Affaires
Consommation & investissement : Les deux moteurs de la croissance se rétablissent !
• La consommation des ménages poursuit son raffermissement.
• L’orientation favorable des revenus tire profit de l’excellente campagne agricole, la bonne tenue des transferts des MRE, la reprise des créations d’emplois et l’accroissement des crédits à la consommation.
• L’investissement maintient son redressement.

L’économie nationale consolide son rétablissement au terme des dix mois de l’année 2021. Les deux moteurs de la croissance, qui sont la consommation des ménages et l’investissement, retrouvent de la vigueur après de longs mois d’attentisme et des pertes historiques !
En effet, sur le plan de la consommation des ménages, celle-ci aurait poursuivi son raffermissement dans un contexte où les mesures restrictives ont été assouplies, suite à l’amélioration de la situation sanitaire. Cette situation s’explique notamment par les progrès significatifs de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Le raffermissement de la consommation des ménages a été soutenu par l’orientation favorable des revenus, tirant profit de l’excellente campagne agricole, la bonne tenue des transferts des MRE (+42,5% à fin septembre 2021), la significative reprise des créations d’emplois à 572 000 emplois rémunérés au T3-2021 (voir encadré), et l’accroissement des crédits à la consommation (+1,2% à fin septembre 2021) et ce, parallèlement à une évolution modérée de l’inflation (+1,1% à fin octobre 2021).
Deux indicateurs corroborent cette tendance, les crédits aux particuliers et les importations de biens finis de consommation. Pour le premier, à en croire les données de Bank Al-Maghrib, les crédits à la consommation se sont inscrits en hausse de 1,2% après une baisse de 2,1% à fin septembre 2020. S’agissant du deuxième indicateur, les importations des produits finis de consommation se sont raffermies de 37,3%, atteignant 91,5 MMDH, suite à l’augmentation des achats des voitures de tourisme (+59,9%), des parties et pièces pour voitures de tourisme (+42,5%) et des médicaments et autres produits pharmaceutiques (+66,3%), en relation avec les achats de vaccins anti-Covid. Ainsi, la part des achats des produits finis de consommation dans le total des importations passe de 21,5% à fin septembre 2020 à 23,9% à fin septembre 2021. A leur tour, les importations des demi-produits ont enregistré un accroissement de 24,3%, dépassant les 84 MMDH, en raison notamment de la hausse des achats des matières plastiques et ouvrages divers en plastique (+27%), des fils, barres et profilés en cuivre (+58,8%) et de l’ammoniac (+51,1%).
Au volet de la deuxième composante de la croissance qu’est l’investissement, ce dernier aurait maintenu son redressement, comme en atteste la poursuite de la hausse des importations des biens d’équipement (+13% à fin septembre 2021) et des recettes des IDE (+13,6% à fin septembre 2021) ainsi que la croissance de l’investissement budgétaire (+3,3% à fin octobre 2021).
Dans le détail, les crédits à l’équipement ont continué leur dynamique en atténuant la baisse enregistrée les mois précédents et pendant l’année 2020. En effet, l’évolution des crédits bancaires démontre le même constat. Bien qu’en glissement annuel, les crédits sont en recul des crédits à l’équipement (-2,7%) mais ils ressortent en atténuation par rapport au repli enregistré à fin août 2021 de 4,3%, après une croissance de 1,5% un an auparavant. Par ailleurs, selon l’OMPIC, 72 373 entreprises sont immatriculées au Registre de commerce à fin août 2021, soit une création d’entreprises en hausse de 53% par rapport à la même période de 2020. Ce qui veut dire systématiquement un effort d’investissement additionnel pour le tissu entrepreneurial.
Un autre signe de la reprise de l’investissement : les achats de biens d’équipement qui ont atteint 90,3 MMDH, en progression de 13%. Cette évolution s’explique, plus particulièrement, par l’accroissement des acquisitions des fils, câbles et autres conducteurs isolés (+29,1%), des moteurs à pistons (+19,6%), et des bandages et pneumatiques (+62,8%).
