Affaires
Bank Al Maghrib épingle les banques pour dumping
Le taux du crédit spot avoisine 4 % L’Institut d’émission recommande aux banques de ne pas descendre en-dessous de 4,75 %.
Le système de financement de l’économie n’en est pas à un paradoxe près. Il y a une décennie, les entreprises étaient quasiment dans l’impossibilité de financer leur développement eu égard au déficit de ressources financières sur le marché bancaire. Aujourd’hui, c’est au tour des banques d’étouffer à cause de la surliquidité. Un constat sans ambages : la réforme financière mise en œuvre depuis plusieurs années n’a toujours pas abouti aux résultats escomptés.
Pour les banques, obligées de décourager les dépôts rémunérés (voir en pages 20 et 21), le problème se résume maintenant en un seul point : que faire des ressources ? En attendant de recevoir de «bons projets», elles ont naturellement cherché à exploiter au maximum des niches porteuses et relativement peu risquées, l’immobilier entre autres.
Les grandes entreprises en profitent
Dans ce domaine, la bataille est sans merci. La surenchère a été telle que Bank Al Maghrib a fini par taper du poing sur la table pour attirer leur attention sur les risques de fragilisation du système.
L’Institut d’émission les a également fermement con-seillées de ne pas consentir des crédits spot à moins de 4,75%. Cette injonction fait suite à des taux très bas constatés pour ce genre de crédit à court terme. «Il est possible de se financer à 4% ou même un peu moins», confient d’ailleurs plusieurs financiers de grandes entreprises qui profitent bien du contexte contrairement à la majorité des PME. Ce taux se situe pratiquement en dessous des taux des avances à 5 jours de Bank Al Maghrib (4,25%) censées servir, à côté des taux, des avances sur appel d’offres, de référence au loyer de l’argent. On peut ainsi dire que l’intervention de l’Institut d’émission a un double sens: limiter les dégâts et éviter que les entreprises, pour la plupart sous-capitalisées, ne continuent de profiter de la situation en oubliant d’effectuer pour de bon leur restructuration financière.
Malgré les sorties de Bank Al Maghrib qui, pour éponger une partie des liquidités, vient d’ailleurs de relever le taux de la réserve monétaire à laquelle sont assujetties les banques de 14 à 16,5 % de leurs dépôts à vue et de porter la rémunération de ces avoirs à 0,75 % au lieu de 0,50%, le prix du crédit spot reste toujours bas. La parade trouvée est simple : inscrire un taux légèrement supérieur à 4,75 % sur le papier et accorder une ristourne pour ramener la facture finale à 4 %. La raison de cet entêtement : «Pour les mêmes échéances, il est préférable de prêter à une entreprise à ces prix que d’accepter un point de moins pour un papier émis par le Trésor», explique un banquier. Il estime que le marché restera liquide pour au moins six mois à un an, le temps que tous les projets publics et privés relatifs à la stratégie touristique et à la candidature du Maroc à l’organisation de la coupe du Monde 2010 connaissent un début de réalisation
