Carrière
Créer son entreprise ? Il faut une mentalité de gagnant
Indépendance, recherche d’un statut plus valorisant sont des motivations
à l’entrepreneuriat.
Plus que les compétences techniques, la culture de la réussite est
déterminante dans l’acte d’entreprendre.
Le soutien d’un mentor ou d’un coach peut vous aider à dépasser
vos inhibitions.

«Je viens de créer mon cabinet de consulting», répond, tout sourire, B.S., ancien cadre dans une société publique, qu’une vieille connaissance interrogeait sur son avenir. B.S. a fait le grand saut. A un peu plus de 50 ans, il a profité, à l’instar de beaucoup d’autres quinquagénaires salariés de sociétés privées ou publiques, des opportunités financières offertes par les départs anticipés à la retraite pour lancer leurs propres affaires. Pour continuer leur vie active, la plupart choisissent le chemin le plus court : la création d’un cabinet d’expertise dans leur domaine de prédilection, entre autres les ressources humaines, la finance, l’informatique et le marketing. Aujourd’hui, ces quinquas, qui n’ont parfois pas d’autre choix pour se maintenir en activité, ne sont pas les seuls à se lancer dans l’initiative privée. Faute de statistiques, on ne sait pas exactement combien de salariés quittent leur emploi pour l’entrepreneuriat, mais une tendance existe, notamment dans «la tranche d’âge de 30 à 45 ans» , assure un chargé de mission d’une société de capital risque.
Ils se lancent avec la certitude d’avoir des satisfactions que leur emploi ne peut pas, ou plus, leur procurer
Qu’est-ce qui motive un salarié confortablement «installé» à se lancer dans l’inconnu ? Pêle-mêle, on trouve la recherche de l’indépendance, l’accomplissement d’un rêve, la quête d’une nouvelle aventure, la recherche d’un statut plus important… «Il y en a aussi qui, de par leur éducation, ont la fibre entrepreneuriale qui les pousse à aller au bout d’eux-mêmes dans des projets qu’ils jugent plus importants que leur emploi salarié», relève Mouslime Kabbaj, président d’IS Force, cabinet de formation, de consultance et d’expertise.C’est l’exemple de Riad Lazrak, DG de Trash Communication, qui voulait réaliser un projet qui corresponde à ses aspirations, mais aussi expérimenter une autre façon de communiquer en direction des Marocains. Quant à Abdelhaï Lazrak, il a franchi le pas après avoir travaillé 25 ans au sein d’une banque. Yasmina B. a, pour sa part, abandonné un poste intéressant dans une entreprise de communication pour démarrer une affaire de distribution de produits de beauté, ce qui, dit-elle, lui permet de mieux s’occuper de ses deux enfants.
Quelles que soient les motivations, gageons que tous les salariés qui se lancent dans la création d’entreprise ont la certitude que leur nouvelle voie leur offrira des satisfactions que leur emploi ne leur offre pas ou peut-être plus.
A côté de ceux qui ont mis la main dans le cambouis, combien y a-t-il de salariés qui en sont restés au stade des intentions. Personne ne sait. On peut avancer qu’il nous est tous (salariés) arrivé de vouloir nous mettre à notre compte. Mais il y a un frein beaucoup plus important que les contraintes administratives, les obstacles financiers ou l’absence de marché : c’est la barrière psychologique, la peur de l’échec ou du lendemain. En effet, en se passant de son emploi, on renonce en même temps à la sécurité financière, même s’il n’est pas permis à tous de vivre une vie de nabab avec un salaire. Quand on entretient une famille, la peur peut encore être plus grande.
Il est toujours possible de rebondir après un échec si l’on fait preuve d’opiniâtreté
Du coup, pour commencer en toute sérénité, on doit réunir toutes les conditions pour minimiser les risques. Il est évident que pour entreprendre, la maîtrise d’au moins quatre domaines, à savoir les compétences techniques, la gestion de l’activité, le management des hommes, la technique commerciale, est nécessaire. Des ressources financières suffisantes sont également requises.
Mais le plus important, c’est d’avoir les ressources mentales. «Si l’on n’en dispose pas, on peut être en proie au doute dès le départ, ce qui entraîne un stress négatif et l’incapacité de se concentrer sur ses affaires» , fait remarquer M. Kabbaj. En somme, il faut d’abord être sûr de soi. Riad Lazrak, qui n’avait pourtant qu’une expérience professionnelle de cinq ans, dit qu’il n’a jamais eu peur de l’échec. Autrement dit, il faut cultiver un esprit de gagnant. Quand on ne peut pas y arriver soi-même, l’assistance d’un mentor, d’un parrain ou d’un coach peut être d’un grand secours. Ces soutiens permettent de déterminer le champ du possible, d’identifier les points forts et de les mettre en valeur. Ce n’est qu’en discutant qu’on peut ressortir l’énergie qui sommeille an chacun de nous. A ce titre, le président d’IS Force certifie qu’il n’y a pas d’âge pour la création d’entreprise. C’est la volonté de réussir qui est déterminante. Toujours est-il que, quand le promoteur constitue la seule source de revenus pour sa famille, l’avis favorable de cette dernière est indispensable pour construire un environnement psychologique favorable car un échec sera ressenti par tout le monde. Et quand cela arrive, l’erreur est d’en faire un drame personnel. Il est toujours possible de rebondir si l’on fait preuve d’opiniâtreté pour peu qu’on arrive à tirer tous les enseignements. Abdelhaï en est un parfait exemple. Après avoir perdu ses illusions dans le textile, il a recommencé à zéro dans la formation et le recouvrement, non sans succès
