Affaires
Investissements : De gros moyens pour de grandes ambitions
Dans son discours d’ouverture du Parlement, le Souverain a annoncé un Pacte national pour l’investissement qui vise à mobiliser 550 milliards de dirhams et à créer 500000 emplois à l’horizon 2026. Des chiffres qui peuvent paraître impressionnants, mais qui sont à la portée du Royaume qui a placé l’investissement au cœur de son Nouveau modèle de développement et au centre du programme gouvernemental.

A la veille de l’adoption, le 18 octobre, en séance plénière à la Chambre des représentants du projet de loi-cadre format nouvelle Charte de l’investissement, Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement, annonçait devant les députés que le gouvernement œuvre déjà à l’élaboration d’une nouvelle feuille de route relative à l’amélioration du climat des affaires. Laquelle feuille de route est considérée comme une condition sine qua non pour simplification et faciliter l’investissement tout en encourageant l’entrepreneuriat.
Ainsi, parallèlement au processus d’élaboration et d’adoption de cette nouvelle Charte de l’investissement et ses textes d’application (attendue depuis un quart de siècle), le gouvernement a décidé de prendre les devants. Il a tenu au moins quatre réunions interministérielles et s’est attelé à prendre des mesures concrètes pour garantir la mise en place de cette législation, une fois sortie du circuit parlementaire. L’Exécutif planche plus particulièrement sur la simplification des démarches administratives, la mise en œuvre effective de la Charte de décentralisation administrative et la facilitation de l’accès au foncier. Le terrain est ainsi déblayé pour le décollage de l’investissement. L’investissement privé, étranger et national, plus particulièrement…
Secteur privé à développer
Dans un rapport sur le développement du secteur privé au Maroc, rédigé conjointement en 2021 par la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement, il est stipulé clairement que la poursuite du développement du secteur privé pourrait favoriser l’inclusion et une hausse de l’emploi. La pandémie a justement mis en évidence la dépendance des industries marocaines vis-à-vis d’un nombre limité de produits et de marchés. Les auteurs du rapport soulignent qu’une «plus grande diversification économique et une participation accrue aux chaînes de valeur mondiales sont ainsi essentielles pour garantir, à l’avenir, une croissance plus inclusive, plus résiliente et tirée par le secteur privé». Toujours selon le même document, «au cours des vingt dernières années, l’économie marocaine a bénéficié d’un environnement politique et macroéconomique relativement stable». Cette stabilité a permis au pays d’offrir l’un des climats d’investissement les plus propices d’Afrique. À présent, «le Maroc compare et évalue ses performances et ses objectifs à ceux d’économies plus avancées d’Europe centrale et orientale. Il y a toutefois un hic. La stimulation des investissements privés rencontre diverses difficultés. La stratégie de développement du secteur privé au Maroc visait surtout à attirer des investissements directs étrangers, principalement par l’intermédiaire d’«écosystèmes industriels». Cependant, malgré le fait qu’elles représentent environ 90% du tissu économique marocain, «les PME peinent à investir, à accroître la valeur ajoutée, à se développer et à embaucher». Entre autres handicaps dont elles souffrent, les difficultés d’accès au foncier industriel, un faible niveau de capital social, des obstacles bureaucratiques, un système judiciaire lent et des procédures de marchés publics jugées trop lourdes.
Ce sont justement ces entraves que la nouvelle Charte d’investissement, mais aussi le processus de digitalisation et la loi relative à la simplification des procédures administratives vont bientôt lever. Ceci dit, l’investissement privé pourrait effectivement se développer au Maroc s’il met à profit les possibilités offertes par une plus grande participation aux chaînes de valeur mondiales et une intégration plus poussée en Afrique subsaharienne. Il y aussi une niche qui n’est pas encore bien exploitée. Aujourd’hui, les transferts des MRE sont sur le point de frôler les 100 milliards de dirhams, or seulement 10% de ces transferts des MRE, qui s’élevaient à 93 MMDH en 2021, sont orientés vers l’investissement, et seulement 2% vers l’investissement productif.
