Affaires
Tout ce qui a été fait pour protéger Mohammédia
Hormis les frais de construction du barrage Boukerkour, 160 MDH ont été
mobilisés pour la protection de la ville.
Digues, barrières de protection, réfection d’ouvrages… Tour
d’horizon de ce qui a été entrepris.

Parmi les régions exposées aux inondations, Mohammédia a été l’une des plus touchées, pendant deux années de suite, avec des conséquences catastrophiques sur les plans économique et social. En 2002, le phénomène était dû à une concentration de précipitations tout à fait exceptionnelles. En effet, cette année-là, les fortes pluies des 14 et 15 novembre n’avaient pas encore été absorbées par le sol qu’elles étaient déjà relayées par celles des 24 et 25 du même mois, période durant laquelle il était tombé 62 mm dont 39 mm au cours de la dernière nuit. Si, en décembre 2001, le débit de l’eau qui avait dévasté la ville était de 140 m3/seconde (soit 140 tonnes), le 14 novembre 2002, le débit constaté n’était que de 107 m3/seconde, mais le 25 novembre il était passé à 200 m3/seconde, pour aller en s’aggravant.
Le barrage Boukerkourne sera livré qu’en 2005
L’action des autorités s’est donc focalisée sur les digues de protection entourant la lagune d’épanchement de l’oued et sur le canal de délestage devant évacuer directement l’eau vers la mer. Derrière ce travail accompli en un temps record : le gouverneur Mohamed Dardouri. Il ne veut pas se mettre en avant mais ses collaborateurs ne jurent que par lui. Quoi qu’il en soit, en ce début de décembre 2003, la ville est au moins sécurisée contre des crues de 140 m3. En l’espace de quelques mois, les ouvrages protégeant les boulevards Sidi Mohamed Benabdellah, Chefchaouni, la digue de la Samir ainsi qu’une bonne dizaine d’autres points traités ont été renforcés ou érigés, de sorte que les éventuelles crues soient dirigées vers la mer. De plus, le système de protection vient de connaître un moment nodal, avec l’ouverture, opérée tout juste la semaine dernière, du canal de délestage (donnant sur l’océan) d’une profondeur de 3,80 m.
Aujourd’hui, il est pratiquement opérationnel.
Avec cet ouvrage, financé par la Communauté urbaine de Casablanca pour 60 MDH, «Mohammédia est dotée d’un tel niveau de protection qu’une reproduction des dernières inondations ne ferait courir à la ville qu’un risque minimum», estime Ahmed Nadil, chef de la Division technique de Mohammédia. «En effet, quand bien même on aurait des crues importantes, l’eau ne risque pas de déborder, ni vers la ville (elle irait juste vers les bords), ni vers la Samir, protégée, elle, par sa propre digue, qui a coûté 12 MDH», poursuit le responsable.
Le dispositif est ainsi bouclé à l’intérieur de la ville, à l’exclusion de quelques maillons qui ne sont pas encore réalisés comme un pont de pipelines, la digue du Golf Royal ou encore le mur de protection des distributeurs pétroliers… Cependant, la totalité des ouvrages préconisés par le plan de protection est programmée. Par exemple, les industriels de la distribution pétrolière viennent de débloquer le financement du mur devant sécuriser leurs installations. Reste néanmoins à reconstruire le pont portugais (pour un coût estimé de 30 MDH) et la voie ferrée reliant la Samir à la gare de Zenata, dont le coût est de l’ordre de 70 MDH.
Alors, peut-on dire que Mohammédia est totalement à l’abri des innondations ?
Premièrement, il faut signaler que le gros problème de cette ville est l’occupation du lit de l’oued El Maleh, qui la menace, par des habitations et unités industrielles. Une telle contrainte, totalement anormale, fait que toutes les protections érigées, quelle que soit leur viabilité, ne peuvent être dimensionnées qu’en fonction de l’espace laissé par l’occupation du sol.
Deuxièmement, pour que Mohammédia ne soit plus livrée aux eaux, même en cas de conditions extrêmes, il faut aussi régler le problème des quelque 1800 km2 de bassin versant, porteurs d’un risque de très forte affluence d’eau en cas de précipitations importantes. Et c’est là qu’entre en jeu la mise en œuvre du plan de protection de la ville qui ne dépend pas des autorités de Mohammédia ni de ses élus, mais bien de l’Etat. Il s’agit du barrage de Boukerkour qui, à lui seul, contrôlera 1 200 km2 du bassin de l’oued El Maleh. La construction de cet ouvrage, dont le coût est estimé (hors expropriations) à 230 MDH, doit être achevée en avril 2005 (il est réalisé à quelque 20 % aujourd’hui).
Le reste du bassin d’où le risque d’inondation peut surgir, c’est-à-dire quelque 600 km2, devra être pris en charge par d’autres ouvrages de moindre envergure. Il s’agit des barrages collinaires sur l’oued Hassar (dont l’étude est terminée), l’oued Al Ahmer, Koudiat El Garn, Mazer et Tamadroust dont les études de faisabilité ont été lancées au cours de 2003 et qui coûteront 200 MDH. Quant au délai d’exécution, il est de 24 mois à partir du début des travaux, sauf pour le barrage de Tamadroust, qui ne sera achevé qu’une année après les autres
