Affaires
Les distributeurs de butane devant l’impasse
La Caisse de compensation tarde à leur verser le montant de la subvention,
ce qui grève leur trésorerie. n Les arriérés représentent
plus de deux mois du chiffre d’affaires du secteur.
S’achemine-t-on vers une pénurie en butane ? Pour le groupement des pétroliers du Maroc (GPM), il est très probable que l’on en arrive à cette fâcheuse extrémité car les distributeurs manquent de moyens pour financer leurs importations. Et pour cause, les sommes qui leur sont dues par la Caisse de compensation au titre de la subvention sur ce gaz ont atteint un seuil critique. A ce jour, ce sont 650 millions de DH qui manquent dans leurs caisses et si rien n’est fait d’ici à la fin de l’année, ce montant dépassera le milliard de DH.
Il faut savoir que le coût de revient de la bouteille de gaz (bonbonne non comprise) est de loin supérieur au prix public. A titre d’exemple, celle de 12 kg est vendue à 40 DH alors que le prix réel est, en moyenne, de 60% plus élevé. Pour pouvoir maintenir ce prix de vente bas, l’Etat, par le biais de la Caisse de compensation, rembourse aux distributeurs la différence.
Les cours flambent, l’Etat n’a pas de sous
Un scénario qui, jusque-là a toujours plus ou moins bien fonctionné en dépit du retard chronique de paiement de la part de la Caisse, et quoi que la règle -écrite- veut que les distributeurs soient remboursés dans les 20 jours qui suivent le dépôt de leur dossier au ministère des Finances.
Or, en 2003, il semble que la machine se soit grippée. La flambée des cours à l’international a obligé les distributeurs à supporter des coûts plus élevés pour assurer l’approvisionnement du marché. Parallèlement à cela, les contraintes du programme gouvernemental et les impératifs de dépense résultant des événements du 16 mai ont réduit les possibilités financières de l’Etat. Résultat, les distributeurs n’ont pu obtenir que le remboursement de 200 MDH, déjà promis en avril pour le mois de juillet, et finalement réglés à fin septembre.
Reste maintenant les 650 MDH toujours non réglés. Rapportés aux 3,7 milliards de DH de chiffre d’affaires annuel du secteur (hors remboursement dû par l’Etat au titre de la subvention), ils représentent un peu plus de 2 mois d’activité et autant de contraintes supplémentaires en fonds de roulement. Ceci en moyenne, car sur les 17 distributeurs existants, la quote-part due à certains atteint même 40% de chiffre d’affaires (près de 5 mois d’activité).
Les distributeurs sont donc acculés à puiser sur leurs réserves et/ou négocier le dépassement ou l’extension de lignes de crédit avec leurs banquiers, aggravant ainsi le poids des frais financiers dans leurs comptes d’exploitation.
Les banques, d’ailleurs, sont de plus en plus réticentes à financer celles, parmi les entreprises, qui ont atteint une situation critique. L’absence d’échéancier de paiement rend vaine toute spéculation sur les recettes futures.
Il semble bien que si rien n’est fait, l’approvisionnement du marché en butane sera sérieusement perturbé. Un risque de pénurie supplémentaire donc à la veille du mois de Ramadan. Déjà que la menace pèse sur le lait et le blé tendre (voir P.13 et 27). L’Etat n’a d’autre choix que de faire le nécessaire, car, tous sont produits «sociaux». La Caisse de compensation se décidera-t-elle à racler ses fonds de tiroirs ?
