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Affaires

Ces entreprises marocaines qui investissent en Afrique

Les investissements marocains en Afrique dépassent 1,6 milliard de dirhams,
selon nos estimations.
Mines, télécoms, finance, BTP, plusieurs secteurs très capitalistiques
sont investis.
Il faudra cependant prendre en considération le niveau élevé
du risque pays.

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Depuis que le Maroc est entré dans la dynamique de la mondialisation, le volume des investissements directs étrangers (IDE) constitue un des indicateurs les plus suivis, dans la mesure où il renseigne sur la capacité de notre pays à drainer les flux d’investissements. Il est aussi un véritable thermomètre de la crédibilité du Maroc sur la scène internationale et de la perception qu’ont les grands investisseurs mondiaux de l’état de santé de notre économie.

Les banques commencent à se bousculer vers le Sud du Sahara
Mais le Maroc est-il condamné à vivre cette mondialisation dans un seul sens, celui d’un pays receveur de fonds et d’investissements ? Apparemment non, puisqu’il y a aujourd’hui des entreprises marocaines qui ont fait le chemin inverse, en allant investir hors des frontières. L’Afrique reste aujourd’hui la destination par excellence de ces entreprises, disons-le, pionnières en la matière.
Ainsi, depuis quelques années, bon nombre de sociétés marocaines ont pignon sur rue à Dakar, Nouakchott et autres capitales africaines. Sous réserve d’inventaire (difficile à établir car certains industriels marocains veillent scrupuleusement à ne pas ébruiter le montant de leurs investissements à l’étranger), le volume des capitaux privés marocains investis en Afrique (mis à part les prêts ordinaires et avances en comptes courants) aurait atteint 1,6 milliard de DH.

Plusieurs grandes entreprises ont tenté le coup.
Maroc Telecom a acquis le contrôle de Mauritel début 2001 pour la somme de 48 millions de dollars (approximativement 510 MDH).
Managem exploite plusieurs mines au Niger, en Guinée, en Côte d’Ivoire. Il a également des projets au Burkina Faso et ce par l’intermédiaire de la société canadienne Semafo (Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest) qu’elle a acquise en deux temps (2000 et 2002). Même si l’argent ayant servi à contrôler cette firme a migré au Canada, l’on peut considérer qu’il incarne un investissement en Afrique puisque Semafo ne travaille que sur ce continent, comme l’indique d’ailleurs sa raison sociale. Le montant de l’investissement direct de Managem dans cette dernière avoisine les 350 MDH.
Le groupe Châabi, quant à lui, s’est lancé dans l’aventure africaine depuis plusieurs années. Au Sénégal, il vient de signer une convention avec l’Etat pour la construction de logements sociaux. En Côte d’Ivoire, il continue son développement malgré l’épisode fâcheux de la guerre civile. Tandis qu’en Egypte, il s’est impliqué dans plusieurs projets touristiques. On parle de quelque 400 MDH.
Pour sa part, la BCP détient des filiales assez anciennes dans deux établissements de crédit : la Banque populaire maroco-guinéenne, qu’elle contrôle à hauteur de 54 % et dont le prix d’acquisition était, à fin 2002, de l’ordre de 84 MDH (porté à 135 MDH après une récente augmentation de capital) et la Banque populaire maroco-centrafricaine, dont elle détient 57,5 %, pour un investissement de 11 MDH.
Il est à rappeler que ces deux participations, montées à la demande de l’Etat, revêtirent au départ un caractère purement politique. Mais il semble que ces deux expériences sont profitables au groupe, qui compterait s’impliquer davantage en Afrique subsaharienne, où il pourrait contribuer au développement du modèle bancaire coopératif et y apporter son savoir-faire.
On note également la présence du Groupe BMCE Bank, dont le volume d’investissement en Afrique totalise 70 MDH. Ce montant est réparti principalement entre le Mali, où le groupe détient 22 % de la Banque de développement du Mali, avec un montant de 61 MDH, et le Sénégal, où BMCE Capital vient d’implanter, moyennant quelques millions de dirhams, une filiale qui prendra en charge les activités de banque d’affaires. Le reste étant constitué de deux participations mineures dans des établissements de crédit.
Wafabank s’intéresse également de plus en plus à l’Afrique. Au Maghreb, elle est déjà présente dans le capital de la Banque internationale arabo-tunisienne avec un investissement de 66 MDH.
La RAM, elle, a pris sous son aile Air Sénégal international, en en rachetant 51 % à l’Etat en 2001, pour une transaction de 81 MDH.

Opportunités intéressantes dans la concession des services publics
Au total, ces investissements se montent à 1,6 milliard de DH. On remarque que les secteurs des mines et des télécoms sont prépondérants pour une raison assez évidente : devant une saturation manifeste d’un secteur donné, il est tout à fait pertinent d’aller exploiter des ressources et des débouchés à l’étranger. Une ouverture aurait pu être trouvée dans la concession de services publics si le duo marocain ONE-Somed, rangé aux côtés de Vivendi en 2001, avait trouvé un accord avec le gouvernement du Sénégal pour l’achat de 51 % de la Senelec (Société nationale de l’électricité). L’offre initiale était de 1 milliard de DH, dont plus de 300 MDH pour la partie marocaine. Gageons toutefois que cette première tentative infructueuse sera suivie d’autres sorties plus heureuses, tant le calendrier de privatisations du secteur de l’énergie en Afrique est chargé.
Rappelons par ailleurs qu’outre ces interventions au titre des investissements directs ou de portefeuille, la présence marocaine en Afrique se décline aussi sous forme de contrats d’assistance, de réalisation d’études ou de travaux pour le compte d’établissements publics africains. Mais ce genre d’actions, qui se limite à l’envoi d’équipes sur place afin de s’acquitter de la mission, ne se matérialise pas toujours par une sortie de capitaux conséquents de notre pays. Le CID (Conseil en ingénierie et développement), l’ONAREP et autres opérateurs privés ont ainsi décroché bon nombre de contrats, par le passé, dans le secteur des infrastructures principalement. Les plus prudents d’entre eux ne soumissionnent que pour les projets financés directement par des organismes internationaux.
Il semblerait que l’Afrique commence à susciter l’intérêt de nos entrepreneurs. La tendance de nos investissements dans ce continent le confirme, la proximité géographique et culturelle le suscite et les opportunités qui y existent l’encouragent. Mais n’oublions pas que l’Afrique peut aussi effrayer par les événements sanglants qui secouent certaines de ses régions. Partant, le risque-pays y est très élevé.