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Affaires

Affaire e-floussy : lourde plainte de Karim Rahal contre Karim Boukaà¢

Karim Rahal Essoulami accuse son associé dans Quick Money de mauvaise gestion. Une plainte a été déposée auprès de la justice en décembre dernier.

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e floussy Maroc 2011 01 21

Ce qui a été présenté au départ comme un projet citoyen à caractère social, destiné à procurer un emploi à des centaines de jeunes, est en train de se transformer en feuilleton judiciaire. E-floussy, puisque c’est de cette enseigne commerciale qu’il s’agit, est aujourd’hui secouée par un contentieux entre les deux principaux actionnaires de Quick Money, la société gestionnaire. Karim Rahal Essoulami, président du conseil de surveillance de Quick Money dont il détient 25% du capital, accuse Karim Boukaâ, président du directoire qui en contrôle 75% avec une personne de sa famille, de mauvaise gestion, détournement de fonds, subtilisation de documents et «refus au président du conseil de surveillance d’accéder aux documents comptables de la société».
En effet, Karim Boukaâ a publié récemment un communiqué de presse annonçant que Karim Rahal a été démis de ses fonctions de président du conseil de surveillance par une assemblée générale de Quick Money. Décision que ce dernier conteste, considérant que «la tenue de cette prétendue assemblée s’est faite en violation d’une décision de justice qui précise que Karim Boukaa n’est pas habilité à convoquer cette AG ni par les statuts de la société, ni par la loi sur les SA à directoire et à conseil de surveillance».
En effet, une plainte datée du 9 décembre 2009 a été déposée par Karim Rahal contre son associé auprès du procureur du Roi du tribunal de première instance de Hay Hassani Aïn Chok, sur la base d’un audit de la société réalisé par l’expert Jamaleddine Ilias. La plainte, dont La Vie éco détient une copie, précise qu’au moment où l’expert cité s’attelait à sa tâche, Karim Boukaâ est arrivé à «subtiliser un certain nombre de documents comptables avant de disparaître».
Mais, peut-on lire dans cette plainte, l’expert avait déjà enregistré toutes les données dans son ordinateur, ce qui lui a permis d’achever son audit.

Où sont passés les dépôts des franchisés ?

Cette plainte a été déposée sur la base des irrégularités constatées et signalées à la police judiciaire de Hay Hassani Aïn Chock qui a auditionné l’expert en question ainsi que le plaignant, en l’occurrence Karim Rahal. Un  procès-verbal daté du 3 décembre 2010 a été transmis au parquet, le 8 du même mois. Dans cette plainte, Karim Rahal accuse également M.Boukaâ, en plus d’avoir subtilisé les documents comptables, d’avoir fait disparaître une partie du stock de la société (ordinateurs et autres matériels de travail) estimée par l’expert à 7 365 489 DH. La plainte fait état aussi de fausses factures émises par une société du nom de Visio Electronics pour un montant qui dépasse 30 MDH.
Ces factures ont été réglées rubis sur ongle par Quick Money avant que les montants correspondants ne soient «restitués» par le biais de chèques à l’ordre de Quick Money que M. Boukaâ aurait endossé personnellement ou pour le compte de sociétés lui appartenant, des chèques sur lesquels ne figurait pas la mention «Non endossable». A l’appui de cette accusation une copie d’un chèque de 2 400 000 DH tiré sur la BMCI pour le compte de la Société Acfin appartenant à Karim Boukaa.
Enfin, il est réclamé à Karim Boukaâ les dépôts (fonds de roulement) des 500 jeunes gérants des points efloussy à raison de 48 000 DH par gérant, soit au total 24 MDH,  une somme «dont il n’y aurait pas trace dans les comptes de la société Quick Money», selon les termes de la plainte. En outre, selon Karim Rahal, sur les 500 points de vente multiservices de l’enseigne e-floussy, moins de 200 sont opérationnels actuellement.
Contacté pour donner sa version des faits, Karim Boukaa nous a conseillé de joindre une autre personne qui suit selon lui le dossier.  Dans un premier temps,  cette personne qui tient à garder l’anonymat nous a déclaré qu’elle n’avait aucun commentaire à faire sur le sujet. Et de nous conseiller, «amicalement», de ne pas écouter les rumeurs car selon elle, «la presse a écrit ces derniers temps beaucoup de choses qui sont loin de la réalité».
Rappelant quelques minutes plus tard cette même personne qui, cette fois-ci, s’est présentée comme le responsable de la communication de Quick Money, elle a tenu à préciser «que si cette affaire devait atterrir devant la justice, elle avait entièrement confiance en celle-ci».
La même source précise que Quick Money est en train de préparer un rapport qu’elle présentera à la presse dans les jours qui viennent afin d’éclairer l’opinion publique. De son côté, Karim Rahal affirme être prêt à renoncer à tout si son associé consent à rembourser dans les plus brefs délais l’argent des franchisés. Affaire à suivre.