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Certification sociale : des textiliens parlent du coût et des avantages

La masse salariale et les frais généraux augmentent mais les commandes suivent.

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Acôté de la mise à niveau de l’outil de production, les entreprises du textile entament leur mise à niveau sociale. C’est un des axes prioritaires du nouveau bureau de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith) qui s’est engagé, en septembre 2002, à les accompagner dans cette démarche qui doit leur permettre de respecter des normes sociales relatives aux conditions de travail. Initiée par l’association et encadrée par le centre EME, cette expérience a abouti, après six mois de travail, à la qualification d’une dizaine d’entreprises (voir encadré) qui ont obtenu la distinction «Fibre citoyenne». L’opération a été cofinancée par le Centre Euro-Maroc Entreprise et les concernées qui ont déboursé chacune 10 000 DH. L’expérience ne s’arrêtera pas là. L’Amith compte certifier 50 à 80 entreprises chaque année.

Le Maroc a pris de l’avance sur ses concurrents directs du pourtour méditerranéen

Les responsables de l’association expliquent que la mise en conformité sociale, initiative volontariste du secteur, doit permettre «aux entreprises de répondre aux exigences des donneurs d’ordre et d’augmenter la compétitivité hors coût du produit Maroc». Le président de l’Amith, Salah Eddine Mezouar, tient également à préciser que «la mise à niveau sociale constitue, pour les donneurs d’ordre, un facteur déterminant dans le choix des pays de production. Et la qualification des entreprises augmente leurs chances d’obtenir des contrats avec les grands groupes étrangers».
Au-delà des entreprises, cette démarche sera aussi bénéfique pour l’image du Maroc face à ses concurrents directs dont aucun, pour l’instant, n’a entamé la conformité sociale. Selon l’Amith, «cette dynamique est la première expérience dans le pourtour méditerranéen. Et elle sera déterminante pour l’attractivité car l’accompagnement des entreprises ne s’arrêtera pas à la qualification ; nous allons créer un site pour faire la promotion internationale de ces unités».
Du côté des entreprises qualifiées, la conformité représente un double intérêt, structurel et commercial. Concernant le volet structurel, la conformité porte sur l’amélioration des conditions de travail (régulation du temps de travail, salaires, hygiène et sécurité).
La conformité sociale se traduira, selon les responsables de Cicobex, fabricant de maille chaîne et trame implanté à Casablanca, «par une tranquillité d’esprit au niveau interne car nous sommes en conformité avec la législation marocaine». Le label s’est traduit, pour cette entreprise employant 700 personnes, par une hausse de 8 à 10 % de
sa masse salariale, outre les 500 000 DH d’investissement pour la mise à niveau des bâtiments (issues de secours, bouches d’aération, etc.). Même son de cloche chez Blue Bird, autre entreprise ayant obtenu la «Fibre citoyenne» et spécialisée dans le prêt-à-porter féminin. Son PDG, Saïd Benabdeljalil, indique «que l’opération a nécessité un budget variant entre 120 000 et 150 000 DH, qui a permis de faire les changements structurels nécessaires. Sans compter que nous avons aussi revu le système de rémunération d’une trentaine d’ouvrières faisant de la finition». Autrefois payées 5,50 DH de l’heure, ces jeunes filles sont maintenant payées au Smig et leur salaire/heure est passé à 8,85 DH. Pour les heures supplémentaires, Blue Bird applique aujourd’hui une majoration de 25 % au salaire journalier. Tous ces réajustements devront se traduire par une amélioration du climat social mais, surtout, par une amélioration de la productivité.

Une hausse conséquente du chiffre d’affaires est attendue

L’intérêt commercial de la mise à niveau sociale se traduira par la signature de gros contrats avec de grandes marques. «De plus en plus de donneurs d’ordre exigent la conformité aux normes sociales. Certains demandent même, avant la signature des contrats, la réalisation d’un audit social. Et pour nous, la distinction de l’Amith arrive à point nommé car nous venons d’être homologués par Adidas et Nike», souligne Amine El Fal, directeur de production de Hanadil, entreprise de confection exportant sur les marchés de l’UE. Et d’ajouter : «L’apport commercial de la mise à niveau sociale est très important car elle va nous permettre de décrocher des contrats avec toutes les grandes marques, en particulier avec les groupes anglo-saxons, qui sont très soucieux des conditions de travail» .
La mise à niveau sociale a certes induit des coûts supplémentaires, notamment une augmentation des charges (révision des salaires, cotisations CNSS), mais elle va, selon les industriels concernés, se traduire par une hausse assez substantielle du chiffre d’affaires. Chez Blue Bird, qui réalise actuellement un chiffre d’affaires de 22 MDH, le PDG estime «qu’il aura 1 à 2 MDH de plus». Les responsables de Cicobex, pour leur part, escomptent une hausse de 10% de leur chiffre d’affaires qui est actuellement de l’ordre de 100 MDH

Régulation du temps de travail, salaires minimums conformes à la législation du travail, respect des règles d’hygiène et de sécurité sont, entre autres, les critères requis pour obtenir le label «Fibre citoyenne».

Au sein de Cicobex, l’obtention du label s’est traduite par une hausse de 8 à 10 % de la masse salariale, outre les 500 000 DH d’investissement engagés dans la mise à niveau des bâtiments (issues de secours, bouches d’aération, etc.).

Les heureuses élues
Elles sont pour l’instant une dizaine. Mais le compte ne s’arrêtera certainement pas là, l’Amith ayant décidé de faire de son mieux pour relever le niveau d’excellence du secteur qui, après des années de disette, est en train de se redresser. Les dix à pouvoir maintenant afficher le label fibre citoyenne sur leur carte de visite sont : Hanadil, Cicobex, Sefita, Confex, Sinmatex, Blue Bird, Pantex, Marisa, Benjitex, Gecotex