SUIVEZ-NOUS

Affaires

Nouveau plan d’urgence pour le logement social

Les terrains mobilisables ont été identifiés dans neuf villes
choisies selon des critères précis.
Des appels à manifestation seront lancés avant fin 2003 et les promoteurs
seront retenus sur la base d’un concours d’idées.

Publié le


Mis à jour le

rub 116

Coup de pouce supplémentaire à la lutte contre l’habitat insalubre. Après la soumission au SGG d’un projet de loi réprimant la fraude en matière d’urbanisme (cf La Vie éco du 8/8/2003), le ministère du Logement entend agir au niveau de la disponibilité du foncier pour combler le vide existant en matière de logement social et surtout combattre le phénomène des bidonvilles.
Ainsi, avant la fin de l’année en cours pas moins de 4 000 ha, provenant des terres Sodea/Sogeta ainsi que de terrains domaniaux, seront mobilisés afin d’être cédés aux promoteurs privés. A noter que les terrains ont été identifiés dans neuf villes du Royaume. Pourquoi pas le reste ? «Ce n’est qu’un début, précise Taoufik Hjira, ministre de tutelle du secteur, il faut d’abord combler le retard pour les agglomérations où le besoin est le plus flagrant». Pour cela, 3 critères ont été retenus. En premier lieu le taux le plus élevé d’habitat insalubre. A ce titre précisons, par exemple, que dans l’Oriental 50% de la population urbaine réside dans des bidonvilles. En second lieu la pression la plus élevée en matière de demande de logement social. Et enfin, en troisième lieu, les villes présentant le plus de «contradiction urbaine». C’est le cas d’Agadir qui devrait accueillir plus de la moitié des touristes à l’horizon 2010 et dont 45% de la population urbaine vit dans des logements indécents.
Sur la base de ces critères donc, les villes retenues sont : Tanger, Tétouan, Fès, Kénitra, Témara, Salé,Casablanca, Marrakech et Agadir.

Des programmes à la carte, selon les villes

Au département du Logement on tient à préciser que le facteur temps est primordial. Ainsi des réunions sont en cours avec les Agences urbaines et les OST (organismes sous tutelles) afin d’accélérer la mise en œuvre des 4 000 ha qui, précisons-le, sont titrés. Une fois ces préparatifs achevés (dans deux semaines environ) des appels à manifestation d’intérêt seront lancés à travers les Erac, au niveau local. L’intérêt de la démarche est de pouvoir répondre aux besoins spécifiques de chaque ville. Ce sont donc les commissions constituées des Walis, Agences urbaines, OST, CRI et autres administrations concernées qui définiront les cahiers des charges. Ainsi les programmes seront «à la carte» et pourront donner lieu soit à des zones d’aménagement progressif, soit des immeubles de logements à faible VIT (valeur immobilière totale), soit à des plateaux d’appartements…A l’heure qu’il est, chaque Wali a reçu la liste du foncier mobilisable qui le concerne.
Démarche inédite, en dehors du facteur temps et du coût de construction et de vente, les promoteurs seront sélectionnés sur la base d’un concours d’idées.
A noter aussi que, selon le département du Logement, les terrains seront cédés à des conditions avantageuses, et pas forcément viabilisés afin de tenir compte de la nature des projets qui y seront réalisés.
«Concernant ces 4 000 ha, tout devra être bouclé dans un délai de trois ans. Nous jouons la montre contre l’habitat insalubre et il faut impérativement proposer une offre adaptée», ajoute Taoufik Hjira.
On l’aura compris, l’objectif est de construire le plus vite possible des logements sociaux adaptés à la morphologie démographique des villes concernées. D’ailleurs l’opération se poursuivra avec d’autres terres à mobiliser. Des réunions sont en cours avec le ministère de l’Intérieur afin de dégager 2 700 ha supplémentaires qui seront issus des terres collectives.

2 700 ha supplémentaires issus des terres collectives
Parallèlement à cela, une réflexion est engagée sur les méthodes et process de construction immobilière qui constituent un frein à la baisse de coût du logement. L’on se rappelle la polémique née en cours d’année entre le ministère et les promoteurs qui jugeaient impossible la construction d’un logement décent à 120 000 DH. «On devrait même pouvoir arriver à un prix plancher de 80 000 DH, estime Taoufik Hjira, pour peu que l’on adopte les nouvelles technologies de constructions. Or on en est toujours à un métier à forte densité de main-d’œuvre et recourant à des matériaux archaïques».
Et c’est encourager ce transfert de technologie qu’un appel d’offres international sera lancé la semaine prochaine pour la construction de trois sites pilotes de 500 logements chacun à Meknès, Marrakech et Agadir. Les soumissionnaires devront obligatoirement s’allier un partenaire marocain et faire des propositions sur la base de trois critères : le prix le plus bas, la qualité la plus élevée et… le temps le plus court.
Avec tous ces projets, et sans compter ceux nombreux qui ont été inaugurés cette année la bataille contre l’habitat insalubre est sérieusement lancée, mais la guerre n’est pas encore gagnée, quand on sait que chaque année 500 ha supplémentaires de terrains urbains ou périurbains sont squattés par les bidonvilles.