Affaires
Des coupes sombres pour boucler le budget
Le déficit sera probablement supérieur à 6% n Les ministères budgétivores seront pénalisés.
Le projet de Loi de finances pour 2004 est pratiquement bouclé ; du moins, les budgets des ministères, nous dit-on, sont déjà arrêtés. Le Premier ministre Driss Jettou, dans une démarche inédite, a passé l’essentiel de l’été à discuter avec chaque ministère pour jauger les besoins de chacun et les possibilités de réduire la dépense. Il n’a pas eu besoin de recourir, comme ses prédécesseurs, à la fameuse lettre de cadrage pour fixer les orientations de la Loi de Finances. Il a préféré, à la place d’un «papier» froid, lointain, et parfois objet d’interprétations divergentes, une communication directe, donc plus humaine et, surtout, offrant la possibilité de s’assurer presque de visu de la faisabilité et de l’utilité des projets programmés.
Normal. Vu les engagements pris dans le cadre du dialogue social, le volontarisme du programme gouvernemental et la charge des dépenses incompressibles (comme les salaires), d’une part ; la baisse prévisible de certaines recettes (comme l’IGR, la TVA et les droits de douane), la faiblesse des privatisations attendue en 2004 et une progression du PIB relativement faible après une bonne année 2003 (effet cyclique de la croissance) d’autre part, chaque centime économisé vaut son pesant de…dirham !
L’investissement publique stagne…depuis 1984
Partant de là, quelle sera la configuration de la Loi de finances 2004 ? La réponse, d’une certaine manière, est à chercher dans les contraintes déjà énumérées : une masse salariale de 54 milliards de DH (13 % du PIB), un budget d’investissement de 19 milliards (sensiblement le même depuis une vingtaine d’années), des recettes fiscales dont on prévoit un tassement et une croissance en termes réels de l’ordre de3 %.Que reste-t-il à Jettou pour contenir, dans des limites soutenables, un déficit dont le CMC a déjà prévu qu’il dépasserait les 6 % du PIB en 2004 ? Car, ne l’oublions pas, le Premier ministre, en même temps qu’il a annoncé, lors de son investiture, un programme ambitieux à forte teneur sociale et très volontariste vis-à-vis de l’entreprise marocaine (au travers du programme de mise à niveau), ne perd pas de vue le nécessaire respect des équilibres fondamentaux. C’est tout l’enjeu du budget 2004.
A en croire des fonctionnaires à Rabat, des coupes (qu’on n’ose pas qualifier de sombres) ont été opérées dans les budgets de certains ministères ; les plus budgétivores, semble-t-il.
Cela dit, il n’y a pas de péril en la demeure, loin s’en faut. Si l’on veut appeler les choses autrement, on pourra dire, comme les spécialistes, que l’année 2004 sera celle de la consolidation, ni plus ni moins. Quant au déficit, sujet interminablement polémique, s’il peut servir la relance pour l’année d’après, pourquoi s’en inquiéter outre mesure ?
