Affaires
«Le rythme de la croissance nous permet de supporter plus d’endettement»
Les vérités sur la dette du Maroc : Avis de Adil DOUIRI, Président de l’Alliance
des économistes istiqlaliens.

Le niveau de la dette publique marocaine est tout à fait raisonnable par comparaison avec notre rythme de croissance. En effet, plus un pays croît vite, plus il peut supporter un niveau d’endettement (ratio Dette/PIB) élevé. On rappelle que les critères de Maastricht, devant assurer la stabilité de la zone Euro, prévoyaient un plafond prudent pour la dette des pays européens fixé à : Dette/PIB < à 60%. Or, les pays européens n’ont un potentiel de croissance à moyen terme du PIB que de 2 à 2,5% au mieux alors que le Maroc est capable de croître, et c’est le cas depuis 2004, à un rythme compris entre 5% et 6% par an. Or, son niveau d’endettement n’est que de 47%-48% du PIB, s’agissant de la dette du Trésor, celle dont l’Etat assure effectivement le remboursement. Si l’on veut même inclure la dette des établissements publics garantie par l’Etat (mais il n’assure pas le paiement), le ratio ne monte qu’à 61% environ à fin 2010.
Nous devons continuer sur le même chemin et nos programmes de développement sont largement stimulés par l’investissement du secteur public. Il serait, à mon avis, une erreur de se focaliser sur le désendettement : le niveau actuel est confortable et il laisse même de la marge. Par contre, il convient de s’assurer que le déficit budgétaire finance bien de l’investissement et non pas de la consommation. Or, c’est le cas aujourd’hui : les recettes courantes dépassent largement les dépenses courantes, et notre déficit finance donc bien le budget d’investissement.
Une remarque cependant, le problème actuel de notre économie c’est de réussir les plans sectoriels exportateurs. En effet, nous avons connu une véritable explosion des importations, notamment des produits de consommation : si on ne construit pas très vite les usines, les hôtels et les plateformes d’offshoring pour exporter des montants supplémentaires, nous aurons un gros problème sur les réserves de change et donc sur la monnaie.
