L’intérim n’est plus synonyme d’emplois précaires

Le marché est en croissance, mais n’est pas encore tout à fait organisé. L’essentiel des besoins est exprimé par les grandes entreprises qui se sont détournées des sociétés informelles et leur demande ne se limite plus au personnel sous qualifié. Qualiticiens, financiers, ingénieurs télécoms sont, entre autres, des profils recherchés pour des missions limitées dans le temps. Cependant, il faut encore convaincre les demandeurs d’emploi de l’intérêt de la formule. Pour le moment, même si les personnes aguerries sont de plus en plus nombreuses à postuler, les jeunes qui sont à la recherche d’une première expérience sont les plus intéressés, fait remarquer Nadia Nasreddine, DG de 3 N Group, qui explique dans cette interview l’évolution du marché.

Comment se porte le marché de l’intérim actuellement ?

Le marché se porte bien. Il fut un temps où n’importe quelle société pouvait prétendre faire de l’intérim, profitant ainsi du manque de contrôle de la part des autorités pour opérer dans la clandestinité et l’illégalité absolue. Ce genre de pratiques n’a pas complètement disparu sauf que ce sont maintenant les entreprises qui choisissent les sociétés d’intérim sérieuses. Celles-ci sont désormais jugées sur la qualité de leurs prestations.
De manière générale, ce sont les grandes entreprises marocaines ou internationales qui expriment le plus le besoin de recourir à l’intérim. Pour les PME, il y a encore de la sensibilisation à faire.

Qu’en est-il des candidats ?

Chez les jeunes, les profils de niveau Bac qui postulent, par exemple, pour des postes de technicien, de secrétaire n’ont pas de problème à accepter un job d’intérim.
Chez les diplômés, on enregistre de plus en plus de demandes émanant des titulaires d’un Bac+2, alors que les titulaires d’un Bac+ 4 et plus sont au départ réticents à l’idée de faire de l’intérim. Mais quand l’entreprise de travail temporaire joue son rôle de sensibilisation et leur explique l’intérêt de la démarche et les avantages qu’elle procure, ils acceptent plus facilement.
De ce fait, l’intérim commence à prendre surtout chez les jeunes qui sont à la recherche d’une première expérience. Cet intérêt s’explique par le fait que ce choix professionnel est un moyen pour étoffer aussi bien son CV que ses compétences et d’assumer de réelles responsabilités au sein de l’entreprise.

Quels sont les profils les plus demandés ?

La main-d’œuvre qualifiée est toujours demandée : manutentionnaires, chauffeurs, techniciens spécialisés…
Actuellement, on sait par exemple qu’il y a une forte demande sur les comptables et les  financiers lors des périodes de bilan. Mais il y a aussi des besoins parallèles pour d’autres fonctions comme les qualiticiens, les assistantes ou autres. Avec l’offshoring, les ingénieurs télécoms et spécialistes en réseaux sont également sollicités. L’intérim n’est plus synonyme d’emplois précaires.
Nous enregistrons des demandes plus que d’habitude pour des spécialistes en import-export. Par contre, les commerciaux sont plus difficiles à trouver car c’est la connotation CDD qui leur fait peur. Généralement, c’est une population qui prétend à des plans de carrière, et par conséquent veut de la stabilité. Du moins pour une bonne période.

Qu’en est-il des secteurs ?

On remarque que les secteurs s’ouvrent de plus en plus à l’intérim et ce n’est plus l’industrie qui accapare cette population. Aujourd’hui, les banques, les télécoms et généralement les sociétés de service font appel de plus en plus aux intérimaires.
Nous avons également des demandes dans le textile pour des postes de chef de chaîne, spécialistes en finition.

Et la formation ?

Parmi les doléances des entreprises, figure en premier lieu l’inadéquation poste/profil. C’est pourquoi nous avons créé notre propre centre de formation où nous dispensons des formations gratuites à nos intérimaires. Cela va à des formations techniques pour des agents aux formations de développement personnel pour des postes plus importants.