, si l’efficacité du vaccin se confirme dans les mois qui viennent, le monde se remettra en marche. Dans ce sillage, le Fonds Monétaire International a récemment affirmé que la vaccination en masse de la population mondiale contre la Covid-19 permettrait de doper la croissance de 9 000 milliards de dollars d’ici 2025. Pour revenir au cas du Maroc et c’est sans doute le cas de tous les pays du monde, il est évident que la sortie de la crise est liée à la généralisation de la vaccination et une telle sortie conditionne la reprise en «V» aussi bien au niveau national que chez ses partenaires commerciaux.
Les hypothèses d’élaboration de la PLF 2021 ont tablé sur un retour de la demande étrangère adressée à l’économie marocaine de 12,6%, en glissement annuel (Vs un recul historique de -22,4% estimé pour 2020). Effet de reprise et surtout effet de base oblige…
Parallèlement, le scénario d’une reprise en «V» annoncé pour l’agriculture de +11% et aux secteurs non agricoles de +3,8% est basé sur deux principales hypothèses. Une campagne agricole moyenne avec une production céréalière de 70 millions de quintaux. Et une reprise de la consommation finale intérieure de 3,6% en 2021 après une hausse limitée à 0,7% estimée pour 2020, même si le marché de l’emploi devrait connaître une légère détérioration à cause de la crise sanitaire.
En effet, la reprise aussi bien de l’investissement que de la demande est fortement tributaire du plan de relance économique et son succès. Pour les prix des matières premières et énergétiques, l’orientation des prix en 2021 semble globalement favorable avec une légère hausse du prix du pétrole et du cours de la tonne de gaz butane, bien que ça reste largement en dessous des niveaux enregistrés au cours des années 2017 et 2018. Parallèlement, la parité euro-dollar devrait rester quasi stable comparativement à la moyenne enregistrée au cours des dix premiers mois de l’année 2020, soit dans une fourchette de 1,12 à 1,13.
