Affaires
Les amateurs de cigare reprochent à Imperial Tobacco de délaisser le marché marocain
Les ruptures de stocks sont de plus en plus fréquentes chez les commerçants et bureaux de tabacs.
Altadis-Maroc invoque la lenteur de la procédure et les contraintes légales.

Les amateurs de cigare au Maroc suivent avec attention ce qui se passe depuis quelque temps sur le marché. En effet, depuis plusieurs mois, la majorité des débitants connaît des ruptures de stocks épisodiques, voire totales sur des marques et des modules pourtant classiques et fort demandés. Jacques Landrieau, responsable trade marketing, chez Imperial Tobacco-Altadis Maroc, indique que «chaque marché est différent. On essaie de répondre au mieux à la demande. Nous avons la volonté de subvenir à celle-ci à travers Habanos S.A qui possède presque toutes les grandes références dans son portefeuille client. La stratégie mondiale de Impérial Tobacco obéit à deux axes : satisfaire le client, c’est-à-dire les débitants au nombre de 20 000 au Maroc, ainsi que le consommateur». Il faut dire qu’entre la fabrication à Cuba et la commercialisation locale, bien des étapes doivent être franchies. Hanae Liraqui, directrice corporate affairs, chez Impersial Tobacco-Altadis Maroc, nous apprend qu’un accord doit d’abord être conclu avec Habanos S.A. Ensuite une demande de mise sur le marché doit être formulée auprès du ministère des finances, le secteur étant encore réglementé par l’Etat. Puis, les services de tutelle instruisent cette requête, vérifient sa cohérence avec les réglementations en vigueur. Si la demande est acceptée, elle fait l’objet d’un arrêté publié au Bulletin officiel. Commence alors la longue procédure d’importation qui, selon Mme Liraqui, peut parfois durer trois mois voire plus.
Certes, tout cela est dû à des contraintes légales mais l’attente peut parfois sembler longue pour les amateurs de cigare qui se demandent si finalement ce n’est pas là une politique voulue par Imperial Tobacco.
Mourad Mikou, trésorier du Club Epicur Casablanca, (le Club Epicur International est le plus grand réseau mondial), abonde dans ce sens. «Le marché est moins alimenté qu’auparavant. Depuis six mois, on assiste à des ruptures partielles ou durables sur des marques phare. Des nouvelles gammes annoncées du temps d’Altadis Maroc ne sont toujours pas arrivées». Et d’ajouter que «c’est regrettable, car Altadis avait réussi à démocratiser le cigare. Grâce à son action, l’offre s’est enrichie, les prix ont fléchi et la promotion faite autour du produit stimulait la demande».
La libéralisation de ce marché prévue pour l’année prochaine va-t-elle changer la donne ? Ce qui est sûr c’est que d’autres opérateurs se préparent déjà à investir le marché du cigare. C’est le cas, entre autres, de la société propriétaire des enseignes La Casa del Habano de Casablanca et Marrakech (à La Mamounia) qui s’apprête à lancer un réseau de boutiques dédiées au cigare qu’elle a baptisé «Cava Puros». Avis aux amateurs…
