Carrière
Passion, réussite, projets… Ce qui nous motive au travail
Les exemples de réussite où la passion guide nos choix professionnels,
mais la réalité est souvent tout autre.
On se découvre de nouvelles vocations tout au long d’une carrière.
La fièvre d’un projet en chantier, la réalisation de soi ou encore
l’ambition sont de puissants moteurs de satisfaction.

Demandez à un petit garçon ce qu’il veut faire dans l’avenir. Beaucoup opteront pour le football. Explications : plus que les grands hommes politiques ou les patrons des grandes entreprises, les stars du ballon rond sont riches, respectées et élevées au rang de mythe vivant. Qui ne rêve pas d’être à la place d’un Zidane ou d’un Ronaldo ? Sur la place, beaucoup sécheraient les cours pour suivre les traces d’un Guerrouj devenu, grâce à son inépuisable souffle, un héros national.
Des études sur mesure ne garantissent pas l’accès au métier désiré
Le parcours de Nawal Al Moutawakil qui, grâce à une médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1984, a même eu droit à un siège de ministre, fait rêver plus d’une. Pour être plus simple, nous avons tous, à un moment, aimé être enseignant, militaire, médecin, pilote ou banquier, tout simplement parce qu’on est séduit par un de ses professeurs, un voisin ou un parent proche. Pour l’anecdote, un haut cadre de banque nous confiait que, durant son adolescence, il avait toujours aimé devenir chauffeur de camion parce qu’il adorait ce sentiment de liberté perçu chez les routiers.
C’est dire que les motivations guidant le choix de telle ou telle voie professionnelle naissent souvent du désir de suivre les traces d’une personne dont la réussite est exemplaire ou d’une idole. Parfois, c’est tout simplement la passion qui guide nos choix. Très jeune, Abdelwahab Kadiri, DG de Tandem, une agence de conseil en communication, avait été attiré par le monde des médias, il a fini par créer sa propre société, après s’être fait la main dans le secteur. Pour lui, le rêve est bien devenu réalité. Il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres.
Cependant, très souvent, tout ne se passe pas comme prévu, soit parce qu’on ne dispose pas du potentiel physique ou intellectuel requis, soit parce que l’un des parents a décidé de tracer pour son fils une voie qu’il aurait aimé suivre lui-même.
Bref le parcours menant à un métier est loin d’être linéaire. Même le fait de suivre des études ou une formation sur mesure ne garantit pas la réalisation des vœux.
On peut éprouver du plaisir, même dans un domaine qu’on n’affectionne pas
Par un simple concours de circonstance ou du fait que le marché de l’emploi n’offre pas suffisamment d’opportunités, beaucoup atterrissent dans des secteurs ou exerce un métier auquel ils n’ont jamais pensé. En effet, difficile de s’en tenir à la passion quand il est indispensable de disposer du minimum pour vivre. En clair, nous sommes nombreux à vouloir s’assurer une indépendance financière au départ. Parfois, on se découvre une nouvelle vocation, une fois la vie professionnelle bien entamée. Assureur au départ, Ali Serhani est désormais consultant en ressources humaines. La passion pour le conseil est mue par le désir de se fixer toujours une nouvelle frontière, d’apprendre, de trouver des solutions à ses clients. C’est aussi le même état d’esprit qui pousse Abdelwahab Kadiri à ne vivre que pour la pub. En somme, il faut certes une bonne fiche de paie et de la reconnaissance, mais «la productivité, l’implication et l’investissement de soi sont bien meilleurs lorsqu’une personne exerce un métier ou opère dans un environnement qu’elle aime», explique Abdelkrim Guerchachi, DRH de Managem.
Que dire alors de ceux qui n’ont pu suivre la voie dont ils ont rêvée ? sont-ils malheureux au travail ? Que nenni. De fait, en faisant le constat que rares sont ceux qui ont fait ce qu’ils voulaient réellement, on ne peut que se rendre à l’évidence. On peut se découvrir de nouveaux rêves, des passions inconnues. Un confrère nous confiait récemment qu’il a trouvé dans le journalisme un formidable moteur de «jouissance professionnelle». «Le fait d’enquêter, de découvrir mais également ce pouvoir qui vous donne accès à des personnes que le citoyen lambda serait bien en peine de connaître, a quelque chose de grisant». Et auparavant ? «Auparavant j’étais dans l’événementiel. La satisfaction de réussir un salon vaut toutes les heures passées à trimer». Bref, on l’aura compris. Dans chaque boulot il y a une part de réalisation personnelle qui pousse à être performant. Parfois aussi c’est l’ambition qui donne des ailes, et les exemples sont nombreux à ce sujet.
Plus simplement, un plan de carrière bien élaboré peut tout aussi être le moteur de la performance. Encore faut-il accepter de passer par pertes et profits tous les tracas qu’on est obligé de rencontrer quotidiennement. Bref, l’idéal n’existe pas. On peut éprouver du plaisir à travailler, même dans un domaine qu’on n’affectionnait pas au préalable, si l’on arrive à trouver un angle susceptible d’améliorer l’image que l’on s’en fait.
