Affaires
Fusion BCM-Wafa : Khalid Oudghiri apaise le malaise des cadres
145 départs volontaires ont été enregistrés depuis janvier 2004 dans les deux banques n La convention du 15 mai a permis de calmer les inquiétudes des cadres de Wafabank et BCM quant à leur avenir.
La convention des cadres du 15 mai a-t-elle eu un effet positif sur le moral des troupes des deux banques, BCM et Wafabank, appelées à fusionner pour donner naissance à Attijariwafa bank ? Devant 1 800 personnes, Khalid Oudghiri, Pdg de la nouvelle entité, s’est voulu très rassurant, ce samedi-là, sur l’avenir de la banque et celui du personnel. «Nous savons tous aujourd’hui quelle est la vision d’Attijariwafa bank et quel est son projet de développement», explique la directrice de la communication, Wafae Guessouss.
Cette convention tombait à point nommé. Depuis quelque temps, en effet, le doute commençait à s’installer chez nombre de cadres.
Premier indice de ce malaise, les départs dits volontaires. A ce jour, il y en a eu 145 au total entre BCM et Wafabank, d’ailleurs confirmés par la direction générale d’Attijariwafa bank. Mme Guessouss atténue l’ampleur du phénomène. Elle fait remarquer que «ces départs ont concerné en grande majorité des collaborateurs qui ont 55 ans et plus», proches de l’âge de la retraite. Mais il faut aussi y ajouter toute la garde rapprochée, ou presque, de l’ancien président de Wafabank, Abdelhak Bennani, qui avait, lui-même, ouvert le bal.
Khalid Oudghiri a tenu à respecter la règle du mérite dans le nouvel organigramme
Le qualificatif de «volontaire» n’est pas approprié pour certains partants que nous avons pu joindre. A leur avis, il s’agit parfois de départs «volontaires provoqués», sachant qu’ils ont choisi de rendre le tablier «plutôt que de moisir dans un placard». Ils reconnaissent, toutefois, qu’en termes d’indemnités de départ, «la direction générale a été très équitable, voire généreuse».
Mais si, dans le cas de salariés proches de l’âge de la retraite, le départ volontaire peut se comprendre, que dire quand il s’agit de jeunes cadres. Certains mettent ces départs, peu nombreux, il faut le dire, sur le compte de l’incertitude ou encore de la déception, dans la mesure où ils n’ont pas pu accéder à des postes de responsabilité.
Et ce n’est pas seulement le personnel de Wafabank qui est dans ce cas. Un cadre supérieur de BCM nous confie: «Il y a des jours où nous (les cadres de BCM) avons l’impression que c’est Wafabank qui a racheté BCM et non le contraire». Cette réflexion reflète l’état d’esprit de certains cadres de BCM qui s’attendaient à être privilégiés dans le nouvel organigramme, mais Khalid Oudghiri a tenu à respecter la règle du mérite comme il l’avait, à plusieurs reprises, signifié aux cadres de la BCM.
A Wafabank, on est logé à la même enseigne. Avant le 15 mai, une situation d’attentisme, qui s’était même transformée par moments en une démotivation des troupes, prévalait.Un jeune responsable constate : «La démotivation de mes collaborateurs s’est fait ressentir de manière flagrante sur leurs performances durant les trois derniers mois». Constatant cette baisse de régime, il tente aujourd’hui de remobiliser son équipe, par ses propres moyens, «en attendant, dit-il, que la présidence nous épaule en nous donnant plus de visibilité».
Il n’y a pas que les «vieux» à avoir quitté…
Ce flottement explique d’ailleurs que les départs volontaires ont touché également de jeunes cadres titulaires et confirmés. Selon nos sources, il y en a eu aussi bien à Wafabank que dans ses filiales. C’est le constat que fait ce jeune directeur qui, à peine nommé, se retrouve avec une équipe amputée de cinq collaborateurs d’un coup, tous des jeunes, qui ont préféré quitter. En plus, fait-il remarquer, «je n’ai pas encore le feu vert pour recruter».
Cela dit, il faut relever que, depuis la convention du 15 mai, le discours, défaitiste, a quelque peu changé. D’ail-leurs un cadre supérieur de Wafabank pense que «certaines critiques ne sont en fait qu’un tir de barrage utilisé par des managers dont les performances sont insuffisantes».
Ce qui est sûr, c’est que les esprits se sont relativement apaisés par rapport à la situation d’il y a quelques semaines, c’est-à-dire avant la convention. Pour restaurer un esprit de conquête dans les rangs, le président Oudghiri en a profité pour présenter les nouvelles valeurs du groupe, la nouvelle identité visuelle et a demandé à chacun des 1 800 cadres présents ce jour-là de répercuter ces messages aux niveaux inférieurs de la pyramide. Depuis une semaine, les réunions se multiplient au niveau de chaque direction et, comme l’explique Wafae Guessouss, «dans une dizaine de jours, les 6 000 collaborateurs d’Attijariwafa bank auront une visibilité meilleure sur notre projet»
