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Affaires

Cinq milliards de dirhams pour développer la région d’Al Hoceima

Un plan de trois ans, chapeauté par le Souverain pour aligner la zone sur
le niveau d’équipement et de services des autres provinces du Nord
Trois actions principales : désenclavement, développement économique
et services à la population.

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Le plan de développement de la région d’Al Hoceima est fin prêt. Le séisme qui a frappé la région le 24 février aura eu au moins deux avantages. Le premier est qu’il a mobilisé les ressources pour mettre en place un plan d’urgence. Celui-là est la résultante directe de la catastrophe. Jusqu’à mardi dernier, tard dans la soirée, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, celui de l’Urbanisme et, entre autres, celui de l’Equipement ont tenu une réunion marathon pour définir les actions à mener dans la zone sinistrée. En principe, plusieurs propositions sont dans le pipe. Le projet est directement chapeauté par le Souverain.
Le deuxième avantage est qu’il donnera un coup d’accélérateur au plan de développement de la région. En effet, bien avant le séisme, une réunion s’était tenue le 22 janvier dernier à Al Hoceima. A l’ordre du jour, la mise en place d’une stratégie d’action pour la région.
Al Hoceima et sa région (le le Rif central) présentent en effet une particularité frappante. Le niveau du revenu par habitant place la province – là est le paradoxe – à un niveau supérieur à la moyenne nationale. Toutefois, en termes de croissance et de développement, la province est en retard par rapport à la région du détroit et à celle de l’Oriental. «Le caractère épars de l’implantation urbaine y est pour l’essentiel. Hormis Al Hoceima, il n’y a pas de centre urbain en bonne et due forme», note un haut responsable ministériel. Du coup, il fallait trouver une configuration géographique plus homogène pour lancer le plan de développement.
Le programme routier raflera l’essentiel de l’enveloppe prévue
A partir des travaux du Département de l’aménagement territorial, une conceptualisation géographique ne remettant pas en cause la carte administrative a été opérée. Cette configuration fait ressortir un axe territorial regroupant Chefchaouen, Al Hoceima et Taourirt. A partir de cette carte virtuelle, l’Agence du Nord a proposé trois actions principales.
Le premier axe de développement touche au désenclavement de la zone. Un plan de construction de routes a été ainsi mis en place. Pour l’essentiel, il repose sur le rattachement de Larache et Ksar El Kebir à Chefchaouen par une route directe. Et par là même, la construction d’une bretelle qui desservira Chefchaouen à partir de l’autoroute Rabat-Tanger. En outre, la rocade du nord figure parmi les projets les plus importants. Les difficultés de financement étant aplanies, la construction du tronçon Tétouan-Al Hoceima reprendra incessamment. A cela s’ajoute la relance du projet de route reliant Al Hoceima à Fès.
La réalisation de ces projets sera menée de manière synchronisée avec l’amélioration des services à la population. Il s’agit en fait du deuxième axe du plan de développement. Il concerne l’accélération et le renforcement de la qualité urbaine. Concrètement, il touche à l’électrification, à l’équipement en téléphonie, en éclairage public, en établissements scolaires et sportifs… Chaque ministère sera ainsi appelé à y mettre du sien.
Toutefois, améliorer la vie des citoyens ne se concrétisera pas sans qu’on garantisse le développement économique de cette zone. Ce qui renvoie à l’un des piliers majeurs du plan de développement. Et pour cause, l’harmonisation du niveau de croissance des différentes zones du nord sera difficile en l’absence d’un projet économique solide. Cela est d’autant plus important que, grâce à des projets structurants, notamment le port de Tanger-Med et la station balnéaire de Saïdia, les autres provinces du nord ont un potentiel de croissance réel par rapport à Al Hoceima qui ne dispose d’aucun projet d’envergure.
Il n’en demeure pas moins que le plan a un volet économique. Il concerne surtout la mise en valeur des secteurs productifs. A la base de cette mise en valeur, l’idée est de transformer la physionomie de la zone grâce à l’émergence d’un pôle économique tout le long de la rocade. Un schéma directeur est actuellement à l’étude pour identifier les centres urbains à créer. Ils seront au nombre de cinq. Cette démarche a pour objectif d’anticiper le développement de la région pour couper court à une croissance anarchique. Actuellement, ce projet est au niveau de la mise en place d’un comité de suivi central. Dès que ce dernier sera opérationnel, sa mission sera de délimiter les territoires qui peuvent avoir un caractère urbain. Ce n’est pas une tâche facile, mais des indices peuvent aider à la réalisation de cette mission.

5 villages de pêche seront créés le long de la rocade Tétouan – Al Hoceima
En effet, parmi les points retenus par le plan de développement, figure la création de cinq villages de pêche entre Tétouan et Al Hoceima. En plus des villages de Sidi Hssain et d’Oued Laou actuellement en construction, trois autres sont programmés (Martil, Fnideq et Beniourich). Le financement de ces projets est prêt. Une partie est budgétisée, le reste proviendra du Fonds Hassan II et de la coopération japonaise. L’enveloppe globale avoisine les 250 MDH.
Le plan économique comprend également le développement du tourisme rural. Selon des sources au ministère du Tourisme, l’opération consiste en la définition d’un PAT (pays d’accueil touristique) sur mesure pour le Rif central. Le PAT reposera ainsi sur le balnéaire et sur l’arrière-pays doté d’un parc forestier dont le développement a pris du retard et devant bénéficier d’un coup de pouce dans le cadre de la réalisation du plan global.
Notons enfin que le plan de développement devrait être réalisé en l’espace de trois ans et nécessitera une enveloppe globale de 4 à 5 milliards de dirhams dont l’essentiel sera consacré à la construction des routes