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Alstom investit lourdement au Maroc, en contrepartie des marchés du TGV et du tramway

Une unité de cà¢blage tournée vers l’export, des contrats offshoring et un institut spécialisé pour les métiers du ferroviaire : une véritable base industrielle à  installer.

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ALSTOM Maroc TRAMWAY 2011 01 17

Plus qu’un simple prestataire et fournisseur, Alstom est en passe de construire au Maroc ce qui pourrait devenir l’une de ses plateformes les plus importantes dans la région. Et c’est justement cette philosophie que tente de défendre depuis plusieurs mois le ministre de l’industrie et du commerce, Ahmed Chami, à travers notamment son projet de loi sur la compensation industrielle. Le principe étant que les grands opérateurs mondiaux, dès lors qu’ils ont des marchés au Maroc, doivent faire en sorte qu’il y ait, en plus de la prestation et du transfert de technologie, de l’investissement, de l’emploi et de manière durable. Bien que le texte ne soit aujourd’hui qu’au stade de projet, Alstom a réussi une belle opération marketing en décidant de prendre les devants. A travers une convention qui a été signée par le groupe français et le gouvernement, jeudi 6 janvier, Alstom établira au Maroc une véritable base industrielle qui pourra aller au-delà des simples activités locales du groupe. C’est typiquement le cas de l’unité industrielle qui sera spécialisée dans la fabrication de câblage et de composants électriques et électroniques destinés à l’industrie ferroviaire que le groupe projette d’implanter au Maroc. L’unité, selon les premières déclarations d’Alstom, générera à terme quelque 310 millions d’euros (3,4 milliards DH) à l’export. Le groupe, qui sera évidemment le premier client de cette unité, compte répondre aussi, et surtout, aux besoins des autres industriels ferroviaires de la région notamment européens. Pour l’heure, le groupe n’a pas encore divulgué les détails de sa future unité ni son lieu d’implantation. Certains pensent déjà à Tanger Med. En tout cas, elle ne devrait pas être trop éloignée de sa zone d’activité qui se situe sur l’axe Casablanca-Tanger et qui concerne, entre autres, le projet de TGV dont il a remporté le marché.

5 000 emplois à créer en dix ans

Pour créer davantage de valeur ajoutée marocaine, le groupe s’engage aussi, pour les dix prochaines années, à augmenter de manière substantielle ses approvisionnements auprès de fournisseurs locaux, pas seulement pour ses projets au Maroc mais aussi pour ses autres contrats à travers l’Europe. Les achats d’équipements destinés à ses usines d’assemblage devront atteindre près de 535 millions d’euros (environ 5,9 milliards de DH) d’ici 2020. Déjà, dès 2012, la direction d’Alstom prévoit de multiplier par 10 au moins le volume des achats réalisés auprès de fournisseurs marocains. Surfant sur la vague des nouveaux métiers mondiaux du Maroc, Alstom annonce également son intention de s’appuyer sur les entreprises spécialisées en offshoring implantées au Maroc pour assurer des prestations d’assistance informatique. Un contrat devra être signé dans ce sens avec, à la clé, la création de 65 postes dédiés aux activités du groupe au Maroc comme à l’étranger. C’est donc la naissance d’une véritable industrie ferroviaire de pointe qui se dessine avec les projets d’Alstom. Sauf que pour ce nouveau métier, il faudra des compétences nouvelles dont le Maroc ne dispose peut-être pas actuellement. D’où l’idée de créer une nouvelle filière dans l’enseignement dédiée au secteur. La convention signée le 6 janvier porte, entre autres, sur la création d’un institut de formation aux métiers du ferroviaire en partenariat avec des écoles et des universités marocaines.
Création de valeur ajoutée marocaine, potentiel d’affaires pour les entreprises locales, transfert de technologie, certes, mais aussi, et, in fine, création d’emplois. A travers ses nouvelles activités au Maroc, Alstom annonce la création de pas moins de 5 000 emplois dans les dix prochaines années. Ce qui lui permettra d’accompagner son développement dans le Royaume. Le groupe est engagé dans plusieurs projets structurants dont le TGV Casablanca-Tanger et les tramways de Rabat et Casablanca. Au total, les contrats décrochés par Alstom au Maroc dans le domaine du transport ferroviaire représentent un volume d’affaires de 646 millions d’euros (environ 7 milliards DH). Des contrats qui devraient générer pour le Maroc 9 milliards de DH en termes d’investissements sans compter les autres effets induits.