Affaires
La Chambre de commerce espagnole à l’œuvre depuis plus d’un siècle
Le Maroc et l’Espagne entretiennent des relations commerciales privilégiées et prometteuses. Derrière cet essor, la Chambre espagnole de commerce de Casablanca joue discrètement sa partition. Eclairage.

Premier partenaire commercial du Maroc, l’Espagne peut se targuer d’avoir détrôné la France sur le marché marocain il y a de cela quelques années déjà.
Si la France devance toujours son concurrent espagnol en matière d’IDE, ce dernier domine depuis 2013 le commerce en tant que premier client et premier fournisseur du Maroc. Plus encore, le Maroc est le premier partenaire commercial de l’Espagne en Afrique.
1 200 adhérents
Selon des chiffres récents de l’ICEX – l’Institut espagnol du commerce extérieur-, le commerce bilatéral de biens entre les deux pays a totalisé un volume de 9,3 milliards d’euros durant les sept premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet).
Dans le détail, les exportations espagnoles s’élèvent à 5,1 milliards d’euros, tandis que celles en provenance du Maroc ont atteint 4,3 milliards d’euros. Ainsi, le taux de couverture des importations par les exportations est de 119% en faveur de l’Espagne ; un taux qui baisse d’année en année, tendant vers plus d’équilibre entre les deux partenaires. Proximité géographique et voisinage, accord de libre-échange Maroc-UE, protectorat espagnol au Maroc, forte immigration marocaine en Espagne (plus d’un million de MRE en Espagne), liens historiques… Ce sont là autant de facteurs qui expliquent l’essor du commerce entre les deux pays. Derrière ce dynamisme commercial qui ne faiblit pas avec une croissance annuelle de deux chiffres depuis plusieurs années, plusieurs acteurs et parties prenantes sont à l’œuvre.Parmi eux, la Chambre de commerce espagnole (Camacoes, abréviation espagnole) joue un rôle-clé dans la facilitation du commerce bilatéral et la promotion de l’investissement. Créée en 1914, l’institution consulaire compte 1200 entreprises adhérentes. On y trouve des filiales marocaines de mastodontes espagnoles, à l’instar de la multinationale de l’ingénierie et des infrastructures Sener ou les institutions financières telles que Banco Sabadell et Caixa Bank, mais pas que. De grands groupes marocains comme Attijariwafa bank, Cosumar ou les Eaux minérales d’Oulmès comptent aussi parmi les adhérents et les membres actifs de la Chambre. Ceux-ci paient un tarif unique, peu importe leur taille ou leur nationalité.Sise au centre-ville de Casablanca, la Camacoes emploie une douzaine de collaborateurs dont deux dans deux antennes régionales (Marrakech et Agadir). «Sur une cinquantaine de Chambres dans le monde et quatre en Afrique, le Maroc accueille deux Chambres à Casablanca et Tanger. Ceci témoigne de l’importance du Maroc dans le milieu des affaires et le rôle qu’il peut jouer en Afrique dans un partenariat triangulaire», indique Juan Luis Lopez Hernando, secrétaire général de la Chambre.Si le budget de la Camacoes est confidentiel, notre interlocuteur assure que l’organisme s’autofinance et réinvestit toutes ses recettes pour développer ses activités au Royaume. Comme ses pairs, la Chambre espagnole offre une panoplie de services à ses entreprises adhérentes. A commencer par l’information économique. En effet, la Camacoes diffuse une newsletter synthétisant actualités de la Chambre et de l’économie local, opportunités d’affaires et appels d’offres. Présent sur les réseaux sociaux, l’organisme organise des séminaires thématiques et des débats en invitant des experts du privé et du public.
Des services additionnels
Autre pole important de services offerts par la Camacoes : le développement des affaires. Missions de prospection au Maroc et en Espagne, salons professionnels dans les deux pays, base de données qualifiée… Les outils et les moyens pour le développement du business dans les deux sens ne manquent pas. «En plus des services standardisés, nous offrons des services personnalisés. Des services à la carte et à tous les niveaux. Nous pouvons par exemple orienter un investisseur vers des secteurs, comme nous pouvons aider un opérateur marocain dans son choix d’implantation en Espagne, l’accompagner en lui ouvrant notre carnet d’adresses ou lui présenter la réglementation espagnole», poursuit le secrétaire général de la Chambre. Enfin, le réseautage est le troisième pole d’activité. Des afterworks et des événements dédiés au réseautage sont organisés souvent pour permettre aux adhérents de nouer des contacts avec d’autres professionnels et des décideurs. Cerise sur le gâteau, la Camacoes offre des services additionnels comme un service visa (touristiques et d’affaires), des cours d’espagnol et de darija, des tarifs préférentiels auprès de partenaires et l’accès à une banque de CV. «Nous allons continuer à développer nos activités en 2020. La nouveauté de la prochaine année est l’ouverture sur l’Afrique en organisant une mission BtoB. Nous ambitionnons ainsi de promouvoir un partenariat triangulaire Maroc-Espagne-Afrique», confie Selma Benharbet Alami, directrice adjointe de la Chambre.
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[tab title= »Chambres de commerce étrangères, acteurs clés de la diplomatie économique » id= » »]S’il y a un point en commun entre les grandes puissances commerciales implantées au Maroc, c’est bien l’ancienneté et l’influence de leurs réseaux de Chambre de commerce. A l’évidence, c’est la France qui a ouvert le bal en 1913 avec la création à Casablanca de la très influente Chambre française du commerce (CFCIM). Elle est à ce jour l’une des plus grandes Chambres de commerce françaises à l’étranger et l’une des plus actives au Royaume. Une année après, c’est au tour de l’Espagne de se doter de sa propre Chambre, toujours à Casablanca. Viendra ensuite l’Italie avec la Chambre italienne de commerce (CICIM) en 1916. En 1923, les Britanniques créent leur propre Chambre, plus connue sous le nom de la «Britcham». Elle compte aussi parmi les plus visibles et les plus actives. Les Belges et les Luxembourgeois créent quant à eux la CCBLM en 1925. Il a fallu attendre quatre décennies pour que les Américains créent l’Amcham en 1966. La Suisse aura sa Chambre (CCSM) en 1987 alors que l’Allemagne n’aura la sienne qu’en 1977. Si ces Chambres sont un excellent outil d’intelligence économique et de relations publiques des pays qu’ils représentent, celles-ci constituent pour les exportateurs marocains une plateforme pour s’informer et réseauter, surtout lorsque l’on sait que les Chambres marocaines sont toujours à la traîne en matière d’organisation et de services offerts (cf: www.lavieeco.com «Chambres de commerce : le grand ménage est entamé»).[/tab]
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