Affaires
Aviculture : les éleveurs ont du mal
Ils demandent une baisse des droits de douane sur les intrants
Pour le ministère de l’Agriculture, le contrat-programme en préparation
est le seul moyen pour régler les problèmes du secteur.

Comme chaque année, le marché du poulet connaît des perturbations avec l’avènement de Aid Al Adha. L’offre dépasse de loin la demande qui s’essouffle une semaine avant la fête. Cette tendance à la baisse se poursuit durant les quinze jours suivants. Le poulet est vendu, au cours de cette période, à un prix inférieur à son coût de revient qui se situe entre 12 et 12,50 DH le kilo à la ferme, soit environ 10 DH. Les éleveurs ont soulevé ce problème récurrent, lors d’une réunion tenue la semaine dernière avec les pouvoirs publics. Comment réguler alors ce dysfonctionnement conjoncturel ?
Pour la Fédération Industrielle du secteur avicole (FISA), l’activité, qui représente un chiffre d’affaires de 12 milliards de DH, est dans une mauvaise passe. «Il est difficile d’agir sur le prix de revient en raison de deux facteurs : le poids des droits de douane et le coût mondial des intrants notamment le maïs et le soja qui a fortement augmenté au cours des dernières semaines», explique-t-on à la FISA. Actuellement les droits de douane plus la TVA représentent environ 400 DH/t.
Le coût de l’aliment composé a augmenté de 15 cts/kg en janvier.
A cette taxe, il faut ajouter l’impact de la hausse des cours du soja et du maïs enregistrés sur le marché mondial. Le prix du Soja à augmenté de 650 DH la tonne et le maïs est passé à 1 800 DH pour la même quantité. Si les provendiers (fabricants d’aliments composés) ont répercuté les variations puisqu’ils ont augmenté leurs prix de 15 et 10 centimes par kg en janvier et février, les éleveurs n’ont pu en faire autant. «Nous travaillons à perte et estimons que les pouvoirs publics devraient aider le secteur à surmonter ses problèmes», disent-ils. Par conséquent, ils suggèrent avec insistance à leur ministre de tutelle de réduire les droits de douane sur les intrants de sorte qu’ils soient compétitifs.
Le contrat-programme aura une durée de 10 ans
Au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, on pense différemment. Hassan Benabderrazik, secrétaire général, explique que «le dysfonctionnement actuel du marché ne peut être justifié par les droits de douane. Donc, il faut reconnaître que ce ne sont pas des mesures conjoncturelles qui vont permettre de résoudre ce problème. Il faudra plutôt envisager des mesures structurelles pour instaurer une stabilité de l’offre, des prix et du marché». Il milite pour la mise en place de mécanismes précis devant permettre une régulation de l’offre sur le marché. Il est alors aisé de deviner la décision du ministère de l’Agriculture qui doit rencontrer, vendredi 13 février, la Fisa. En clair, celle-ci a peu de chance d’obtenir une réponse favorable à sa demande.
Le secrétaire général du ministère se veut catégorique : «On ne peut décider comme cela d’une baisse des droits de douane», souligne-t-il. Les professionnels, eux, s’interrogent: «Pourquoi cela a été possible pour le blé, et par deux deux fois, à l’automne dernier, et pas le maïs et le soja ? Il y a là deux poids deux mesures !»
Pour le ministère de l’Agriculture l’argument est autre : «Nous invitons les professionnels à nous prouver qu’il y a un lien direct entre le dysfonctionnement du marché et la taxation douanière car nous pensons qu’il n’y en a pas».
La solution préconisée par le ministère doit s’inscrire dans le cadre du contrat-programme du secteur avicole actuellement en cours d’élaboration. La Fisa qui a soumis ses propositions a déjà eu une réunion à ce propos avec le Premier ministre et devait rencontrer, jeudi 12 février, Mohand Laenser, ministre de l’Agriculture.
Un centre de formation sera créé près d’El Jadida
La première mouture de ce contrat devra être formatée par le Département des affaires économiques. Elle comprend, selon les professionnels, des mesures structurelles concernant divers aspects de l’activité avicole notamment les aspects techniques, sanitaires et de formation. La formation étant un axe important de la mise à niveau du secteur, le contrat-programme prévoit la création d’un centre de formation dans la région d’Ain Jemâa à une vingtaine de kilomètres de Casablanca. La durée de ce contrat-programme n’est certes pas déterminée, mais elle pourrait, selon les professionnels, s’étaler sur une dizaine d’années. En attendant, les professionnels s’inquiètent de la situation de leur secteur et sont impatients de connaître la décision du ministère. Affaire à suivre…
