Agriculture
Grogne des agriculteurs européens : Les exportateurs marocains doivent-ils s’attendre au pire ?
Pour l’heure, les exportations sont maintenues, mais la perspective de la généralisation de la grève inquiète. Et ce qui devrait inquiéter encore plus, c’est la conclusion d’un accord de libre- échange UE-Mercosur actuellement en négociation.

En Europe, et malgré les concessions de Bruxelles, où se réunissent, ce jeudi, les dirigeants européens, la colère des agriculteurs ne retombe pas.
En France, par exemple, les blocages d’axes stratégiques se poursuivent pour la quatrième journée consécutive.
En Italie, des milliers d’agriculteurs, de la Sardaigne au Piémont, ont encore manifesté mercredi.
La principale confédération syndicale agricole italienne, Coldiretti, prévoit de se rendre ce jeudi à Bruxelles avec environ un millier d’agriculteurs de la péninsule pour dénoncer «les folies qui menacent l’agriculture».
Le ministre espagnol de l’Agriculture a annoncé qu’il recevra, vendredi, les trois principaux syndicats agricoles, qui ont promis des «mobilisations» dans les «prochaines semaines».
Des agriculteurs portugais ont aussi appelé à une mobilisation, ce jeudi, sur les routes du pays avec des tracteurs et des machines agricoles.
L’Union européenne étant traditionnellement l’un des principaux débouchés pour nos exportations agricoles, celles-ci ont d’ailleurs été directement affectées par la colère des agriculteurs, notamment en France où les produits marocains sont détruits.
Plusieurs cargaisons de fruits et légumes d’origine marocaine ont ainsi été déversées sur les routes ces derniers jours, tandis que d’autres ont carrément été incendiées. Raisons invoquées par les grévistes : la concurrence déloyale des produits importés.
Si pour l’heure les exportateurs marocains ont maintenu leur calendrier d’envoi de produits agricoles en Europe, il n’en reste pas moins que la situation devient inquiétante. Le Maroc qui a certes diversifié ses marchés cibles devrait néanmoins plancher davantage sur cette situation.
Cela d’autant que l’avenir ne présage rien de bon, puisque les produits agricoles marocains risquent d’être fortement concurrencés par de nouveaux arrivants sur le marché des Vingt-Sept.
C’est d’ailleurs un autre sujet de friction entre Bruxelles et les agriculteurs en rogne. En charge de la politique commerciale des pays membres, la Commission de l’UE négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, soit le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay.
Ce sont des concurrents directs du Maroc sur plusieurs segments. Cette perspective inquiète le secteur agricole européen, surtout en France où les autorités déclarent ne pas vouloir d’un éventuel accord.
Ce traité avec d’importants pays agricoles «n’est pas bon pour nos éleveurs. Il ne peut pas et ne doit pas être signé en l’état», a notamment déclaré mercredi, à l’AFP, le ministre de l’Économie français Bruno Le Maire, se disant prêt à un «bras de fer» avec la Commission.
Pour le Maroc, dont une grande partie des exportations agricoles est désormais dirigée vers la Grande-Bretagne, surtout depuis le Brexit, c’est une éventualité à prendre en considération.
