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Affaires

“Made in Morocco’’, en attendant les prérequis

• Par la force des choses, le Made in Morocco est érigé actuellement au niveau de priorité nationale.
• L’ASMEX travaille sur un projet pour donner à la marque Made in Morocco une couverture territoriale mondiale qui manque aux produits locaux.
• Après les masques et les respirateurs, d’autres dispositifs médicaux seront fabriqués localement.

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A l’heure où le nationalisme économique se positionne mondialement comme l’une des issues sérieuses à la crise causée par la pandémie du Covid-19, le «Made in Morocco» devient plus d’actualité que jamais. Jeudi 14 mai, suite à une réunion en visioconférence tenue entre le ministre de l’industrie, Moulay Hafid Elalamy, et la Fédération des Chambres marocaines de commerce, plusieurs leviers ont été annoncés pour soutenir l’économie nationale. Parmi ceux-ci, il a été préconisé de «promouvoir des mesures visant à encourager le produit national et à soutenir la marque Made in Morocco. Et continuer à soutenir la compétitivité du produit national». Seulement, ce que devrait être une norme distinctive d’un produit local, commercialisé au Maroc et à l’étranger, est galvaudé par une utilisation massive qui en altère le sens. Entre une marque déposée et une notion de produit local privilégié, on se perd entre les différents sens attribués à ce concept qui prend de plus en plus d’ampleur.

Un projet de couverture internationale est en cours

D’abord, il faut souligner l’existence d’une marque Made in Morocco. Cependant, celle-ci ne dispose pas de cadre légal lui permettant d’aspirer à une dimension territoriale internationale. «Parler de marque implique l’existence d’une loi permettant le dépôt de cette marque à l’échelle mondiale. Cette couverture n’existe pas pour Made in Morocco», précise un expert sous couvert d’anonymat. Cette protection en dehors du territoire national constitue un prérequis de développement commercial. «Elle est d’autant plus importante qu’elle constitue un outil de guerre commerciale qui permet de conquérir des consommateurs et des marchés étrangers. Une protection dans un territoire donné octroie au pays l’exclusivité d’usage sur ce territoire», poursuit l’expert.
Vide juridique ? Oui, mais il y a du concret aussi. Selon les informations dont nous disposons, l’Asmex mène actuellement un projet stratégique pour octroyer à la marque Made in Morocco une couverture territoriale internationale. Tout ce que l’on sait pour l’instant est que ce projet prend plus d’importance à l’heure actuelle. Ayant débuté depuis 2014, ce projet sera soutenu par une campagne visant à inciter les exportateurs marocains à déposer leur marque au Maroc et à l’étranger.
En attendant d’en savoir plus sur le sujet, la Fédération des Chambres marocaines de commerce, d’industrie et de services (FCMCIS) s’active sur un autre front. Selon son président, Omar Moro, «le point de départ de toute action devant servir à mettre en avant le produit national est la problématique du manque de devises. Ce manque nous pousse à produire localement ce que nous importions de l’étranger», souligne le président. Dans le détail, cela concerne une série de produits qui feront probablement l’objet d’une publication officielle. «Ces produits peuvent être fabriqués en opérant une transformation locale, sans que nous soyons obligés des les importer», poursuit M. Moro.

La production des masques a causé un déclique

Il est clair que la fabrication locale des masques et des respirateurs a permis de déclencher un déclic au sein de l’industrie nationale. Actuellement, la réflexion au sein du ministère de l’industrie touche d’autres dispositifs médicaux qui peuvent être fabriqués localement. «L’exemple des lits d’hôpital est édifiant en ce sens. Nous importons ces produits alors que nous disposons de toute la matière première nécessaire pour les produire. Des lits d’hôpital Made in Morocco sont donc possibles à fabriquer au Maroc. Si nous sommes obligés d’importer quelques ingrédients, cela n’est pas grave», précise le président de la FCMCIS.
D’autres secteurs pourront bénéficier de cet élan de patriotisme économique. Structurellement, le secteur textile dispose des atouts capables de couvrir toute la chaîne de production, surtout l’aval. En effet, plusieurs marques internationales commercialisées au Maroc recourent à la sous-traitance nationale. «Pourquoi ne pas encourager l’éclosion de marques nationales et couvrir ainsi toute la chaîne de valeurs», se demande le président de la FCMCIS. Autre secteur concerné par cette dynamique, le tourisme n’aura comme solution de reprise après le déconfinement que le segment interne. L’ONMT a déjà lancé une campagne visant à mettre en avant les régions et leurs spécificités. Objectif : anticiper la reprise et préparer le tourisme interne à prendre la relève.
A l’échelle internationale, le sujet de la relocalisation des usines situées en Asie est mis sur le tapis. Selon Abdelaziz Mantrach, président de la Fédération des associations nationales des courtiers d’affrètements et des agents maritimes (FONASBA), il s’agit d’une opportunité considérable pour la production locale. «Tout porte à croire que plusieurs industries seront rapatriées en Europe. Notre proximité géographique avec ce continent nous permet de saisir cette occasion pour booster nos produits», a-t-il souligné. A bon entendeur.