Le NMD pour garder le cap
La promulgation de cette nouvelle Charte fait partie des recommandations du Nouveau modèle de développement (NMD) qui s’est fixé trois objectifs. Il s’agit tout d’abord d’augmenter le PIB par habitant à 16000 dollars, en réalisant un taux de croissance moyenne de plus de 6% annuellement. Ensuite, accroître de 60% la participation du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales. Enfin, augmenter la valeur ajoutée industrielle de moyenne et haute technologie pour atteindre 50% de la valeur ajoutée industrielle totale. Il ne s’agit évidemment pas d’un classement chronologique de ces objectifs. Toujours est-il, pour les atteindre le NMD a fixé certains choix stratégiques. Parmi ces choix figurent la libéralisation de l’initiative privée et l’entrepreneuriat et ce, à travers le développement d’un environnement des affaires transparent, sécurisant et prévisible, des réglementations allégées et simplifiées, une concurrence saine et une régulation indépendante, favorisant de manière significative l’entrée d’acteurs nouveaux et innovants.
Il est question aussi de l’amélioration de la compétitivité du tissu productif en réduisant significativement les coûts des facteurs, notamment l’énergie et la logistique, ainsi que de l’orientation de l’investissement du secteur privé, grands groupes et PME, vers les secteurs porteurs et d’avenir et vers la montée en gamme du système productif. Cela à travers la création d’un cadre incitatif approprié, un accès élargi à des mécanismes diversifiés de financement et un accompagnement des entreprises pour renforcer leurs capacités managériales, organisationnelles et technologiques, etc. De ce fait, le Maroc aura tout intérêt à orienter les investissements vers des secteurs innovants et à forte valeur ajoutée. Cela permettra de parvenir à un développement durable et de renforcer l’attrait international du pays en termes d’attraction des investissements directs étrangers.
Focus
Investissement public :
300 MMDH pour l’année prochaine
Le ton a été donné dès l’examen du projet de Loi de finances de 2022 : le texte a confirmé l’intérêt porté par le gouvernement depuis son investiture à l’investissement. L’Exécutif a, en effet, mobilisé un niveau d’investissement record de 245 milliards de dirhams, avec pour objectif la consolidation de la relance économique du pays.
Plus tard, alors que le gouvernement avait été contraint de mobiliser une enveloppe des dizaines de milliards de dirhams pour faire face aux effets de la sécheresse, pour relancer des secteurs sinistrés, pour continuer de soutenir le pouvoir d’achat…, il n’a jamais été question de toucher à l’investissement public déjà programmé. D’autres gouvernements auraient pu (et ils l’ont souvent fait) couper dans le budget d’investissement pour faire face à ce genre d’aléas conjoncturels, l’équipe Akhannouch s’est abstenue.
L’investissement public est, en effet, un outil fondamental dont use l’Etat pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et réduire les inégalités sociales et territoriales. Il est censé remettre les secteurs mis à mal par la crise sanitaire sur les bons rails et insuffler une nouvelle dynamique de création d’emplois et de la valeur.
Le gouvernement est conscient que l’investissement est générateur de croissance et créateur de richesse et l’emploi. Dans le projet de Loi de finances 2023, une enveloppe de 300 milliards de dirhams a été réservée à l’investissement public.
Et ce n’est pas anodin si le Chef du gouvernement a présidé, depuis le début de son mandat, six Commissions nationales des investissements. Elles ont permis l’approbation de 58 projets de conventions et d’avenants pour un montant total de 39,1 milliards de dirhams et la création de 16800 emplois directs et indirects, conformément aux orientations royales qui visent à faire de l’investissement le moteur du développement socioéconomique du Royaume.
Sur le plan des investissements directs étrangers, le flux net a atteint 17,6 MMDH entre janvier et juillet 2022, soit une amélioration de 80% par rapport à la même période de 2021. Selon Ali Seddiki, directeur général de l’Agence marocaine de développement de l’investissement et des exportations, ces chiffres illustrent indéniablement la compétitivité qui caractérise nos industries et l’attractivité de notre pays en tant que plateforme d’investissement. Ceci n’est pas venu du jour au lendemain, c’est le résultat de la vision à long terme et de la transformation de notre économie impulsée par le Souverain depuis 20 ans.
