Affaires
Fiat tient le secteur automobile en haleine
Son départ videra les carnets de commandes des équipementiers n Renault et Peugeot promettent d’augmenter le volume de production de Kangoo et Partner.
Fiat met la pression sur l’Etat. La firme turinoise ne veut plus proroger de deux ans la convention la liant au Maroc pour la production de la voiture économique. Ses responsables ont fait clairement savoir au ministère du Commerce et de l’Industrie qu’ils cesseront le montage des Uno et Palio et Siena à la Somaca dès la fin décembre 2003, date à laquelle pend fin le contrat en cours. Les équipementiers ont aussi été informés. Simple menace pour obtenir plus d’avantages ou volonté ferme de quitter le Maroc après que Renault ait signé avec l’Etat une convention pour la production de sa voiture familiale ? Rien n’est encore clair. Mais si la firme italienne met sa menace à exécution, la Somaca pourrait enregistrer une baisse significative de son activité entre 2004 et fin 2005, début de production de la L90 du constructeur français, qui a acquis, en juillet dernier, 38% du capital de l’entreprise. Plus grave, les équipementiers, en particulier ceux qui travaillent pour la première monte, seront très affectés, avec de graves conséquences sociales.
Pour le moment, Fiat, en proie à d’énormes difficultés à l’international, maintient le suspense et promet d’annoncer sa décision définitive le 15 novembre. Les avis restent partagés entre ceux qui croient que les négociations ont effectivement pris fin avec sa décision de quitter la Somaca et ceux qui espèrent un coup de théâtre.
Fiat veut une protection douanière supplémentaire
Les premiers, dont les responsables du ministère de l’Industrie, affirment que des efforts ont pourtant été faits concernant 95% des demandes de Fiat, sans succès. Au sein de ce département, il est indiqué qu’on lui a même laissé la liberté de fixer les prix des voitures pour lui permettre d’améliorer sa rentabilité. De son côté, la Somaca, à la demande de Fiat, a octroyé des remises sur les forfaits de montage. Le réseau de concessionnaires a, quant à lui, accepté d’abandonner deux points sur sa marge unitaire.
Malgré ces concessions, le point d’équilibre selon Fiat ne serait pas atteint. Si l’on en croit les mêmes sources, la firme pose d’autres conditions comme le retour des prix de référence pour le calcul des droits de douane sur l’importation de véhicules neufs, alors que ceux-ci ont été supprimés en novembre 2001 conformément aux accords de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). De plus, l’Italien remet en cause l’accord donné à Renault de monter le VUL (véhicule utilitaire léger) avec banquette arrière, car celui-ci concurrencerait la Siena.
Pour éviter tout désagrément, le département de l’industrie continue de tenir des réunions avec les équipementiers pour tenter de trouver une issue à la crise.
Quid de la chaîne de montage ? Dans le cas où Fiat cesserait de produire dès cette année, le président de la Somaca, Larbi Belarbi, en bon manager, déclare qu’il dispose de solutions de rechange. Effectivement, le ministère de l’Industrie a déjà reçu l’accord des constructeurs Renault et Peugeot d’augmenter le volume de production de leurs VUL économiques, Kangoo et Partner, pour ne pas déstabiliser la chaîne de montage et ses fournisseurs. Reste à savoir s’il y a un marché. Autrement dit, le consommateur marocain acceptera-t-il d’utiliser un VUL comme voiture de ville ?
