Culture
Enfin, nous avons notre rentrée littéraire
Pour la première fois au Maroc, une rentrée littéraire a lieu simultanément dans trente villes du Royaume. Mardi 10 novembre, le Sofitel de Casablanca a accueilli le lancement de cette initiative de l’Union des éditeurs marocains.

Le Maroc peut enfin s’aligner sur les pays à grande tradition littéraire. Grâce à cette rentrée littéraire inaugurée en grande pompe au Sofitel Tour Blanche à Casablanca, mardi 11 novembre, le public aura l’occasion de découvrir, à la même date, tous les ouvrages de l’année, et ce, dans trente villes du Royaume.
Derrière cet événement littéraire, l’Union des éditeurs marocains qui, en collaboration avec le ministère de la culture, a réussi son coup de communication. Dans la foule, presque tout le monde: éditeurs, écrivains, journalistes… De quoi s’attendre à un riche débat en présence du ministre de la culture et des nombreuses personnalités invitées. Pourtant, l’événement n’a pas donné lieu à de grands échanges ou à des éclats de voix, comme l’auraient espéré certains turbulents.
Ceci étant dit, ce fut l’occasion de se rendre compte de la profusion de la création marocaine. Cent soixante-et-un ouvrages, inédits ou en réédition, répartis entre essais, romans, beaux-livres et études académiques. Et cela n’empêchera pas d’autres auteurs de différer leurs parutions, comme Abdellah Baida qui préfère retarder la sortie de son nouveau roman jusqu’au mois de janvier prochain.
De Tanger à Dakhla
Dans trente villes du Royaume, ces parutions seront mises en avant, simultanément, avec plusieurs événements organisés autour du livre. Au total, pas moins de 70 espaces culturels à travers le pays (librairies, bibliothèques et autres lieux) accueilleront des livres, des auteurs et des spectacles lectures de théâtre et de poésie, et ce, tout au long du mois de novembre. «J’ai été très agréablement surpris de recevoir des demandes de librairies de Laâyoune, de Dakhla, de Béni-Mellal, de Tiznit voulant participer à cette rentrée. Cet engouement des libraires, en dehors de l’axe Casablanca-Rabat, est fort prometteur», nous dira Abdelkader Retnani, président de l’Union des éditeurs marocains et directeur général des éditions La Croisée des chemins. Un engouement qui n’a pas spécialement gagné les libraires casablancais puisqu’il n’y en avait que très peu dans l’assemblée. Absentéisme qui ne semble nullement inquiéter Abdelkader Retnani qui reste optimiste quant à l’adhésion prochaine des différents protagonistes des métiers du livre.
Le livre, une entreprise à haut risque
Dans son allocution, le ministre de la culture Amine Sbihi a chaleureusement salué l’initiative de l’Union des éditeurs marocains, en précisant que pour accompagner les efforts des maisons d’éditions et des auteurs, le budget annuel de subventions a été allongé de dix millions de dirhams dès l’année 2014. Une décision qui ne peut que ravir les différents professionnels du livre, dont le travail relève davantage du militantisme que de l’entrepreneuriat.
Manque de motivation ou d’information ? Les libraires sont moins nombreux à répondre à l’appel du ministère de la culture, apprend-on au cours de l’événement. D’aucuns assureront que les éditeurs y sont privilégiés. Chose à laquelle le président de l’Union des éditeurs marocains opposera un non catégorique, en assurant que les éditeurs sont subventionnés dans les limites du budget alloué à l’édition.
Quoi qu’il en soit, doucement mais sûrement, le livre se fraie une place dans la riche mosaïque culturelle du pays, comme le souhaitent religieusement les professionnels du livre marocain.
