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Carrière

Intéressement aux bénéfices : les entreprises manquent d’idées

Bonus, prime de rendement, prime de bilan, prime sur objectif, prime selon la croissance du chiffre d’affaires, 13e mois, les entreprises se cantonnent aux formules classiques. Seules des sociétés cotées, principalement du secteur financier, ou encore des filiales de multinationales, pratiquent l’actionnariat salarié.

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Dans le monde, de plus en plus d’entreprises se mettent à l’actionnariat salarié ou servent une portion de leurs bénéfices à leurs collaborateurs. Ces décisions s’inscrivent dans une vision stratégique de motivation et d’amélioration du climat social. Plus largement, elles permettent, pense-t-on, d’améliorer la performance collective et in fine de contribuer au développement de l’entreprise. En France par exemple, il a été démontré à travers des enquêtes fréquemment menées que les entreprises qui ont mis en place un dispositif d’intéressement obtiennent des performances supérieures de 20 à 30% à celles qui n’en ont pas. Les indicateurs retenus restent souvent financiers (pour 70 à 80% sur le résultat, le chiffre d’affaires, la marge brute…). Mais les critères qualitatifs, souvent proches du terrain, sont également importants (dans 40 à 50% des cas, sur un niveau de productivité, la qualité, le présentéisme…). Quant au climat social, la majorité des entreprises estiment qu’il est bonifié par l’intéressement.
Il faut dire aussi que l’ouverture du capital comme mode d’intéressement demande beaucoup de maturité professionnelle, parce que cela permet aux salariés d’avoir indirectement un droit de regard sur la gestion de l’entreprise.

Au Maroc, des actions similaires sont engagées mais sont, de manière générale, le fait d’entreprises cotées et de filiales de multinationales. En effet, les questions d’intéressement et de stocks-options restent encore tabous et les dirigeants sont réservés quant à leur efficacité. Dans le cadre des enquêtes de rémunération annuelles réalisées par quelques cabinets de la place, on trouve généralement que les entreprises qui ont mis en place ce genre de dispositifs ne dépassent pas les 3%.

Il faut dire aussi que les employés n’en font pas une revendication salariale car il n’y a pas de cadre juridique dédié. En France, par exemple, la participation est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés et le montant des primes de participation versées aux salariés varie en fonction des résultats annuels de l’entreprise. Elles sont investies notamment en valeurs mobilières (actions de l’entreprise, parts de Société d’investissement à capital variable, Sicav, ou de fonds communs de placement d’entreprise, FCPE).
Houcine Berbou, consultant associé au sein du cabinet LMS-ORH, tient à préciser que «les entreprises se limitent aux bonus, primes de rendement, prime de bilan, primes sur objectif, primes selon la croissance du chiffre d’affaires, le 13e mois… comme formes d’intéressement». Et de continuer : «D’autres mécanismes, plus volontaristes, peuvent aller jusqu’à associer les salariés dans le capital à travers la cession de parts ou d’actions de l’entreprise ou la distribution gratuite des actions aux collaborateurs les plus méritants».

Le plan d’épargne entreprise est peu vulgarisé

Bien évidemment, toutes les entreprises peuvent mettre en place un accord d’intéressement, quelles que soient leur taille, la nature de leur activité et leur forme juridique même si on reconnaît qu’il sagit de mécanismes financiers très compliqués à mettre en place. Les PME, par exemple, n’ont ni le savoir-faire ni les ressources nécessaires pour mettre en place de tels mécanismes. Néanmoins, elles peuvent toujours recourir à d’autres formes de motivation comme les rémunérations variables classiques (primes exceptionnelles, bonus, primes de productivité ou de performance…).
L’un des rares mécanismes mis en œuvre est le plan d’épargne retraite. Et le plus souvent, il n’est proposé qu’aux cadres. «Les employeurs ont trouvé dans cette formule un levier précieux de motivation et de fidélisation des salariés d’autant plus qu’elle permet à l’entreprise la déduction des cotisations patronales du résultat net imposable à l’IS», poursuit M. Berbou.
Autre formule qui peut être offerte, le plan d’épargne d’entreprise (PEE) permettant au personnel de constituer, avec l’aide de leur entreprise, une épargne complémentaire à moyen terme, et ce, dans un cadre fiscal et social avantageux. Au regard de la législation, l’abondement (montant versé par l’entreprise) n’est ni considéré comme complément de salaire, ni imposable sur le revenu sauf lorsqu’il dépasse 10% du montant annuel du salaire imposable. Les verments servent à acquérir un portefeuille constitué d’actions et de certificats d’investissement, inscrits à la cote de la Bourse de Casablanca, émis par des sociétés de droit marocain, ainsi que de titres d’OPCVM actions et de droits d’attribution et de souscription afférents auxdites actions. Les revenus et profits réalisés par le portefeuille de valeurs mobilières sont totalement exonérés. Cependant, les versements  sont plafonnés à 600 000 DH, et les sommes épargnées sur le PEE indisponibles pendant au minimum 5 ans. De même, les produits générés par le portefeuille doivent être conservés pendant une période égale.

Introduit par la Loi de finances 2013, ce dispositif est insuffisamment vulgarisé tant par les entreprises, concernées au premier chef, que par les acteurs du marché boursier. Mais pour commencer, il faut que les employeurs comprennent qu’une entreprise ne peut être performante que si les collaborateurs profitent des résultats, même si le volet pécuniaire n’est pas le seul levier à actionner.