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Affaires

A quel point la Covid-19 aurait-elle favorisé le retour des sacs en plastique ?

• L’utilisation des sacs en plastique s’est renforcée durant la confinement.
• La forte demande sur les masques non tissés a réduit considérablement la production des sacs faits à base de la même matière.
• L’application de la loi 58-17 devra permettre de renforcer les mécanismes de contrôle.

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sacs en plastique

L’opération «Zéro Mica» serait-elle un échec ? En tout cas, manifestement, les sacs en plastique sont à nouveau de plus en plus présents. Avec l’augmentation de la demande sur le non-tissé, matière première essentielle à la fabrication des sacs réutilisables devant remplacer les sacs en plastique, ce constat s’est sûrement enlisé. Dans les marchés, le plastique semble avoir repris du terrain, mais il est difficile d’estimer le taux d’utilisation des deux matières comme emballage ordinaire. Avant la Covid-19, les professionnels du non-tissé se targuaient d’avoir contribué à réduire l’utilisation des sacs en plastique à 20%. Actuellement, cette situation a changé. Le non-tissé sert depuis le début de la pandémie à fabriquer également des masques et les blousons de protection. A fin mai 2020, Abdelaziz Lazrak, président de l’Association marocaine des fabricants des tissus non tissés (AMFTNT) déclarait que les membres de son association avaient déjà atteint 140 millions de masques fabriqués en granulés de polypropylène (www.lavieeco.com). Il est sûr qu’il n’en est pas resté assez pour faire des sacs. Même si Abdelaziz Lazrak est réticent à se prononcer sur le taux d’utilisation des sacs en plastique et des sacs non tissés, il est fort probable que les deux matières se partagent actuellement le marché à égalité. «Je pense que les sacs en plastique sont utilisés actuellement une fois sur deux comme emballage ordinaire. Mais cela est provisoire», précise M. Lazrak.

Quelle sera la solution pour faire pencher la balance au profit du polypropylène ? Difficile à répondre à cette question. Le prix semble être décLa loiisif dans le choix du plastique. De plus, le cadre juridique semble en stand-by. En janvier 2020, le projet de loi 57.18 a été adopté par le Conseil de gouvernement (voir encadré). Il modifie et complète la loi 77.15 portant interdiction des sacs en matière plastique. Quant à l’application de cet arsenal, l’expérience montre que ce n’est pas demain la veille. En tout cas, la question des moyens de contrôle et de coercition, prévue par la nouvelle loi, sera primordiale pour assainir les marchés. Pour les clients, l’expérience a montré que les efforts de sensibilisation ont échoué face aux critères de prix et du caractère pratique du plastique.
«Il faut renforcer la culture de la réutilisation chez les clients. C’est ce qui permettra au non-tissé de tenir tête au plastique. Pour ce qui est du prix, on ne peut pas comparer les deux produits car leur durée de vie n’est pas la même», souligne le président de l’AMFTNT.
Durant le confinement, la consommation des sacs non tissés a diminué, mais la demande sur la matière première a été orientée vers la fabrication des masques. Cette demande a inclus par la suite les blousons et les casaques médicaux. Quelque part, l’industrie n’a pas pâti de la crise pandémique de manière générale. Au contraire, la production a même explosé grâce au commerce des bavettes. En ce qui concerne l’impact de ce revirement sur l’utilisation des sacs en plastique, nul besoin de préciser la relation de cause à effet. «Maintenant que le stock stratégique des bavettes a été assuré, les producteurs vont reprendre la fabrication des sacs non tissés», assure M. Lazrak.

Abdelaziz Lazrak Président de l’AMFTNT