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Affaires

Etablissements et entreprises publics : déficit de 700 MDH en 2002

L’externalisation des caisses de retraite a coûté 9,3 milliards
de DH n Pour 2004, le revenu de monopole devrait rapporter 4,8 milliards, alors
que l’Etat prévoit de reverser 11 milliards aux EEP.

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Près de 700 MDH ! C’est le déficit global et énorme enregistré par les EEP (Etablissements et entreprises publics) au titre de l’exercice 2002. C’est ce qui se dégage du rapport, établi par la direction de tutelle, qui accompagne le projet de Loi de finances 2004. Rappelons qu’il existe 51 établissements publics à caractère industriel et commercial et 417 sociétés anonymes, outre les 220 établissements publics à caractère administratif.
Concrètement, les EEP, dont les résultats sont positifs, ont dégagé un bénéfice de l’ordre de 10,8 milliards de DH, en hausse de 113,6 % par rapport à l’année précédente. Ce résultat est dû notamment à la performance d’Itissalat Al Maghrib qui a réalisé un profit de 3,7 milliards de DH contre 730 millions en 2001. A côté, des entreprises qui étaient en situation d’équilibre ou déficitaire ont renoué avec les gros bénéfices. C’est notamment le cas de Royal Air Maroc qui a enregistré un profit de 299 MDH contre 7 millions en 2001, du groupe OCP avec 1,3 milliard au lieu de 175 millions et d’ADM dont le résultat a atteint 180 millions contre une perte de 340 millions de dirhams.
Mathématiquement, ce bon comportement est voilé par celui des entreprises accusant un déficit net global en progression de 126 % par rapport à l’année antérieure, à 11,5 milliard de DH. Cependant, le ministère des Finances ne manifeste pas d’inquiétude. Ce trou est essentiellement expliqué par le coût de l’externalisation des caisses internes de retraite (CIR) de l’ONCF et de la Régie des Tabacs.
Pour l’exercice étudié, cette dernière a perdu près de 2 milliards de DH après un bénéfice de 124 MDH en 2001, tandis que le transporteur affichait un résultat négatif de 6,1 milliards. Si l’on fait abstraction des externalisations des CIR qui ont coûté 9,3 MDH, le déficit global ne serait que de 2,2 millions en 2002, soit une amélioration notoire par rapport à l’année précédente.
Dans la foulée, la DEPP (Direction des entreprises publiques et des privatisations), auteur du rapport, souligne également la nette progression des investissements qui ont totalisé 21,6 milliards de DH, soit un taux de réalisation de 73 % par rapport aux prévisions. Les 80 % des réalisations sont le fait de 11 EEP, entre autres l’ONE (3,2 milliards de DH), IAM (2,7 milliards de DH), le groupe OCP (1,56 milliard), ADM (1,4 milliard) et l’ONEP (1,2 milliard).

La valeur ajoutée s’est améliorée
Au titre de l’exercice budgétaire en cours, les investissements initialement prévus sont estimés à 29,7 milliards de DH, répartis notamment entre l’ONE (3,8 milliards de DH), ADM (2,7 milliards), RAM (2,7 milliards), OCP (2,6 milliards), IAM (2,3 milliards) et l’ONEP (1,9 milliard).
Le montant global des investissements sera porté à 34,3 milliards de DH pour le prochain exercice, soit 15 % de plus que les prévisions 2003.
Toujours en se référant au rapport, les autres indicateurs sont aussi au vert. La valeur ajoutée s’est améliorée de 4,2 %, à 47,2 milliards de DH; les actifs ont progressé de 9,7 % à 400 millions et les fonds propres sont passés de 112 milliards de DH à 123 milliards d’une année à l’autre.
Quant à l’endettement extérieur, il a légèrement reculé, totalisant 47,4 milliards de DH, contre 48,8 milliards une année plus tôt. Le ratio endettement extérieur/endettement total s’est un peu dégradé. Il est de 33,4 % contre 32 % en 2001. Cette évolution est due à la baisse plus importante de la dette extérieure du pays.

Les privatisations devraient rapporter 9,8 milliards de DH en 2004

L’embellie ne signifie toutefois pas que l’Etat est un gestionnaire avisé. Des banques publiques ainsi que d’autres sociétés comme la Simef, revenue dans son giron après une privatisation ratée, les sucreries et certaines régies de transport urbain continuent de traîner de lourds passifs et leur restructuration nécessite une mise de fonds importante. D’ailleurs, pour se concentrer sur ses missions essentielles, l’Etat continuera à céder au privé ce qui peut encore l’être.
Rappelons que, depuis 1993, les participations détenues dans 66 sociétés ont totalisé le montant de 55 milliards de DH. Le processus s’est essoufflé même si, pour l’exercice en cours, la montée de Renault dans Somaca a soulagé les caisses. Pour 2004, le projet de Loi de finances prévoit 9,8 milliards de DH au titre des recettes de la privatisation. Cette hypothèse s’appuie principalement sur la vente des 16 % de Maroc Telecom à Vivendi qui avait évalué ce paquet à près de 7 milliards en 2002. En clair, rien n’est acquis et ce n’est pas le désengagement de sociétés comme Drapor, Biopharma, Société des Sels de Mohammédia, Sococharbo ou Sonacos prévu en 2004 qui pourra générer suffisamment de cash. Le rapport mentionne qu’une nouvelle liste d’entreprises publiques susceptibles d’être transférées au privé est en cours de préparation, mais reste muet sur la BCP.
Outre la privatisation, le gouvernement a budgétisé 4,8 milliards de DH au titre des revenus de monopole, un poste de recette en baisse de 3 % par rapport à l’exercice en cours eu égard notamment à la disparition de la taxe parafiscale collectée par l’Office national du transport, suite à la libéralisation du secteur. Cette source va toutefois se tarir, une fois tous les joyaux vendus. En ce moment-là, il faudra plus de rigueur pour faire face aux besoins toujours plus importants des EEP budgétivores qui engloutiront pas moins de 10,6 milliards de DH en 2004. Ce qui est loin d’être rassurant car les caisses de l’Etat ont grandement besoin d’être renflouées si l’on ne veut pas aggraver le déficit public…