Affaires
L’encens et les parfums orientaux gagnent du terrain
Abdul Samad Al Qurashi et Swiss Arabian sont les deux enseignes qui contrôlent ce marché.
Les Marocains de la classe aisée, les Sénégalais et les Chinois sont les principaux clients de ces magasins.

Le business de l’encens et des parfums orientaux est en plein essor au Maroc. Une croissance portée principalement par l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie pieuse qui a le goût du luxe. Sur le marché marocain, il y en a pour toutes les bourses, surtout pour les plus remplies. Et pour cause, les marques de luxe ont depuis quelques années saisi le potentiel de ce business religieux. Très célèbre dans les pays du Golfe et du Moyen-Orient, l’enseigne saoudienne de l’encens et des parfums orientaux Abdul Samad Al Qurashi a été la première à détecter le potentiel commercial du marché national. Elle a ouvert son premier magasin en 2008 au boulevard d’Anfa et un deuxième, à Rabat, sur le boulevard Al Amir Fal Ould Oumeir. Deux autres adresses sont prévues à Casablanca et Marrakech.
La réussite de Abdul Samad Al Qurashi n’a fait qu’encourager l’implantation d’autres maisons d’encens et des parfums orientaux, en l’occurrence l’enseigne Emirati Swiss Arabian. Installée au Maroc via un contrat de franchise, la maison Emirati a ouvert son premier magasin en 2011, au Marocco Mall. Aujourd’hui, elle compte à son actif un stand à Galerie La Fayette, un magasin à Fès et un autre au Menara Mall à Marrakech. D’ici la fin de l’année, deux autres points de vente seront inaugurés à Tanger et à la marina de Casablanca.
Les clients déboursent entre 700 et 1 200 DH par achat
Le développement rapide de ces deux enseignes atteste du potentiel du marché, mais surtout de la forte demande sur ces produits halal de luxe. En effet, «ces points de vente reçoivent en moyenne une cinquantaine de clients par jour. Ce chiffre est multiplié par deux en période de fêtes religieuses et durant Ramadan», fait savoir un manager à Abdul Samad Al Qurashi. «Cette clientèle est constituée principalement de la bourgeoisie marocaine, mais également de la diaspora sénégalaise et chinoise», explique-t-on du côté de Swiss Arabian.
Ces habitués de ces maisons d’encens déboursent entre 700 DH et 1 200 DH pour chaque acte d’achat. «Nous commercialisons principalement trois familles de produits, le bois d’oud (l’encens), une résine sombre qui prolifère sur certains arbres d’Asie du Sud-Est, le «bkhour» (un mélange d’encens et d’autres produits tels que le musc) et les parfums orientaux», explique le manager d’Abdul Samad Al Qurashi. Le prix de l’encens démarre à 175 DH/g pour la variété indonésienne. L’encens royal importé d’Inde est commercialisé à 380 DH/g. La variété supérieure, provenant du Cambodge atteint des prix très élevés, soit jusqu’à 760 DH/g. Idem pour le bkhour. Chez Swiss Arabian, une boîte d’entrée de gamme (100g) coûte 245 DH. Le mélange le plus cher est proposé à 1 185 DH (70 g).
Un commerçant fassi démocratise ces produits halal
Les tarifs sont encore plus exorbitants dans les boutiques de Abdul Samad Al Qurashi. En effet, le paquet de bkhour d’entrée de gamme (60 g) est commercialisé à 300 DH. Pour se procurer un kilo de la fameuse pâte d’encens, il faut débourser 70 DH/g. Le bkhour indien royal (haute gamme), quant à lui, est proposé à 260 DH/g.
Outre l’encens et le bkhour, les parfums demeurent parmi les produits les plus prisés chez ces enseignes. Et pour cause, «garantis sans alcool, les parfums plaisent à une population soucieuse de se conformer à l’éthique islamique», explique le manager. Résultat : les clients de ces magasins sont prêts à débourser entre 450 DH et 20 000 DH pour acheter un flacon de 100 ml d’un parfum oriental halal. En clair, les prix affichés par ces enseignes moyen-orientales restent pour le moins inaccessibles pour la classe moyenne marocaine. C’est pourquoi un fils de commerçant d’encens de Moulay Idriss Zerhoun (à Fès) a décidé de concevoir une offre adaptée à la classe moyenne. Il a ainsi lancé la première enseigne marocaine d’encens et de parfums orientaux, baptisée «Bab Moulay Driss». Dans cette boutique installée au quartier Maarif à Casablanca, le prix du bois du oud va de 60 DH à 120 DH le gramme. Les boîtes de bkhour (entre 60 et 150 g) sont proposés à des prix allant de 100 DH à 400 DH et les parfums orientaux coûtent en moyenne 500 DH/100 ml. Du halal démocratisé en quelque sorte.
