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Autoévaluation, RSE, intégration des femmes… le chemin est encore long pour les sociétés marocaines

Sur 88 rapports ESG, OFinance, cabinet de conseil, a évalué les principales pratiques des émetteurs marocains. Des améliorations ont certes été réalisées, mais il reste encore des efforts à fournir.

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La gouvernance des sociétés a fait l’objet de plusieurs évolutions tant en termes de réglementation que d’initiatives propres des dirigeants. Grâce aux réglementations mises en place, à l’instar de la loi sur les sociétés anonymes et la circulaire de l’AMMC relative aux opérations et informations financières, mais aussi aux benchmarks internationaux, les pratiques ont changé. Souvent négligées ou respectées seulement en raison de leur caractère obligatoire, ces normes sont scrutées par les investisseurs internationaux notamment et représentent l’un des points essentiels de l’attractivité vers le marché des capitaux.

Pour les évaluer, OFinance, société de conseil spécialisée dans l’accompagnement des entreprises faisant appel public à l’épargne, s’est attardée sur certains aspects de cette gouvernance, sur la base de 88 rapports ESG de sociétés cotées et non cotées, au titre de l’année 2022. La 3e édition de ce panorama annuel s’est penchée sur 50 critères d’analyse.

S’autoévaluer, pratique limitée

Dans les rapports ESG, les sociétés sont obligées d’évaluer la performance du conseil d’administration, l’occasion de faire le bilan de son fonctionnement, des décisions prises et de mesurer l’assiduité des administrateurs. Il en ressort que cette pratique reste limitée. En effet, à peine 10 sociétés procèdent à cette autoévaluation. Omar Amine, associé fondateur d’OFinance, explique cela par une mauvaise communication des informations nécessaires, que ce soit en termes de délai ou de pertinence, par les interactions entre les administrateurs et les présidents des conseils, ou encore par le non-respect du calendrier.

Les femmes, pas encore les bienvenues dans les organes de gouvernance

De son côté, Sara El Qouatli, directrice de mission au sein d’OFinance, précise que les entreprises étudiées ont tout intérêt à accélérer l’intégration des femmes au sein des organes de gouvernance et de direction. À partir de 2024, la réglementation impose une proportion de 30% dans les conseils.  Cette part devra atteindre 40% en 2027. De plus, tous les comités de direction doivent inclure au moins une femme. Sur le terrain, la réalité est tout autre. En effet, la représentation des femmes est à peine à 21%, cela sur un total de 85 émetteurs ayant communiqué l’information sur la composition des organes de direction. «Dans le cas où ces sociétés ne respectent pas les dispositions de la loi, des sanctions sont prévues, comme le gel des jetons de présence. Et si la régularisation se fait toujours attendre, toute décision prise sera nulle de droit».

RSE, un réflexe à développer

En dépit de tout le tapage réalisé sur la RSE, les entreprises marocaines sont encore loin du compte. Même si 80% des conseils d’administration intègrent les sujets liés à la RSE dans leur réflexion stratégique, ils sont seulement 28% à avoir mis en place un comité dédié à la RSE. Cette part a, tout de même, gagné 3 points sur une année.

Il faut savoir que toute entreprise qui ne communique pas sur l’un des aspects du rapport ESG, tel que précisé par la circulaire 03/19 de l’AMMC, doit en expliquer les raisons. C’est le principe même de «Complain or explain». Sur ce point, seulement 6 émetteurs ont adopté ce principe. Non que les autres sont tout à fait conformes à la réglementation. Mais, ils n’ont juste pas prévu de s’expliquer sur la non-conformité sur l’une des dispositions du document.