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Le prix du poisson industriel ne sera plus réglementé d’ici deux mois

Par crainte d’un effondrement des prix, les armateurs réclament l’établissement d’un prix plancher.

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C’est début 2004 que sera libéralisé le prix du poisson industriel. Décidée par la commission interministérielle des prix en juin 2003, cette libéralisation est réglementée par un arrêté ministériel annexé au décret du 17 septembre 2001 relatif à la liberté des prix et de la concurrence. La mesure ne concerne que le prix des pélagiques : sardine, maquereau, chinchard et anchois notamment .
Jusqu’ici, contrairement au poisson frais dans les halles, le prix du poisson industriel était réglementé. Il est fixé à 1,60 DH dans le port de Lâayoune et à 1,80 DH dans les ports de Casablanca, Agadir et Safi. Le différentiel de prix se justifie par l’éloignement de la ville de Laâyoune et doit permettre de compenser les frais de transport payés par l’industriel s’approvisionnant dans le Sud.

La libéralisation devra entraîner l’amélioration de la qualité
La libéralisation du prix du poisson industriel s’inscrit, selon les pouvoirs publics, dans le cadre de la loi sur la concurrence et il est précisé que «le prix du poisson destiné à la transformation doit également, à l’instar du poisson frais, obéir à la loi du marché, donc, à la loi de l’offre et de la demande». Si le poisson frais est vendu à la criée dans les halles, pour le poisson industriel le mécanisme de vente est plus complexe. En plus de la réglementation du prix, c’est le Comptoir de l’agréage du poisson industriel (CAPI) qui gère l’affectation du poisson aux usines dans la mesure où «le gérant du CAPI dresse un tableau des bateaux en fonction de l’ordre d’arrivée au port et, parallèlement, il établit une liste des demandeurs. L’affectation de la matière première se fait par le gérant selon le principe du premier arrivé pour le premier demandeur».
Mais au-delà de l’adaptation à la loi sur la concurrence, la libéralisation du prix du poisson industriel devra permettre aux armateurs d’améliorer la qualité des produits. «Ils seront amenés à faire des investissements au niveau de leurs bateaux, utiliser des caisses au lieu d’entasser le poisson dans les cales par exemple . Mieux rémunéré, l’armateur pourra réinvestir pour la mise à niveau de son bateau», explique un professionnel du secteur. Et de préciser qu’aujourd’hui, «le transport en vrac du poisson affecte la matière première. De manière générale, c’est la surface de la prise qui est de bonne qualité, quant au reste il est écrasé et forcément destiné à la production de farine de poisson. Ainsi sur une cargaison moyenne de 20 tonnes, seul le tiers est destiné à la conserve».
L’amélioration de la qualité est considérée par les professionnels comme un enjeu important car «même si les barrières douanières tombent, il reste les barrières normatives et qualitatives qui sont tout aussi rigoureuses et que le Maroc, s’il veut se positionner sur les marchés étrangers, doit respecter».
Conscients de cet enjeu, les armateurs demeurent quand même préoccupés par l’entrée en vigueur de la libéralisation. Ils craignent une forte baisse des prix et estiment que pour parer à cette éventualité, il serait judicieux d’établir un prix plancher, ce qui leur garantit un prix de vente minimum. Cette proposition des armateurs devrait incessamment faire l’objet de réunions avec les départements ministériels concernés