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Fonds Mohammed VI : Le coup d’envoi est donné

Deux ans après l’annonce de sa création, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement va enfin entrer en service. Ces deux ans auront servi à la préparation du terrain pour son démarrage.

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«Fer de lance de l’investissement». C’est peu dire pour décrire la diversité et l’étendue de la mission du Fonds MohammedVI pour l’investissement dont le directeur général, Mohamed Benchaâboune, vient d’être nommé, mardi, en Conseil des ministres. Comble du hasard, c’est ce même Mohamed Benchaâboune, alors ministre de l’Économie et des Finances, qui a mis sur pied ce Fonds, a défendu l’opportunité de sa création devant les parlementaires et a veillé à mettre en place l’environnement juridique et réglementaire nécessaire à son entrée en fonction et qui a été choisi aujourd’hui pour présider à sa destinée en tant que premier DG.
Cela dit, pour comprendre le rôle central de cet instrument de l’État pour orienter la politique économique du pays et en assurer la pérennisation, il faut revenir à la note de présentation qui a accompagné le projet de loi portant sa création. Notons tout d’abord que l’idée de ce Fonds a été annoncée pour la première fois dans le discours du Trône, le 29 juillet 2020. Nous étions en pleine crise sanitaire et personne ne s’attendait alors à ce qu’à peine sortis de la pandémie, nous allions subir les effets d’une autre crise, autant sinon plus dévastatrice, avec le conflit russo-ukrainien. De l’anticipation? Oui. Mais, assurément, une vision stratégique claire. Dès le début de la pandémie, les règles de jeu de l’économie mondiale ont commencé à changer. La mutation des chaînes de valeur de l’économie, le repositionnement sur la carte économique mondiale, le retour à la souveraineté économique, surtout en termes de santé, énergie et alimentation, c’était le début d’un changement qui a été accentué deux ans plus tard par ce conflit en Europe centrale.
Deux décisions majeures avaient donc été prises à cette époque. Le lancement d’un plan de relance économique doté d’une enveloppe de 120 milliards de DH dont 75 milliards de crédits garantis par l’Etat destinés aux entreprises dont les EEP. La deuxième décision a été de créer un compte d’affectation spécial, le «Fonds d’investissement stratégique», qui a d’ailleurs été créé par décret le 12 août 2020. Ce Fonds a été doté initialement de 15 milliards de DH mobilisés dans le cadre du Budget général de l’État. Il a pour objet «la promotion de l’investissement et le relèvement des capacités de l’économie nationale, en dotant les secteurs productifs du soutien nécessaire et en finançant et accompagnant les grands projets, dans le cadre de partenariats public-privé dans divers domaines».

Une banque d’investissement
Cependant, lit-on dans cette note, pour que ce Fonds «puisse s’acquitter pleinement de sa mission, il a été décidé qu’il soit doté de la personnalité morale et des structures managériales adéquates, de manière à ce que, in fine, il s’impose comme un modèle de bonne gouvernance, d’efficience et de transparence». Quelques mois après, suite aux orientations royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement, le 9 octobre 2020, le ministère de l’Economie et des Finances a décidé de transformer ce Fonds d’investissement en une véritable holding publique, une SA dont le capital social est entièrement détenu par l’État, soit l’actuel «Fonds Mohammed VI pour l’investissement». Faut-il rappeler qu’il s’agit d’un mécanisme innovant de financement de l’investissement. Le Fonds prévoit, en effet, plusieurs déclinaisons régionales et sectorielles. En ce sens, il épouse parfaitement la ligne directrice de la nouvelle loi-cadre formant Charte de l’investissement, qui vient tout juste de franchir la première étape du processus législatif avec son adoption, mardi, à la Chambre des députés.
C’est donc un instrument de financement qui peut agir de différentes manières, soit par prise de participation directe dans des structures privées ou alors indirectement à travers l’appui aux entreprises. Concrètement, comme il a été précisé dans la loi 76-20 portant sa création, le Fonds est chargé d’exercer plusieurs activités. Il peut, entre autres, financer et accompagner les grands projets d’investissement comme il peut prendre, à travers les fonds sectoriels ou thématiques, des participations dans le capital des PME ou même des grandes entreprises publiques et privées opérant dans les domaines jugés prioritaires. Le Fonds peut également contribuer au financement des entreprises opérant dans ces domaines prioritaires par la mise en place d’instruments de financement appropriés (prêts remboursables, quasi-fonds propres…), le Fonds peut tout aussi bien contribuer à la conception et à la structuration financière de projets d’investissement, aux niveaux national et territorial.
C’est tout cela et bien plus. Dans le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement, on peut d’ailleurs lire qu’«à terme, le Fonds Mohammed VI pourrait évoluer vers une Banque publique d’investissement». Laquelle banque devrait regrouper l’ensemble des instruments existants d’appui au développement des entreprises (garanties, financement, investissement, accompagnement, promotion, etc.). Le Fonds, une fois son installation finalisée, ce qui a quand même pris deux ans, s’achemine vers un modèle opérationnel selon un schéma institutionnel souple et efficace. Cela d’autant que, contrairement à il y a deux ans, aujourd’hui c’est tout l’environnement économique, juridique, administratif qui favorise une entrée en service remarquable de cet instrument financier.