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Affaires

EnR : 50% du chiffre d’affaires des entreprises perdus à cause de la pandémie

• 42% des entreprises estiment que la perte d’activité sera durable.
• Cette baisse a déjà entraîné une perte de 28% des emplois du secteur, détruits soit temporairement soit définitivement.
• Les TPME sont les plus impactées négativement.

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Entre 2016 et 2019, le secteur des énergies renouvelables a enregistré une progression constante, avec quelques entreprises ayant connu une croissance annuelle moyenne à deux chiffres. En 2020, ce ne sera pas le cas. Selon une enquête réalisée par le cluster solaire sur un échantillon de 500 entreprises issues des différents segments et activités EnR, l’impact de la crise sanitaire est tellement rude qu’un retour à la normale est prévu d’ici deux ans (voir interview). La croissance annuelle moyenne de 10%, réalisée par plusieurs opérateurs ayant fait part de l’échantillon relève donc du passé.
L’étude nous révèle qu’une baisse totale de la moitié du CA (-56% du CA) est prévue par les entreprises EnR en 2020. Dans le détail, environ trois-quarts des entreprises répondantes ont déclaré avoir enregistré des pertes d’au moins 25% du chiffre d’affaires. 26% disent avoir subi une perte aussi conséquente de 75% du CA et 42% estiment que cette perte d’activité sera durable. Cela dit, un focus sur quatre grandes entreprises «pure-players» des EnR a montré que non seulement la crise sanitaire a freiné la croissance de leurs activités, mais qu’une année blanche est prévue en 2020. Quoi qu’il en soit, aucune entreprise n’est épargnée par la crise, indépendamment de sa taille. Les grands groupes, aussi bien que les PME et les TPME, enregistrent globalement le même niveau de perte.

La diminution des commandes et la limitation des déplacements pointés du doigt

Les raisons essentielles de cette chute sont directement liées à l’état d’urgence sanitaire. 33% des entreprises interrogées l’expliquent par la diminution des commandes et 30% l’imputent à la limitation des déplacements. Sur le terrain, la baisse d’activité a déjà entraîné une baisse de 28% des emplois du secteur anéantis, soit temporairement soit de manière définitive. Un tiers des entreprises interrogées a même déclaré le départ définitif d’une partie de leur personnel. L’effritement de l’emploi est d’autant plus grave pour les petites et moyennes structures qu’elles ont perdu pas moins de 40% de leurs effectifs de façon temporaire ou définitive.
L’étude précise que l’effet sur l’emploi sera plus conséquent à court terme à cause de la perte de compétitivité et de la disparition de certaines structures fragiles comme les TPME. Celles-ci sont particulièrement affectées par la chute de l’activité, avec une baisse du nombre de personnel de 40%, dont au moins 10% sont perdus de manière définitive.

Les mesures d’appui ont été restrictives

De toutes les manières, cette situation fragilisera davantage et de façon durable le rendement des TPME. Structurellement, la plupart de ces entreprises sont sans apport de capital et n’ont pas accès au crédit facilement. Sans mesures de soutien, dit le rapport de l’étude, cette partie non négligeable du tissu des EnR qui est les TPME pourrait disparaître.
Seule une entreprise EnR sur cinq a bénéficié des aides mises en place par le Comité de veille économique (CVE). L’exclusion de certaines activités EnR de ces mesures d’appui et de relance renforcent un constat : les TPME souffriront encore du faible accès au crédit bancaire. C’est ce qui explique en gros la longue reprise qui se profile. En fait, seul 22% de l’échantillon s’attend à une reprise à la mi-2021. Le reste parle d’une reprise après deux ans, avant de «pouvoir revenir au niveau de 2019 et éponger les pertes liées à cette crise».chiffres clés
En tout cas, le cluster solaire propose trois axes pour diriger l’action publique au profit des entreprises des secteurs. Sur le plan fiscal, des mesures d’allègement, notamment concernant la taxe sur les importations, sont préconisées. Certains opérateurs demandent même une amnistie fiscale au cours l’année 2020. En ce qui concerne la demande, l’accélération de la commande publique, surtout celle relative aux grands chantiers en cours comme Noor PV II et Noor Atlas, donnera davantage de visibilité aux opérateurs. Aussi, au sein des établissements et entreprises publiques et dans les secteurs industriels productifs, encourager le recours aux EnR a déjà porté ses fruits. «Il faudra renforcer cette pratique», dit l’étude. Enfin, sur le plan institutionnel, le cadre législatif se caractérise par un nombre de chantiers en suspens. L’amendement de la loi 13-09, la loi sur l’efficacité énergétique, la loi sur l’autoconsommation ou la vente libre de la production EnR, etc. Autant de projets qui mettront de l’ordre dans le secteur et donneront plus de visibilité aux opérateurs.