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Affaires

La nouvelle stratégie de l’Etat décriée

Pour certains promoteurs, en dessous de 120 000 DH, la qualité des logements
ne peut être assurée.

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La nouvelle stratégie du ministère du Logement et de l’urbanisme en matière d’habitat social ne fait pas que des heureux. Des promoteurs immobiliers qui ont signé la convention de construction de 2 500 appartements sur cinq ans, dans le cadre du programme des 200 000 logements, en con-trepartie d’avantages fiscaux, semblent aujourd’hui déstabilisés. «Ce programme était sur la bonne voie. A vouloir trop en faire, on risque de remettre en cause l’acquis du secteur», note un opérateur qui a préféré garder l’anonymat.
D’autres critiques, à peine voilées, se font jour. On estime qu’il est difficile de construire des logements de 80 000 à 120 000 DH sans altérer la qualité du bâti. De même, dans cette course à la construction bon marché, «on s’achemine vers de petites superficies non conformes à la taille des familles marocaines», explique un autre promoteur.

Les acquéreurs en quête de prix plus intéressants diffèrent leur achat
En outre, nombre d’opérateurs considèrent que les effets d’annonce concernant le programme des logements de 80 000 à 120 000 DH ont entraîné un recul de la demande de logements sociaux. Explication : les clients potentiels ont différé leur décision d’achat, croyant qu’ils pouvaient disposer du même type d’habitat à un prix plus intéressant. Un bémol à cette observation. En effet, si la demande s’est montrée hésitante pendant le mois de juin, elle a connu une reprise en juillet. Des promoteurs immobiliers de la région de Marrakech avouent même avoir épuisé leur stock de logements sociaux.
Dans tous les cas, l’opposition à la stratégie de Tawfiq Hjira, ministre du Logement, ne se limite pas aux promoteurs. Des entreprises de BTP qui avaient l’habitude de travailler pour le compte des OST (organismes sous tutelle) voient des marchés leur filer entre les doigts après la réorientation de la mission de ces organismes.
Sans remettre en cause la probité des promoteurs privés qui occupent une place centrale dans la nouvelle stratégie de l’habitat, un responsable de bureau d’études souligne que seuls les OST recouraient à des prestataires de services structurés, en mesure d’assurer la qualité du bâti. Ainsi, pour éviter les dérapages, il insiste sur la nécessité de mettre en place des structures chargées de veiller au respect de la législation en matière d’urbanisme et de construction.
Le ministère semble avoir pris au sérieux ces risques. A preuve, les derniers appels à manifestation d’intérêt des OST pour la cession des terrains aux privés pour la réalisation de logements à faible VIT (valeur immobilière totale) ont été lancés sur la base de cahiers de charge normatifs garantissant la qualité du bâti. Aujourd’hui la donne est claire : M. Hjira est condamné à réussir. Tout raté apportera de l’eau au moulin des sceptiques.