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Affaires

Les négociations sur l’intégration du Maroc au ciel européen ont commencé

Une des conséquences : la RAM sera livrée à  une concurrence totale

La compagnie nationale mise sur l’Afrique et le hub de Casablanca.

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Le Maroc a entamé les négociations avec la Commission Européenne pour intégrer le ciel européen. Une première rencontre a eu lieu il y a quelques semaines entre les deux parties pour lancer ce chantier qui parachèvera la libéralisation du transport aérien et permettra à  Royal Air Maroc d’être considérée comme une compagnie européenne à  part entière. Les négociations portent, selon une source proche du dossier, sur deux aspects.
Le premier, l’aspect horizontal, découle directement de la communautarisation des accords bilatéraux, c’est-à -dire que la RAM, qui dessert les pays de l’Union Européenne selon les termes des accords bilatéraux avec la France, l’Espagne ou la Belgique, devra désormais desservir l’Union Européenne en tant qu’entité. En d’autres termes, la Commission Européenne est aujourd’hui seule habilitée à  négocier avec les pays tiers les questions relevant du transport aérien. Le Maroc fait partie des premiers pays avec lesquels l’Union Européenne est en train de négocier, parce qu’il avait déjà  formulé la demande en 1998. Mais à  l’époque, l’UE n’était pas encore autorisée par ses Etats membres à  gérer ce dossier.
L’aspect vertical, second point, consiste à  passer à  la vitesse supérieure, c’est-à -dire que les compagnies européennes pourront desservir n’importe quelle destination marocaine, et, réciproquement, la RAM sera autorisée à  prendre, par exemple, des passagers à  Lyon, Marseille ou Paris pour les déposer à  Amsterdam, Bruxelles ou Berlin. Sans doute qu’un tel cas de figure n’aura lieu que dans 5 ans ou 6 ans, mais le processus enclenché est irréversible. Déjà , à  titre exceptionnel, et dans le cadre de la politique d’encouragement du tourisme, certaines compagnies européennes peuvent être autorisées à  effectuer des vols entre certaines villes marocaines, sans pour autant gêner la compagnie nationale. C’est le cas de British Airways, qui effectue des vols entre Fès et Agadir, permettant ainsi aux TO de vendre des packages mixant les deux destinations.

50% du trafic de l’aéroport Mohammed V viendra du transit
Maintenant, il est clair que pour s’engager de manière aussi osée dans cette direction, et s’exposer aussi ouvertement à  la concurrence, il faut avoir en tête mille calculs, surtout en ces temps de crise pour le transport aérien, et indépendamment des aléas conjoncturels comme c’est le cas aujourd’hui avec la flambée du prix du pétrole.
Les officiels marocains avancent à  ce sujet des hypothèses rassurantes. Au niveau de la compagnie RAM, il semble que, malgré le manque de visibilité pour ce qui est du prix du carburant, les résultats des premiers mois de 2005 sont globalement conformes au plan de marche, et cette tendance est confirmée pour mai et juin, annonce la compagnie. Sans nier la fragilité des hypothèses, on affirme que la concurrence a stimulé la demande et que la compagnie est en passe de récupérer la part du trafic cédée à  sa filiale Atlas Blue.
Pour affronter la concurrence à  venir, en dehors d’une politique commerciale plus pointue, la RAM semble s’engager dans deux directions, du reste complémentaires : exploiter la niche Afrique et développer le hub de Casablanca comme plate-forme de transit vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord.
Pour ce qui est du premier point, l’expérience réussie avec Air Sénégal International va sans doute être renouvelée avec d’autres pays comme
le Gabon. Sur le deuxième point, l’investissement de l’ONDA (Office national
des aéroports) dans l’agrandissement de l’aéroport Mohammed V, qualifié de deuxième chantier en termes de coût après le port de Tanger Med, va permettre à  la RAM d’accueillir plus de passagers. Actuellement, les passagers en transit représentent 5 % du total, ils devront dépasser 50 % d’ici quelques années .