Affaires
Le CMC prévoit 7,4 % en 2003 et 4 % en 2004
Tiré surtout par le BTP, l’investissement croîtrait de 12%
Le Centre marocain de conjoncture (CMC) a annoncé, mardi 24 juin, une excellente nouvelle : la croissance du PIB en 2003 serait de 7,4%, soit environ deux points de plus que ce qui avait été annoncé précédemment (par le ministère des Finances, notamment).
En réalité, cet optimisme du CMC n’est pas vraiment nouveau. On se rappelle en effet que vers la fin de 2002 déjà, le Centre tablait, pour 2003, sur un taux de croissance de 6 %. Le bon démarrage de la campagne agricole et les perspectives «prometteuses» des secteurs non-agricoles, étaient de nature, soulignait-il alors, à tirer vers le haut la croissance économique du pays; ce qui, reprochait-il à Fathallah Oualalou, contrastait singulièrement avec la « timidité» des hypothèses retenues pour l’élaboration du Budget 2003 – lequel prévoyait alors une progression du PIB de 4,5% (voir n° 126 du bulletin du CMC de novembre-décembre 2002 et LVE du 27 décembre 2002).
Depuis, les préparatifs de guerre contre l’Irak d’abord, le déclenchement du conflit, ensuite, avaient fait naître des incertitudes sur l’économie mondiale au point que certains avaient pronostiqué une récession liée en particulier à la crainte d’une flambée du cours du pétrole. Il n’en fut rien : la guerre, qu’on prédisait longue, s’acheva en trois semaines et, de nouveau, l’optimisme reprend ses droits.
Le déficit budgétaire serait de 1,3 %
C’est essentiellement en se fondant sur cette nouvelle donne – le contexte interne présentant un profil favorable dès le départ – que le CMC vient de réviser à la hausse sa prévision de croissance.
Ainsi, sur le plan international, estime le CMC, le PIB progresserait de 3 % et le commerce de 5,7 %. L’inflation, elle, se maintiendrait à son niveau déjà élevé (2,4%) de l’année dernière, tandis que le prix moyen du baril, du fait du contrôle du pétrole irakien par les Américains, se stabiliserait à 23 dollars, alors que la parité du taux de change du dirham vis-à-vis du dollar et de l’euro serait favorable aux exportations marocaines.
Concernant la situation interne, la variable principale de la croissance qu’est la campagne agricole n’est plus une hypothèse, c’est désormais une réalité : avec une production de 80 millions de quintaux de céréales, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une progression de 32 %, selon le CMC.
Comme toujours, cette bonne tenue du secteur agricole ne manquera pas de déteindre de manière positive sur l’ensemble des rouages de l’économie. Et d’abord sur la demande intérieure : l’investissement, selon le CMC, croîtrait de 12 %, tiré essentiellement par le BTP (9,5 %). Conséquence directe du bon comportement du secteur du BTP, une progression de 13 % de la production de ciment.
Principale variable de la demande, la consommation des ménages, du fait de l’amélioration des revenus, devrait, elle aussi, évoluer notablement pour se situer aux alentours de 7 % en termes nominaux et 4 % en termes réels.
Les industries manufacturières, pour leur part, devraient pouvoir compenser le léger fléchissement enregistré au cours du premier trimestre de l’année, sans toutefois dépasser le taux tendanciel de 2,8 %, souligne le CMC. Il semble que cette progression relativement modeste du secteur manufacturier est à imputer aux activités minières et énergétiques (qui évolueraient faiblement) ainsi qu’aux difficultés de la filière du transport aérien, qui pâtit encore de la guerre contre l’Irak.
Contrairement à 2002 (près de 3 %), l’année 2003 devrait connaître «une relative accalmie» de l’inflation : celle-ci ne dépasserait pas 1,3%. Surtout, le chômage continuerait à baisser et l’on prévoit que son taux passerait de 12 % en 2002 à environ 10,5 % cette année.
Au total, le regain d’activités attendu devrait logiquement induire une progression notable des recettes fiscales, ce qui, ajouté aux entrées des privatisations (qui dépassent, on le sait maintenant, les prévisions de la loi de finances) ainsi qu’aux gains que réaliserait la Caisse de compensation du fait de la stabilité que connaîtrait le prix du pétrole, serait de nature à comprimer sensiblement le déficit budgétaire. Le CMC, qui a achevé ses travaux de prévision avant la concrétisation de la cession de la Régie des tabacs, situait déjà ce déficit à 1,3 % du PIB.
En tenant compte de la croissance moyenne de ces trois dernières années (5,6%), mais aussi «du programme actuel de soutien à l’activité économique», en particulier le programme de mise à niveau, l’année 2004, prévoit le CMC, devrait être celle de «la consolidation des acquis» avec un taux de croissance de l’ordre de 4 %. Les hypothèses sur lesquelles ce scénario est assis concernent, d’une part, «le raffermissement» de l’activité à l’échelle mondiale, et, d’autre part, sur le plan interne, une production agricole légèrement au-dessus de la moyenne (65 millions de quintaux), un dynamisme accru de l’industrie, du BTP et des services, l’évolution soutenue de l’ensemble des composantes de la demande (consommation des ménages et FBCF, notamment), la réduction du taux de chômage au niveau national de 10,5 % à 10 % .