Grand baromètre de la dynamique industrielle, la valeur ajoutée du secteur manufacturier s’est accrue de 22,8% au deuxième trimestre 2021, après une baisse de 20,8% l’année précédente, sous l’effet des restrictions imposées à l’activité économique lors du confinement général. Compte tenu d’une hausse de 1,6% au T1-2021, la valeur ajoutée du secteur s’est améliorée en moyenne de 12,2% par rapport à fin juin 2020 et de 0,2% par rapport à son niveau pré-crise (fin juin 2019). Pour le troisième trimestre 2021, les derniers résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib auprès du secteur manufacturier font ressortir une amélioration de la production et des ventes, entre les mois d’août et septembre 2021, dans l’ensemble des branches d’activités, excepté pour la «mécanique et métallurgie» où elles auraient baissé. S’agissant des ventes, elles auraient progressé aussi bien sur le marché local qu’étranger. Grâce à une évolution favorable dans l’ensemble des branches, le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) s’est accru, au titre du troisième trimestre 2021, de 5 points en une année pour atteindre 71,7%, après une baisse de 5,7 points un an plus tôt. Comparé à la même période de 2019, la baisse de ce taux continue de s’atténuer pour se situer à -0,7 point, après -1,7 point au T2-2021 et -3 points au T1-2021. Au terme des neuf premiers mois de 2021, le TUC s’est raffermi de 9,3 points à 72,2%.
Aussi, l’investissement budgétaire marque-t-il une croissance notable sur fond de reprise et grâce aux efforts de l’Exécutif d’acter une relance rigoureuse. D’après les données de la DEPF, les dépenses d’investissement se sont accrues de 3,3%, par rapport à fin octobre 2020, pour atteindre 51,8 MMDH, enregistrant un taux de réalisation par rapport aux prévisions de la Loi de finances 2021 de 76%.
Le chômage en baisse
Le taux de chômage s’est replié au niveau national de 0,9 point entre les troisièmes trimestres de 2020 et 2021, pour s’établir à 11,8%. Il a diminué de 1,6 point à 5,2% au milieu rural et de 0,5 point à 16% au milieu urbain. Le recul du taux de chômage a concerné l’ensemble des catégories de la population, dont particulièrement les non-diplômés (-2,5 points), les personnes âgées de 35 à 44 ans (-1,7 point) et celles âgées de 15 à 24 ans (-1,3 point) à l’exception du taux de chômage des diplômés qui s’est maintenu. Cette évolution est intervenue dans un contexte d’accroissement de la population active occupée (+6,3%, après -5,4% un an plus tôt et une croissance moyenne de 1% durant les trois années pré-crise), un accroissement plus important que celui de la population active (+5,2%, après une baisse de 1,8% un an auparavant et une hausse moyenne de 1% au cours des trois années pré-crise). Ainsi, le taux d’activité au niveau national s’est élevé à 45,1% au T3-2021, après 43,5% au T3-2020, dépassant légèrement le taux d’activité de 44,9% du T3-2019. Le taux de l’emploi, quant-à-lui, s’est établi à 39,8%, en amélioration de 1,9 point par rapport à l’année précédente (37,9%), bien qu’encore en deçà de son niveau de l’année 2019 (40,7%).
Relance rigoureuse attendue pour les économies émergentes
Les économies émergentes et en développement devraient rebondir fortement en 2021 (6,4% après -2,1% en 2020, selon le FMI). Les rythmes de reprise s’annoncent relativement vigoureux en Asie (7,2%), menée par la Chine (8%) et l’Inde (9,5%), en Amérique latine (6,3%) et en Europe émergente (6%), tirée par la Turquie (9%). La croissance s’avère relativement moins forte en Afrique subsaharienne (3,7%) et dans la région Moyen-Orient et Asie centrale (4,1%).
Le rétablissement de ces économies est freiné par des vagues récurrentes de la pandémie et une vaccination plus lente de leur population. En effet, comparativement aux pays avancés, la plupart des pays émergents et en développement ont connu un déploiement lent des vaccins, à cause du manque d’approvisionnement et des restrictions à l’exportation. Par ailleurs, les pressions inflationnistes devraient persister dans certains pays, en raison des cours élevés des denrées alimentaires et des produits énergétiques et de la dépréciation des taux de change qui font grimper les prix des produits importés. Confrontées à des conditions de financement plus strictes et à un risque accru de désencrage des anticipations inflationnistes, les économies émergentes et en développement sont contraintes à retirer plus rapidement le soutien public à l’économie, malgré la persistance du risque pandémique et des pertes de production.
